archive 2-2007 parlhot
archive 2-2007 parlhot
p a r l h o tdiscussion, medialogue, ideecryptage
catégories
divers (15)
discussion (113)
medialogue (31)
ideecryptage (14)
commentaires
iliketrains (1) - 10/11/2007
radiohead - 08/11/2007
radiohead - 08/11/2007
iliketrains (1) - 08/11/2007
thom yorke (1) - 08/11/2007
présentation
parlhot
pseudo:
sylvain fessoncatégorie:
blogzinedescription:
site d'un journaliste free lance passionné de musique, de médias, mais aussi de livres, de films, tout ce qui véhicule des idées et des émotions fortes. je leurs donne ici ma parole via décryptages de tendances et entretiens fleuves d'artistes.recommander ce blog
lundi 26 février 2007tanger (2)
"quoi devenir ? devenir quoi ?"17 février 2007. 21h. toujours en attente de leur quatrième album, on retrouve tanger sur la scène du triptyque, gonflé d'espoir d'entendre enfin de nouveaux titres à la hauteur des trois épisodes discographiques précédents. revue du trip. on parle fresque. ça commence justement par un morceau qui parle peinture et accessoirement voiture, glandes (lacrymales) et testicules (clin d’œil au cremaster popularisé par matthew barney). c’est "facel vega", un classique issu du premier album. scénarisé comme un court-métrage, il trouve toujours une place de choix dans leurs sets. la relecture qu’ils en donnent ce soir sonne un peu "vieux rock", dixit la pigeonne. le groupe reprend du poil de la bête et rentre vraiment dans le show avec "botox planétaire". très imagé lui aussi (et pour cause, il est question d’annoncer le grand feu d’artifice, l’apocalypse), le sommet introductif de l’amourfol déride tout sur son passage. emmené par un riff monstre tourneboulant sur lui-même et un cut up cinglant sautant du coq à l’âne, il transporte de concert le public et son chanteur. "a kick in the sky / devenir quoi / a kick in the sky / quoi devenir" philippe s'interroge et finit fulguro-poing levé par tempêter en boucle : "ciel total final, fiel total finish" et de clore, biblique : "vous serez sauvés comme à travers le feu. vous serez sauvés comme à travers la fin !" goldorak et rambo stylebon moment pour balancer le rude et véhément : "roulette russe et poing américain". texte parlé-heurté taillé à la serpe et rythmique rock qui roule des mécaniques, ce nouveau morceau c’est du tanger rambo style, qui prend le maquis, mitraille et punch, peintures de guerre à l’appui. "c’est du doors, rétorque la pigeonne. ce morceau reprend la ligne de guitare du l.a. woman des doors. une guitare dont le riff particulier avait pour but de retranscrire la sensation d'une voiture débitant de l’asphalte. la sensation de vitesse des bandes jaunes défliant sous elle." hum, isn’t it pornographic ? tanger plonge alors dans le temps d’avant la mémoire insoluble et en ressort la coquine "ebony". une habituée de la scène celle-là. une exquise fantaisie pop érotisante, très gainsbourg-bashung dans l'esprit. très polnareff aussi. dandy, libertine. déboule "météorites", deuxième nouveauté qu’on reconnaît d’emblée, buzzée qu’elle est depuis quelques jours sur leur myspace, et parce qu’elle avance sur une étonnante mélopée électro-jungle dont les sensuelles dissonances s'inscrivent profondément dans le cerveau. on dirait le bourdonnement d’une immense salle des machines à deux doigts de la surchauffe. des machines qui tiendraient comme le monde par les couilles. le magma entrechoque d'orientales atomes. là-dessus philippe se fait goldorak, jette des phrases platement emphatiques sur une histoire mêlant fin du monde et quête d'amour fou. "on n'évitera pas les météorites / qui pourraient bien un jour nous tomber sur la terre / comme au ciel / donnez-nous encore quelques aujourd'hui / on vous laissera demain." usant et abusant d'une écriture cut up qui cherche l'image à tout prix, il lâche les mots faussement au pif : "la chute de l'empire / la fin des dinosaures / de la tirelire". son loto verbal mime les fulgurances au lieu d'en produire. c’est poussif, maladroit. mais bizarrement (vertu de la musique qui nous les rentre dans le crâne ?) on s’y attache. la troisième nouveauté, sobre, folk, gère une accalmie sur le thème du refus de se réveiller. de ne pas vouloir grandir ? c’est rêveur, naïf, mielleux. le premier rang accroche. bras levés. une quatrième nouveauté surgit : "la fée de la forêt". on hallucine ! c’est quoi ce bin's ? un morceau télétubbies pour triper sous champi ? tanger la joue lewis caroll grand guignol avec cette scie techno-rock totale perchée, genre billy ze kick "mangez-moi". schtroumpfalors, c’est à n’y rien comprendre ! surtout qu’on marche. philippe chante avec une bouille de psilo smilant jusqu’au ciel et on le suit bras dessus bras dessous dans sa mélodie de grande fête elfique. l’ambiance est plus chaude qu’à la frigide scène bastille. il en profite : "allez dire à l’industrie du disque qu’on attend qu’elle dessaoule" forêt, ciel et baisele groupe poursuit son trip hippie-psyché avec "chrysler", une reprise seventies du méconnu dashiell hedayat qui va comme un gant à tanger. sex-symbol déjanté, maison bleue sur essieu, cette chrysler "rose" leur en fait voir de toutes les couleurs – forêt, ciel, baise – et philippe l'étreint avec fougue, exulte : "j’ai une chrysler au fond de la cour, elle ne peut plus rouler mais c’est là où je fais l’amour". elle rouille, amasse la mousse, "deux de ses roues sont voilées", sa "capote est déchirée", elle est "salement défoncée. mais on est tous défoncés !" et ça décolle. retour en terrain calme et connu avec l'élégantissime slow qu'est "barfleur". il tangue à