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site internet de la ville de saint-ouen :: des loukoums aux amandes actualités présentation de la ville venir à saint-ouen la météo un regard sur... l'histoire de la ville les puces de saint-ouen les archives de saint-ouen les villes jumelées s'installer à saint-ouen visitez saint-ouen ! le plan de la ville votre parcours : découvrir saint-ouen > les yeux de la mémoire > des loukoums aux amandes des loukoums aux amandes nouvelle lauréate du concours : des loukoums aux amandes«eh oui, nous nous retrouvons en direct de lisbonne... les équipes s'affrontent... c'est david beckham qui a le ballon... une passe... alors que thierry henry débouche sur l'aile gauche et appelle le ballon... david trezeguet l'a vu et voici qu'il lui passe le ballon... » lili slalome entre les chaises, la salle à manger, les fauteuils, les plantes vertes, le canapé. elle shoote dans une gomme. «... coup de tête, deuxième coup de tête, tir de corneille... c'est le but de leslie... et voici que saint-ouen gagne grâce à ce but de leslie... » la gomme a atterri sur mon livre d'histoire. « tu m'énerves ! - toi, tu m'énerves à mort ! tu veux toujours tout commander ! - on ne peut rien faire avec toi. tu crois que cela se fait sans effort. réviser le brevet, ça demande du boulot. laisse-moi étudier... la stratégie américaine visait non à s'emparer des villes françaises mais à gagner rapidement la ruhr puis berlin pour y détruire le gros des forces allemandes... - là, tu m'énerves vraiment à mort... j'ai invité mon copain max. il va dormir à la maison ce soir. » lili quitte le salon, sans un coup d'œil pour son sac jeté devant la porte d'entrée de l'appartement. «... de gaulle poussait à la prise de la capitale... la résistance avait appelé à la grève générale... la police se soulève... le comité de libération parisien et le conseil national de la résistance déclenchent l'insurrection... ah! papa vient de rentrer... comme tous les jeudis, dans le salon, la situation va devenir insurrectionnelle... pauvre chipie de lili, c'est dur de se libérer... la guerre a l'air simple dans les résumés... les survivants qui sont venus témoigner dans notre collège nous ont fait comprendre le cauchemar qu'est vraiment la guerre... par exemple, à saint-ouen, le 19 août 1944 vers 16 heures, la résistance avait repris la mairie. le maire lesesne, un collaborateur, s'était enfui. le capitaine glarner a été assassiné par des s s vers la gare du nord, alors qu'il allait arrêter lesesne réfugié chez son fils à paris... mais, à l'autre bout de la ville, les habitants ne savaient pas vraiment ce qui se passait... les soldats allemands en déroute ont tiré sur la foule... souvent, les gens l'ont échappé belle... comme ce petit garçon qui courait après les chocolats, les bonbons envoyés par les troupes américaines et qui s'est soudain retrouvé face aux allemands qui ré-attaquaient. - lili, as-tu fait tes devoirs ? » papa est déjà très énervé. « toutes les cloches de la capitale sonnent à toute volée. - non, papa, j'en ai pas ! - cela sent le mensonge... comment peut-elle encore espérer que papa ne va rien remarquer... la 2e db est la première unité alliée à être entrée dans paris. - ah bon ! Ça m'étonnerait... montre-moi ton cahier de textes... » lili ne répond pas. papa cherche dans le sac. «vaincus, les soldats allemands se rendent. le samedi 26 août 1944, sur les champs elysées, un peuple entier s'agglutine. le 27 août 1944, des éléments de la 2e db arrivent à saint-ouen. - pourquoi tu m'as menti ? » papa hausse le ton. « tu as bâclé tes devoirs, tu es encore allée au stade, jouer au foot... - si vous croyez que c'est facile de se concentrer dans ce foutoir perpétuel ! ... le 26 août, pour les audoniens, la guerre continue... les allemands étaient pugnaces. la nuit du 26 août, ils ont bombardé la ville... c'était le cinquième bombardement... - j'en ai marre. j'ai préféré aller jouer au foot avec mon pote max. c'est bientôt les vacances, il fait chaud... - les gens qui bombardaient, l'aviation alliée, ne voulaient pas faire de mal. ils venaient détruire les dépôts d'essence et surtout les pompes. ils ont bombardé quatre fois la ville. sous les bombardements, les personnes disparaissaient, devenaient de la poussière. parfois, on ne les retrouvait jamais. - et je ne pensais pas que ce serait aussi grave... puisque c'est la fin de l'année scolaire et que le prof ne corrige pas toujours les exos... - le premier bombardement, c'était le 21 avril 1944, notre collège a été touché. on dit que le corps d'un aviateur allié est tombé rue lécuyer et a été couvert de fleurs par des femmes. les femmes ont envahi la rue et donc ce n'était pas possible d'approcher. a cette époque, c'était après la résistance des russes à stalingrad, les allemands étaient moins sûrs d'eux. aussi, quand ils ont vu tant de gens, ils n'ont pas bougé... - j'en ai marre. tu peux t'énerver, me mettre une paire de claques, me traîner par les cheveux jusqu'à ma chambre et me mettre deux fessées en prime. . . - comment ça, t'en as marre ? -j'ai pas envie... - il ne s'agit pas d'en avoir envie. il s'agit de faire tes devoirs. assez discuté. tu te lèves, tu laisses ces putains de cds... et plus de foot jusqu'à nouvel ordre ! » papa arrache lili de sa chaise... « ecoute-moi, lili. un changement d'emploi du temps n'est pas forcément une catastrophe. ecoute, c'est une histoire vraie... en août 1944, le 2 août, une petite fille