merveille sur sa langue de velours, même s'il est joué plus sombre qu'à l'accoutumée. suit une reprise surprise avec nana bonaparts, la nana des bonaparts (groupe qui a assuré la première partie). à quoi voit-on que tanger fait mouche ? on ne distingue presque pas ses covers de ses propres morceaux. tout fait bien corps. comme d’un même délire, d’une même époque. cinquième nouveau morceau : un rock dopé d’un beat techno, qui ne prend pas trop. philippe s’en rend compte. "c’est nouveau pour nous. on est un peu confus, on avoue." autre sommet de l’amourfol, "nuit de rêve" n'est pas des morceaux qui pâlissent une fois sur scène. rock, funk, opiacé, powerful, celui-ci semble taillé pour. ce soir, les honneurs sont pour lui. il s'irise et le finish est grandiose, la trompette se mêle au maelström incantatoire et tectonique des autres instruments. libéré de tout chant, philippe n’a plus qu’à danser drapé dans ce sublime cataclysme. il improvise, rap : "get yourself connected / the writing’s on the wall / but if your mind’s neglected / stumble you might fall", des paroles qui nous sont familières bien que la référence nous échappe (renseignement pris, il s’agit de "connected", tube de 1993 des stereo mc’s). la musique continue d’enfler dans tous les sens, d'étendre ses ramifications qui pourraient donner lieu – on imagine – à toutes les connections, toutes les improvisations possibles. tout cela shoote si haut que sur notre petit nuage l'inquiétude nous rattrape par le col : comment le prochain album va-t-il pouvoir rivaliser avec de telles prouesses ?a kick in the skyrappel. tanger livre un inédit : un instru de pure transe orientale à base de percus frénétiques. elles soufflent sur les braises sur lesquelles repose le groupe, exhument ses fondations et fantômes, ce foisonnant métissage africain-free-jazz qu'il avait embrassé en 1995 en rencontrant au maroc the master musicians of joujouka, et qu’il a depuis 2000 quelque peu remisé au placard. s’en suit un morceau "à la mémoire d'alice coltrane parti il n’y a pas longtemps". c’est "l’immodeste attitude", fantastique morceau de leurs débuts justement. toujours repris sur scène, il n’en finit pas de se bonifier. ce soir, c’est l’extase. comme pour "nuit de rêve", "l'immodeste attitude" s'envole, se passe quasiment de paroles. philippe n'est plus que ce petit homme perdu au centre de la scène ébahis par le raffut de ses petits camarades. il se laisse aller, danse, lance ses bras au ciel, comme s'il sculptait cette montagne d’influences et de fantômes qui trônent au-dessus de leurs têtes. comme s’ils étaient là "ingrid caven, gilbert lely, miles davis, alan vega... alain bashung, jacques vaché, chan marshall, jean-jacques schuhl, john coltrane… leonard cohen, antonin artaud, johnny cash… beth gibbons, jean eustache, fred poulet... friedrich-wilhelm murna... sébastien tellier... ennio morricone, manuel joseph… gilles tordjman, john cale, radiohead, serge gainsbourg, scott walker... nico... brian jones... jean-louis murat, pascal quignard, matthew barney, ray davies… robert wyatt, pierre michon, ian brown... sun ra... sylvia kristel, gaspard noé... rodolphe burger, hunter s.thompson, patrick dewaere, balthus... david sylvian, john barry", tous ces gens – et j'en passe – qu'il adore et dont il revendique l'influence. ils sont tous là et il les brasse, les distille, s'en détache. toute cette mémoire insoluble, il essaie d'y donner l'ultime "kick in the sky" pour y percer le détroit secret qui le mènera au cœur, éclair de l’amourfol. mais c'est christophe – héro de la soirée – qui porte l'estocade. au moment où le morceau s'apprête à basculer en s'accélérerant au son d'une féria, il plante un long solo psychopathe – véritable coup de marteau piqueur – qui terrorise le public de la tête aux pieds. c'est une minute de pur génie. et de sauvagerie. un instant d'éternité dont on ressort littéralement sonné. les lumière se racontent. comment raconter ça aux copains qui sont restés côté bar à deviser de tout et de rien, et à la pigeonne parti les rejoindre à mi-course ?publié par sylvain fesson dans: discussionajouter un commentaire
commentaire(0) recommander
mercredi 21 février 2007tanger (1)
"quoi devenir ? devenir quoi ?"17 février 2007. 21h. toujours en attente de leur quatrième album, on retrouve tanger (myspace) sur la scène du triptyque, gonflé d'espoir d'entendre enfin de nouveaux titres à la hauteur des trois épisodes discographiques précédents. revue des troupes."j'aime bien cette salle. ce n'est pas très grand, le son n'est pas génial, mais il y a toujours une bonne ambiance. on se dit que ça devait être comme ça dans les années 70. même si ce n'est pas la même population." pas tort, la pigeonne, qui nous accompagne ce soir. au triptyque, tout le monde s'échine à reproduire l'émulation de ces années-là (les années punks), quand le rock débarquait enfin dans l'hexagone, sauvage et lettré à la taxi girl. ici tout le monde s’agite, comme s'il se passait quelque chose. comme s'il se passait autre chose que ce simulacre de voir les vieilles gloires d’une époque révolue (darc, eudeline, delaney blue) et des teenagers avides d’y frotter leurs ailes pour gagner en rock-credibility. comme si le rock drivait encore l'époque, ils sont tous là, échappés de leurs myspace, prisonniers d’un faux rêve, tous là à faire du stop, en rétropédalage, avec leurs fringues millésimes-élimées, leurs coupes effets minets et leurs envies d’être eux-mêmes, comme tout le monde. ils désirent qu'on les embarque, le quart d'heure de célébrité à la starac. alors "pas la même population" ? un peu si. des wannabe. moins classes qu'il y a 30 ans, c'est sûr, moins faiseurs d'époque que suiveurs, mais wannabe tout de même. poissons dans l'aquarium, en quête de mythe et d’âme-son. rock poétique et poésie rockce soir, point de naast et de plasticines. ce soir c'est revival avec des vieux, des vrais. on est venu se montrer en allant voir tanger, un groupe qui depuis treize ans nous la fait à l'envers, en la jouant rock 70's à fond. un groupe qui depuis treize ans slalome tant bien que mal entre les requins de l'industrie du disque et nous délivre tous les deux-trois ans des albums hors course. un rock comme peu osent encore le faire. c'est-à-dire un rock jazz, blues, psyché, beat. le rock ouvert des débuts. celui de la route, l’aventure. celui qui parle toutes les langues. celles de rimbaudelaire, de kerouac, des doors, gainsbourg et bashung. un rock dans tous ses états qui s’abreuve de mots autant que d’images, de sons autant que d’odeurs, de dentelles et d’orages. et qui repart tête barrée, le cœur fourmillant de bottes de sept lieux. qui s'en va essayer de faire jaillir en son sein un rock poétique et une poésie rock de l'ordre de la transe. tanger rêve à ce genre de saintes terres, de lumière. d'où son nom, qui renvoie à cette ville du nord du maroc où s'est achevé le rêve de la beat génération et à une toile de matisse où le peintre avait particulièrement bien cerné le chatoiement du soleil tangérois. voilà comment j'aimerais décrire tanger et sa musique si je devais emmener des amis novices à un de leur concert et leur donner tant que possible un peu l'eau à la bouche. (ce serait plus judicieux qu’essayer de leur faire comprendre pourquoi tanger est précieux et occupe une place importante, bien qu'étroite et insaisissable, quelque part aux côtés de noir désir dans le paysage rock français.) et voilà en mieux ce que j’ai dit il n'y a pas plus tard que deux secondes. car je ne suis pas seul à ce concert au triptyque, mais accompagné d'une tripotée d’amis qui ne connaissent rien de tanger. ça ne les convaincra pas. dès les premières secondes, ils décréteront que ce n'est pas leur truc. car oui, tanger est un groupe comme ça aussi : on aime ou on déteste, mais on ne reste pas froid. mousquetaires du rock lettrél’introduction faite – un long instrumental punchy –, philippe pigeard entre en scène, rejoint ses camarades. si mes amis étaient encore auprès de moi à ce moment-là et non déjà côté bar à siffler des bières, je leur ferai les présentations. je leur dirai : "alors tu vois philippe, c’est le petit brun qui s’agite au centre, avec son petit nez de feuj, ses favoris artisto-rockab et sa chemise noire ouverte sur quelques poils et une chaîne en or. c’est l’instigateur du groupe. le poète qui voulait se faire aussi gros que le bœuf. écrire hors des feuilles, vivre "la grande vie". alors il n'a pas trouvé mieux qu'essayer de s’entourer de musiciens. comme on dit plus communément, il tente de monter un groupe. il créé tanger une première fois en 1994 et une seconde fois en 1995 en rencontrant christophe van huffel. christophe, c’est le type à gauche qui affiche une mine patibulaire de tolar ou de tox. avec sa coupe à la brosse, son regard bleu possédé fixé droit dans le vide et sa vierge marie tatouée à l’emplacement du cœur, tu le verrais ailleurs que sur scène, tu flipperais. mais là tu tripes. parce que lui c'est le guitariste et qu'il déchire guitare en main. alors sa bonhomie de char panzer qui fonce avec l'abnégation d'un croisé, tu la prends comme une bénédiction. christophe, c'est l’alter ego purement rock’n’roll de philippe. sa centrale nucléaire. pas de leader entre les mots de l’un et les riffs de l’autre, mais deux armes pour une même vision du rock. d’où la renaissance du groupe quand le duo a pris corps. un duo qui a fait le vide autour de lui et rouler sa bosse en partant à tanger avant d'accepter une tierce personne à son retour à paris. cette personne c'est didier perrin. didier c’est le type à droite qui porte la barbichette et le sourcil fourchu. il tient la basse. chacun à leur poste avec un charisme qui leur est propre et se complète à merveille, c’est trois types-là sont une sorte de triplé aussi gagnant qu’incongru. genre trois mousquetaires, des chevaliers du rock lettré. derrière, un batteur et un saxophoniste les épaulent, sans quoi on obtiendrait pas la puissance sonore si particulière – de l’ordre de la transe vous ai-je dit – de tanger. mais eux je ne connais pas leur nom." tanger, longue l'attentece soir, seul, carnet en main, je suis en attente de quelque chose. j'attends qu’une mayonnaise prenne sur scène. une mayonnaise de l'ordre de l'amourfol, leur dernier album. car si tanger est couronné d’un style et d’une discographie sans faille : la mémoire insoluble (1998), le détroit (2000) et l'amourfol donc (2003), sans compter leur mini-album éponyme de 1997 et leur album live de 1999, aujourd'hui il se retrouve à la rue, sans label, et à mon humble avis leurs derniers soubresauts scéniques n'ont pas dévoilé un groupe à la hauteur de ce qu'il a pu être. si je relève notamment l'amourfol, c’est parce que j’ai eu la chance d’interviewer philippe pigeard à la sortie de cet album et qu'à cette époque tanger était au top. avec ce disque présenté comme un album de "music hall", tanger montrait qu’il pouvait tailler sa toison jazz-orientale sans perdre sa force. bien au contraire, on sentait philippe et ses sbires ragaillardis comme jamais après cette petite coupe et cela nous avait par exemple valu un concert d’anthologie à la maison de la radio. le groupe avait donné une sensation de toute puissance avec ces nouveaux morceaux. il jouait au "petit soldat" et, s’abandonnant sur scène à l’ivresse sonore du groupe, philippe avait l’air d’un roi. or leur dernier concert m’a laissé beaucoup plus perplexe. c’était à la scène bastille, en septembre 2005. ce n’était pas bon du tout. oui, j'ai trouvé que tanger pédalait total dans la semoule. rien dans les nouveaux morceaux ne dessinait une ligne claire et forte, ça partait dans tous les sens en balbutiant dans de louches territoires. j'avais presque honte de les voir faire les gros bras en tentant des brûlots techno-rock, quand ce n'était pas des balades humanistes cucul la praline digne d’un sous robert miles attifées de paroles sur l'amour et l'environnement restant au ras des pâquerettes. le roi s'était montré nu. perdant le lieu et la formule. j'en avais touché mot à philippe lui-même, que j'avais croisé plus tard au triptyque, pour le concert de patrick eudeline et de ses beaux gosses.la tentation du grotesquemais silence radio sur toutes les questions qui m'agitaient vraiment : est-ce la fin d'une trilogie ? le début d'un nouveau chapitre ? tanger a-t-il encore quelque chose à offrir ? l’aventure a-t-elle fait son temps ? le temps son œuvre ? laissant tanger, vieilli, se parodier lui-même, tournant en boucle, à vide, dans feu l’adn de nos hallucinogènes ? ces mythologies rock, poétiques et cinématographiques qui, alchimisées, avaient fait sa superbe ? ce n'était pas l'endroit ni le moment de lui dire tout ça. fichu concert. mais je ne m'étais pas formalisé pour autant. tanger avait eu au moins le mérite d’oser montrer live le fruit de ses recherches, pour repartir de plus belle sur de plus saines bases. je ne m’étais pas formalisé car, qui sait, ces premières moutures allaient peut-être donner par la suite de nouveaux morceaux de bravoures. car on ne sait jamais à quoi s'attendre avec tanger, quelle direction ils vont prendre et quel concept ils vont dénicher. ça c'est leur secret de cuisine et ça peut prendre du temps, le temps qu'il faut, le temps justement de tenir vraiment quelque chose, d'avoir assez flâné, cherché, testé, jeté et gardé pour faire un disque qui ne soit pas qu’un simple enchaînement de chansons déjà vues, mais un vrai voyage, consistant, qui raconte une histoire avec sa forme propre. et pour trouver cette forme, il faut éclater, manipuler la matière. sur scène, lieu privilégié pour l’expérimentation, tanger aime donc livrer une totale relecture de ses chansons, d’autant plus mouvantes et instables qu'elles se risquent au grotesque – à la folie des grandeurs – pour tenter le coup de maître, et hisser leur pop au statut de grande fresque. impossible alors de savoir si ce silence discographique long de quatre ans va être bénéfique au nouvel album prévu pour 2007. mais ce soir, après tout ce chemin, si prêt du but, on est en droit d’attendre une copie scénique qui lève tous les doutes qui nous déboussolent. publié par sylvain fesson dans: discussionajouter un commentaire
commentaire(3) recommander
mardi 13 février 2007germain huby (2)
décode à plein tube (cathodique) parce qu'on en a une et qu'on ne la regarde pas qu'avec les yeux de l'amour, on croit bien la connaître. mais il suffit qu'un autre la regarde et nous parle d'elle en toute simplicité pour qu'elle nous semble d'un coup étrangère, presque inhumaine, et qu'éclate au grand jour son dangereux pouvoir de séduction. elle, c'est la télé. lui, germain huby. tous les samedis à 12h35 sur canal ce mystérieux personnage s'agite deux minutes chrono dans un curieux programme. son titre ? germain fait sa télé. son but ? nous montrer le petit écran sous un nouvel angle. au téléphone germain nous parle donc télé, bêtise et philo aussi. "je joue un bouffon qui est monsieur tout-le-monde"
"il ne faut pas vouloir transmettre à tout prix des idées aux gens"
le message de ton programme, qui n’est pas lisible dans un premier sens de lecture, est donc très sérieux. pourquoi avoir alors choisi une mise en forme très bête ? alors je ne pense pas qu’on puisse dire qu’elle est bête. mais comme je veux créer un décalage assez fort avec la télévision, je l’ai ramené sur l’ordre du quotidien. c’est-à-dire que ce personnage, il est dans des actions banales. dans les premiers épisodes, c’était surtout ça. on le voit par exemple éplucher des carottes. il montre que les gens font autre chose que regarder la télé quand ils sont devant leur poste. ils l’écoutent plus qu’ils ne la regardent en fait, car ils sont occupés à autre chose. voilà, je montre ce que sont en train de faire les gens quand ils regardent la télévision. et du coup, je mets l’accent sur le son. c’est-à-dire que le pouvoir de séduction de la télé, c’est l’image, et les messages cachés passent par le son justement. et à partir du moment où on met la bande son en relief, là on commence à entendre des choses. c’est pour ça qu’après oui, j’ai effectivement un côté un peu bête, de plus en plus d’ailleurs, parce que maintenant que je suis sur du deux minutes je dois aussi remplir l’image. je détourne un peu cette bande son et je la rejoue différemment pour accentuer justement certains mots, certains comportements, certaines habitudes. donc je ne peux pas dire que ce soit de la bêtise, mais je joue un personnage un peu loufoque, enfantin. on pourrait dire de lui qu’il est un peu stupide. un peu bouffon ? oui, un peu bouffon. il est un peu tout le monde à la fois. alors il peut être grave aussi. c’est-à-dire qu’il se juge en même temps. car étant donné que j’endosse tous les rôles, si un personnage dit un truc affreux, je vais en faire intervenir un autre qui d’un seul coup montre qu’il est consterné par ce qu’il vient d’entendre. donc finalement ces personnages montrent un petit peu tous les états que nous on a. parce que justement, je ne suis pas dans l’idée qu’il y a un spectateur abruti. et ce n’est parce que je fais du deux minutes que je vais sortir mon bâton pour faire la morale aux gens. c’est ce que je disais : ton message n’est pas dans le premier degré de lecture. non, il y a d’abord la forme humoristique, et puis derrière comme tu le disais une forme un peu pédagogique. c’est-à-dire qu’il y a les gens qui de toute façon ne verront rien de ce que je veux vraiment dire parce qu’ils ne sont pas disponibles à ce moment-là. parce qu’on veut absolument cultiver les gens, les faire réfléchir mais ce n’est pas une obligation, pour faire ça il faut aussi que les gens soient disponibles. on est dans une société où quand matériellement ça ne suit pas, on ne se rend pas disponible à la culture, à l’art et c’est complètement compréhensible. je ne suis pas dans cette logique de dire : "il faut cultiver les gens, il faut les rendre intelligent". non : si tu n’as rien à bouffer, que tu n’as pas de boulot, qu’est-ce qu’on a envie de te rendre intelligent ? il y a même du mépris à penser que cette personne n’est pas intelligente. enfin voilà, on est chacun les uns à côtés des autres et il n’y a pas pour moi de france d’en haut ou de france d’en bas. il y a juste ceux qui en profitent bien et ceux qui du coup rament. mais ce n’est pas pour ça qu’il faut dire que ceux qui n’ont pas de pognon sont les idiots. dans la communication, c’est ce qu’on essaie de nous faire croire : quand on est riche on est heureux et quand on a rien on est malheureux. non, justement, il faut aussi dire aux gens : "quand on n’a pas grand-chose on peut sûrement être beaucoup plus heureux parce qu’on a d’autres valeurs." mais ne penses-tu pas que les personnages que tu agites attirent plus le spectateur sur le délire de l’image que sur ta critique subliminale de la télévision ? n’y a-t-il pas là déjà comme une contre-performance ? le fait que tu me poses la question veut dire que c’est ce que tu ressens. bon, il peut y avoir des épisodes moins réussis que d’autres, mais je suis quand même dans l’idée que le fait de rejouer cette bande son différemment permet d’un coup de prendre conscience de ce qu’on entend. je veux dire que moi les gens quand ils me rencontrent ou qu’ils m’écrivent, ils me disent : "on avait conscience que la télé c’était bête, mais pas à ce point là." tu reçois beaucoup de réactions de téléspectateurs à propos de ton programme ? oui, par internet, sur le site de canal+, ou par des gens qui me croisent dans la rue et qui ont envie de parler de ça. donc, j’allais dire, j’ai un peu réussi quand les gens me disent : "je pensais que c’était comme ça, mais pas à ce point là !" ou "votre émission m’a permis de voir les choses sous un nouvel angle, d’entendre un discours que je ne soupçonnais pas." en général les gens comprennent donc où vous voulez en venir ? oui et puis il y a des gens qui disent : "voilà, c’était drôle." je pense que c’est des gens qui prennent plutôt ça au premier degré. mais ce n’est pas grave, ces gens-là en parleront peut-être avec d’autres. parce que je crois qu’il ne faut pas impérativement convaincre les gens, qu’il ne faut pas absolument vouloir leur faire passer des idées. parce que ça je pense que c’est aussi une erreur. donc je prends la forme de l’humour… c’est un levier ? voilà, le terme est bien employé. c’est une façon de secouer les gens, de les éveiller, et s’ils ont envie de prendre, si à ce moment-là ça leur parle parce qu’ils sont prêt à réfléchir et bien là je leur donne quelque chose et ils le prennent. mais il faut être clair, il y a des gens qui ne comprennent rien à ce que je fais ! quelles sont les réactions de ces gens qui ne te comprennent pas ? certains de ces gens ne regardent pas la télévision. parce que pour comprendre germain fait sa télé, il faut déjà être un consommateur de télévision. or ces gens-là ont plus tendance à sélectionner leurs émissions, à ne pas tomber justement dans tout ce qui est divertissement, télé réalité, talk show, etc. ce sont des gens qui vont de temps en temps regarder la télévision mais pour y voir un documentaire, un peu de sport, un film, etc. alors d’un coup, s’ils tombent sur mon émission, alors ils voient que ça s’agite, évidemment ils voient que ça peut être drôle, mais ils ne savent pas forcément quel est le référent. alors des fois je pense que ce n’est pas la peine de connaître le référent, on peut comprendre par ce qui est dit, mais, j’allais dire, tant mieux si certains ne comprennent pas. parce que je ne fais pas dans ce que j’appelle l’universal. on n’est pas dans quelque chose qui doit être absolument rentable, reconnu de tout le monde, compris de tout le monde. parce qu’au moment où on a envie que tout le monde puisse comprendre on essaie de faire un truc universel et du coup on commence à appauvrir le travail. donc, j’allais dire, vu comme ça c’est peut-être que mon programme ne dure que deux minutes parce que les gens que ça n’accrochent pas au moins on ne leur impose pas un gros truc. bon, en même temps, les gens peuvent zapper. ces gens qui ont une utilisation plus raisonnée de la télévision, ne te reprochent-ils pas de critiquer la télé alors qui tu joues le jeu d’être dans la télé ? non, ça ne va pas aussi loin. mais toi, si tu le penses, dis moi. j’ai cette objection mi bourdieu mi marshall macluhan qui me vient à l'esprit : le medium étant le message, parole et pensées à la télé sont toujours parasitées par le dispositif télévisuel. en effet, bourdieu est quelqu’un qui a posé la question de savoir si on peut critiquer la télévision à la télévision. toi, tu en penses quoi ? qu’on peut le faire mais qu’on est quand même obligé de s’adapter à cette télé. je comprends ta question, qui est : "peut-on bien tout lire dans ce que je fais ?" justement, non. parce que si je dis les choses directement je risque justement de sortir du cadre de la télé, qui implique une certaine stupidité. il faut donc jouer avec subtilité de cette stupidité pour dire des choses derrière. c’est peut-être ça l’esprit canal : être dans cette espèce de frontière qui permet d’y être tout en critiquant. publié par sylvain fesson dans: medialogueajouter un commentaire
commentaire(1) recommander
lundi 12 février 2007germain huby (1)
décode à plein tube (cathodique)parce qu'on en a une et qu'on ne la regarde pas qu'avec les yeux de l'amour, on croit bien la connaître. mais il suffit qu'un autre la regarde et nous parle d'elle en toute simplicité pour qu'elle nous semble d'un coup étrangère, presque inhumaine, et qu'éclate au grand jour son dangereux pouvoir de séduction. elle, c'est la télé. lui, germain huby. tous les samedis à 12h35 sur canal ce mystérieux personnage s'agite deux minutes chrono dans un curieux programme. son titre ? germain fait sa télé. son but ? nous montrer le petit écran sous un nouvel angle. au téléphone germain nous parle donc télé, bêtise et philosophie."un regard d'artiste sur la bêtise télévisuelle""j’ai longtemps pensé que le spectateur était faible"
bonjour germain huby. première question : qui es-tu, d'où viens-tu ? je suis plasticien, vidéaste. je suis né à auxerre, il y a 32 ans, et j’ai fait des études d’art dans une école nationale d’art à dijon et voilà, maintenant je suis artiste. alors je dis maintenant mais ça fait plus de dix ans que je le suis. je ne me situe donc pas comme un comédien ou un humoriste. ce que je fais c’est d’abord un travail de plasticien vidéaste qui a, à un moment, un regard sur le phénomène télévisuel. ce que je fais n’est pas une commande de la télévision. c’est un thème que je traitais déjà en tant qu’artiste. et j’allais dire : ce qui est intéressant, c’est que je suis un artiste qui est diffusé en télé. ça on ne le comprend pas ou on ne l’accepte pas forcément. j’allais dire : ça va dépendre de qui pose la question, de qui regarde. les gens qui veulent me voir comme un humoriste me voient comme un humoriste, et les gens qui s’y connaissent peut-être plus en art contemporain voient la réflexion et la démarche qu’il y a là-dedans. ce n’est pas bien grave d’ailleurs. quand t'es-tu intéressé au phénomène télévisuel et pour en dire quoi ?dans mon travail artistique, je me posais déjà la question de la place du spectateur dans l’œuvre. donc je m’inscris un peu dans la lignée de certains vidéastes qui permettent au spectateur d’expérimenter l’œuvre par le biais d’installations vidéo interactives. j’ai donc d’abord démarré par de l’installation vidéo. et puis je me suis intéressé à la télé parce que c’est peut-être plus insidieux mais je me suis rendu compte qu’elle donnait aussi une place au spectateur. devant notre écran on est dans l’écran. surtout aujourd’hui avec la télé réalité. donc j’ai tiré un peu cette ficelle. et j’allais dire : mon travail c’est donc de porter ce regard sur notre société mais à grande échelle, en n’étant plus seulement dans l’art. je fais germain fait sa télé dans ma maison et chacun peut s’y retrouver. a ce propos, j’ai souvent cette phrase : le quotidien de chacun est inscrit dans le quotidien du monde. dans germain fait sa télé tu t'inscris toi-même en tant que spectateur de ta propre œuvre car tu incarnes une multitude de spectateurs lambda.oui, j’aime bien l’idée que finalement ce personnage que j’ai créé est un spectateur. derrière il y a l’envie que le spectateur qui regarde germain fait sa télé s’identifie aussi à ce personnage. c’est pour ça d’ailleurs que dans son concept même ce programme devait être fait à la maison. il ne fallait pas travailler en studio. canal me l’a proposé, gentiment d’ailleurs, mais je voulais le faire chez moi. je le faisais déjà comme ça sur arte dans l’émission die nacht, présentée par paul ouazan et produite par l’atelier de recherche d'arte france (toujours à l'antenne les mardis de chaque mois aux alentours de minuit). ça a duré de 2000 à 2002. ça démarré comme ça. j’ai d’abord fait un épisode et paul ouazan m’a invité à décliner un peu ce premier épisode que j’appelle maintenant l’épisode 0.c’était exactement ce qu’on peut voir aujourd’hui sur canal ?oui, sauf que ce n’est pas moi qui jouais. c’était un personnage que je faisais jouer et qui rejouait, par exemple, les feux de l’amour en play-back. le décalage visuel doit montrer un peu la stupidité des dialogues. en tout cas le décalage avec la réalité.comment le programme s’est-il retrouvé sur canal ? tu les as démarché ?non, mais je n'avais pas non plus démarché arte. la rencontre s'était faite durant un festival. pareil pour canal. durant un festival, arielle saracco, la directrice des programmes m'a découvert, en repérant un article sur moi dans technikart. ce qui est assez courageux c’est que canal assume l’idée que je sois artiste et pas forcément humoriste, même si à mon avis ce n’est pas forcément ce qui est mis en avant. parce qu’il ne faut pas non plus faire peur aux gens.
ce que tu dépeins-là c’est typiquement "l’esprit canal", c’est-à-dire cette bêtise cultivée, ce mélange d’art et d’humour, d’imbécillité. tu t'inscris dans cette tradition ?oui, bien sûr. de toute façon, à partir du moment où on commence à entrer en télévision et où, j’allais dire, il y a un support, un média, on épouse son rythme, ses publicités, son type de fonctionnement. a un moment il faut donc prendre une forme qui s’inscrive dans la télévision, parce que derrière il y a un public télévisé. contrairement à arte, canal est une chaîne privée.concrètement, quels impacts cela a-t-il eu sur ton programme initial ?a l’époque d’arte, je faisais un programme par mois pour arte. canal m’a simplement demandé si j’étais prêt à en faire un par semaine pour être à l’antenne tous les samedis. au départ, en 2005 donc, j’avais un programme calibré à trois minutes trente et on s’est rendu compte qu’en trois minutes trente on ne pouvait pas vraiment développer une grosse réflexion et qu’il valait donc mieux faire quelque chose de plus court. depuis la rentrée 2006, je suis donc sur du deux minutes. et je pense que ce type de programme court fonctionne mieux sur du deux minutes. depuis ce rythme hebdomadaire j'imagine que tu es devenu téléphage. n’est-ce pas un peu schizo pour quelqu'un qui critique la télé ?là on va aborder plus concrètement le thème de la bêtise. disons que les choix que je fais mettent en avant une certaine forme de bêtise. la bêtise à la télévision a une forme, elle est repérable. donc, j’allais dire, ma première façon de sélectionner les programmes c’est souvent de regarder le titre des émissions. (je fais bien attention à mes mots, parce qu’il n’y a là aucun mépris vis-à-vis du spectateur.) mais disons que les titres des programmes sont déjà un petit peu racoleur.les titres des programmes sont déjà tout un programme.quand on regarde au secours, mon chien fait la loi, les experts ou super nanny, on sait exactement où on est. et puis après, j’allais dire, je choisi en zappant. la télévision fonctionne un peu comme fonctionne les papillons avec la lumière. c’est-à-dire qu’on attend un peu du spectateur qu’il se laisse avoir, parce qu’il est fatigué, parce qu’il est plus disponible… on se rappelle un peu de la phrase de patrick le lay sur le temps de cerveau disponible vendu à coca. et bien ce temps de cerveau disponible est visible à la télévision. c’est souvent des émissions qui ont des grands décors, où l’on met beaucoup d’énergie et de moyens dans la forme, on vous met dans un contenant. c’est un peu comme une grande surface : le fruit ou le légume qui ne présente pas bien, on n’en veut pas. mais par contre, s’il est emballé, s’il y a bien une belle photo dessus, on a beau voir que le produit à l’intérieur ne ressemble pas à la photo, et bien on est quand même séduit par la photo.c’est le piège de la fameuse "suggestion de présentation".exactement. et du coup, ces émissions ont cette forme : les dispositifs de plateau n’ont parfois rien à voir avec leur contenu. je pense par exemple à l’émission de julien courbet. il se pose un peu en justicier et son décor n’a rien à voir. on a une espèce de lumière de boite de nuit, une espèce de hologramme qui se promène dans le fond. ce sont des éléments qui nous attirent visuellement, parce qu’on est dans un espèce de pouvoir de séduction par l’image qui fonctionne très bien. de plus, ces plateaux sont très grands. c’est-à-dire qu’il y a une espèce d’opulence, par le biais de laquelle on veut montrer un peu son importance. (attention à la manière dont tu vas employer les mots.) mais plus c’est bête, moins il y a de réflexion, plus le plateau est grand. a l’inverse, plus on va être dans la réflexion, plus les plateaux vont être petits, et moins il y aura de couleur, de lumière, parce qu’on va privilégier la parole. il faut que le discours soit entendu et pas parasité par des images. mais les émissions à grands plateaux ont elles des montages très cadencés pour vite passer d’un sujet à l’autre, parce qu’on a peur d’ennuyer le spectateur, et il y a beaucoup de bruits, de jingles pour le maintenir captif.d’ailleurs de cette télé tu n'en gardes que le son pour faire ta télé. oui. d’ailleurs regarde le public, on lui demande de se manifester, de crier. c’est sidérant. a chaque fois que l’animateur lance une pub les gens font : "ouuuuuais !!!" c’est bestial. c’est comme si, d’un coup, il y avait une sorte de grand défoulement, qu'il fallait être là à ce moment-là. mais le plus étonnant c'est la simple présence du public dans ces émissions. car en fait ce public c’est un peu la continuité de notre chez nous. c’est-à-dire que eux c’est nous. eux assis là-bas dans l’écran c’est nous assis ici chez nous. la plupart du temps, dans les émissions qui tablent plus sur de l’information il n’y a pas de public, ou s’il y a du public, on ne le voit pas. mais quand il y a le public et qu’il se manifeste comme ça, on est un peu dans les jeux du cirque. donc voilà, c’est comme ça que je sélectionne les émissions que vais détourner dans mon programme. c’est-à-dire que je suis aussi spectateur. je ne suis pas au-dessus des autres. j’ai peut-être juste un peu plus de recul parce que je vois comment on peut être conditionné.
derrière ta critique décalée de la télévision, y a-t-il l’envie d’éduquer les gens au décryptage des images ?
oui. parce que si j’allume ma télé alors que je suis fatigué ou que je n’ai pas envie de réfléchir moi aussi je vais aller vers ce genre d’émissions. ça, on en n’a pas encore parlé mais ça touche à ce que j’appelle l’exploitation que font les médias. parce que la télévision a quand même une fin marchande aujourd’hui. elle est là pour nous vendre quelque chose. il y a des moments où sous prétexte qu’on divertit les gens, on est là pour essayer de leur refiler le maximum de marchandises. cette exploitation ne se fait pas uniquement pendant les coupures pub, elle se fait aussi et surtout dans les émissions de talk shows où les invités sont en promo et viennent vendre leurs disques, etc. que le disque soit bien ou pas, n’est pas le propos. ce qui m’intéresse c’est la forme, cette mécanique du conditionnement. et ce qu’on voit c’est qu’il n’y a plus de coupures pub, puisque les émissions font elles-mêmes de la pub. on est dans la pub perpétuelle, donc dans un espace marchand. et pourquoi le spectateur vient voir ce genre d’émissions ? j’ai longtemps pensé que le spectateur était faible. on est tous des humains et on a nos faiblesses, on a des envies, on a des craintes. et la télé exploite ça aussi. on le voit bien, tous les programmes comme star académie fonctionnent sur l’envie de réussir, l’envie d’être reconnu, l’envie d’être aimé. tous ces jeunes qui vont se présenter aux castings, c’est parce qu’ils ont envie d’avoir cette sorte de reconnaissance. on est à nouveau dans la forme. c’est-à-dire qu’ils n’y vont pas vraiment parce qu’ils ont des choses à dire ou à chanter, mais plutôt pour accéder à une certaine apparence. parce qu’on est dans le côté people, dans l’image glamour, dans le côté bonheur. ils veulent être comme ces gens qu’on voit dans les magazines. et ce n’est pas du contenu ça, c’est de l’apparence. c’est pour ça que c’est dangereux.
ton programme critique donc les dérives de l’outil télévisuel ?
les dérives de ceux qui font la télévision, ceux qui sont dans un vice, dans le système, qui savent exactement ce qu’ils manipulent. il n’y a pas d’ambiguïté. d’ailleurs, on voit que certains animateurs de certaines chaînes un peu publiques, populaires, vont aussi sur des chaînes du câble, j’allais dire, pour sauver leur bonne conscience, faire des émissions beaucoup plus respectables. c’est une façon un peu de se racheter. quand on voit arthur qui d’un seul coup a besoin lui aussi de s’exhiber en tant qu’artiste c’est qu’il a besoin de se racheter de quelque chose. ça prouve que ces gens-là ont conscience de ce qu’ils font.
publié par sylvain fesson dans: medialogueajouter un commentaire
commentaire(0) recommander
articles récents
iliketrains (1)
the wedding present (1)
alain dister (2)
alain dister (1)
radiohead
the gossip
thom yorke (1)
m83 (2)
m83 (1)
syd matters (3)
liste complète
recherche
archives
novembre 2007
octobre 2007
septembre 2007
août 2007
juillet 2007
juin 2007
mai 2007
avril 2007
mars 2007
février 2007
janvier 2007
décembre 2006
novembre 2006
octobre 2006
septembre 2006
août 2006
juillet 2006
juin 2006
mai 2006
avril 2006
mars 2006
février 2006
liens
ricky hollywood (musicien pop français)
la pigeonne (journaliste blogeuse)
rock music & co (journaliste blogueuse)
bellegarde (groupe pop français)
helter skelter (site d'une radio indé 80's-90's)
emorageimagazine (webzine rock-indé)
leibniz était un mec trop cool (blogeur métaphysique du rock)
smashing pumpkins 2007 (super site d'un fan du groupe)
tox (blogueur rock, ciné, société)
pas plus haut que le bord (blog musical de bertrand dicale)
gonzaï (rockzine gonzo)
bruit qui pense (blog musical)
la p'tite maison (cabinet de curiosités sonores)
expressway (très bon webzine rock)
blog technologies sur over-blog.com - contact -
c.g.u. - rémunération en droits d'auteur avec tf1 network - signaler un abus
Acceuil
suivante
archive 2-2007 parlhot Alphengor sur gayattitude.com Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et ... ACB 54 > Le rapport Stasi - version intégrale Viva la multiculturidad! - brèves 2.0 RAPPORT AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE Videos that match your query: tag:"Liban" - Truveo Video Search Videos that match your query: tag:"synagogue" - Truveo Video Search News: Young Buck - VRAITRUC.COM, ACTUALITE RAP, HIP-HOP, RNB Blog de x-p0p0pers-x - .::. Ni Moins,Ni Plus,Qu'Une Dame De Lotus ... Blog de x-p0p0pers-x - Skyrock.com I luv' U Archives Juillet 2006 RAPPORT ALTERNATIF D’ENAR 2004 FRANCE ParisBouge.com Montecristo 68, av des Champs-Elysées - 75008 ... AITS OCUMENTS Le Monde.fr : Jeune, Juif et Français à New York Blog de ninouch-nini - stéph@nîe H@lîmî - Skyrock.com Journal de bord d'un Itinéraire de découverte - www.homoedu.com Paris Cap - Emissions: novembre 2006 Archives Blog de misss-reveuze - ღ [ Mzlle Nana ] ღ I'm Just A ... Ce blog n'a ni queue ni tête, émasculé par manque de cervelle ... COMMUNIQUER , ÇA S'APPREND Blogborygmes Blog de lily-dorly - 3615 My Liife Tu c0ney ? - Skyrock.com DOSSIER ILAN H - Blog ashomer - Combattre la haine et la terreur ... Meilleurs sites - Administration, droit, société - Religions ... Une journée avec elle : Desordonnee the last of the famous international Loser: A retourner duement ... diasporablog: octobre 2006 Porsche Cayenne Turbo GT750 AERO III by Gemballa par Le blog auto - Les temps changent... du Collectif Paix et Vérité Ministère des affaires étrangères Législatives : gueule de bois annoncée pour "la diversité" Nouvelles d'Israel [LesOgres.Info] KA-LDJ : Appliquons la Loi Républicaine ... Rapport de la commission Stasi sur la laicite, 11 decembre 2003 Blog de laloveuse338 - Franchéskà chaudasse410 - Skyrock.com Arthur dit tout: Cauet, Sarkozy, antisémitisme, Dieudonné... Hypnologica : La dérive identitariste maghrébine Blog de bobmarin - Skyrock.com CpBiarritz.fr : nom de domaine à vendre ! Anti-Con...(formismes): L’homme, cette nouvelle bête de cirque ! g trop kiffé ce film!!! [Archives] - FORUMS BEURFM Webofonie, Dialogues annuaire internet de référencement. Laï ci té En pleine poire Links to www.feujworld.com Le Petit Champignacien illustré : Archives MRAP -- Fédération du Nord Pas-de-Calais hashomeret ( israel mon amour) : September 2007 - Messages Jean-Luc Aszcek Blog de lil-liryc54 - ...GiVe Me PlEiN dE pOgNoN i'M fAmOuS ... "Gang des Barbares", archives du nouveau roman d'Erik Rémès ... Républicain de gauche à Sarcelles - Liste des derniers articles ... Page 1 Archives des « Fausses citations» - Compositions de 1 à 600 ... BASA CODE = V pour Vérité: janvier 2007 Blog de feiza06200 - Nador - Nice - Skyrock.com [La Banlieue S’exprime] Ahmed Moualek : Candidat à la députation ... Homophobie : florilège d'un mal : Retour de manivelle de Titem