jouait dans la cour du pavillon où habitaient ses parents, dans l'enclos de l'usine esso-standard au vieux, au bord de la seine... tu vois, où c'est? ... toutes les semaines, elle allait au patronage, on dirait aujourd'hui un centre de loisirs, tenu par des sœurs de saint vincent de paul. mais le 2 août, parce que c'était l'été, parce que sa mère était libre et pouvait la garder. . . elle jouait avec son frère. il y avait des chats et un chien qui jouaient avec eux... d'un seul coup, au-dessus d'eux, de grands immenses avions, très haut, et un avion tout petit qui piquait et laissait une trace, une fumée. en fait, il indiquait aux bombardiers qu'on appelait à ce moment des forteresses volantes, que c'était là qu'il fallait envoyer les bombes. les bombes sont descendues sur le dépôt d'essence esso-standard, sur une partie du vieux... la petite fille, son frère et sa mère sont descendus dans la cave de la maison. la maison est tombée. mais ils ne sont pas morts... - et les petites filles qui étaient avec les sœurs ? - les quarante petites filles qui étaient au patronage chez les sœurs, complètement écrasées dans leur abri, toutes décédées, les quarante petites filles et les cinq sœurs. - ... ok, j'ai compris... je vais faire mes devoirs... »   ***   bruits d'assiettes dans la cuisine. « tu prépares quelque chose ? super du poulet et du gratin de pommes de terre. . . dis, maman, je sais pas ce qui est arrivé à mes grands-parents pendant la guerre. on n'en parle jamais. au collège, on parle de la résistance. est-ce que mes grands-parents étaient dedans ? - a la maison, on ne parlait jamais de la guerre. - grand-mère est une survivante. elle a échappé aux bombardements, elle n'a pas été tuée par les soldats allemands battant en retraite. elle n'est pas partie dans les camps de concentration ou d'extermination. . . qu'est-ce qu'il a fait ton père pendant la guerre ? - je crois que mon père n'a pas joué un grand rôle. » en évoquant son père, maman a les yeux qui brillent. j'insiste. j'aimerais en savoir plus. « mon père disait qu'il n'y avait pas grand-chose à en dire. » là, je sens que maman retient ses larmes. je ne me vois pas demander pourquoi il a disparu mon grand-père. lili hurle : « où as-tu mis ma compilation de raï'n'b ? - j'en ai besoin pour la répétition de la comédie musicale. - fais-toi une copie. et peu importe à quel prix / ii faudra payer mes cris /je ne serai jamais des avis / qui brisent notre vie1. » lili claque la porte. maman s'est mise à faire frénétiquement la vaisselle. elle en est au rinçage. grandes eaux. la compilation de raï'n'b, mes baggys, trois t-shirts, la casquette, les converses, un haut sexy, un bandana... j'ai rien oublié. j'aime bien l'impasse germaine. c'est une frontière, pas entre la france libre et la france occupée, mais entre les quartiers michelet et debain. ici, on ne prend pas part aux conflits. quand un garçon de michelet ou de debain veut se sentir supérieur, les gars s'embrouillent. c'est batailles, échanges de coups de poing sur un terrain déclaré neutre. rue eugène berthoud. c'est la première fois que je suis émue en passant devant la crèche marcel bourdarias. marcel bourdarias, membre des jeunesses communistes du cercle cayenne-michelet, léon landsogh, alfred cougnon, qui chaque semaine, dans sa cave, sur sa gestener, confectionnait clandestinement un ou deux numéros de l'humanité. ces trois-là fusillés au mont valérien pour attaques de soldats allemands et attentats. . . comment c'était d'avoir vingt ans pendant la guerre ? qu'aurais-je fait ? les jeunes qui s'engageaient savaient que s'ils se faisaient prendre, c'étaient les effroyables tortures, l'exécution, la mort. ils avaient fusillé guy môquet à 17 ans. il fallait passer à travers les contrôles policiers incessants en métro ou dans le bus... tiens, la rue de l'école maternelle s'appelle rue jean pernin, j'avais jamais fait attention... avenue michelet, je suis en retard... mes amies doivent déjà m'attendre rue des rosiers... j'espère, qu'aujourd'hui, on sera ensemble... depuis le temps qu'on répète cette comédie musicale... nous, les filles on a dû s'adapter... c'est un garçon qui tient le rôle principal... la musique est sympa : ragga, hip-hop, r'n'b... rue voltaire... rue des rosiers... mes amies sont déjà là... attention, cri de ralliement : «yeah, yeahyeah, yeahyeah, yeaah 1 yeah, yeah yeah, yeah yeah, yeaah ! 2 » - on saute dans le 85 pour aller sur l'avenue gabriel péri. j'en profite pour interroger lydia. « tu sais ce que faisait ta famille, toi, pendant la guerre ? - assez vaguement. mes grands-parents vivaient dans un petit village. ils étaient paysans. ils mangeaient des topinambours et des rutabagas... ils mangeaient mieux qu'à paris... j'ai entendu dire qu'à la fin de la guerre, il y avait eu des dénonciations, des femmes rasées dans le village. et ta mère, elle t'a parlé de ses parents ? -non. - parles-en avec ta grand-mère. - on y est. - yeah, yeah yeah, yeah yeah, yeaah ! -  yeah, yeah yeah, yeah yeah, yeaah ! »   ***   vendredi la répétition s'est super bien passée. the vibe is right, and thé ladies gettin wild on thé dancefloor.* le conseil de discipline s'est bien passé. pas d'exclusion, un changement de classe. si je suis déléguée, membre du club, c'est pour m'impliquer dans la vie d'aujourd'hui, pour que les adolescents aient le droit à la parole. je veux être leur porte-parole. parfois, il faut se faire aider par des adultes, c'est nécessaire. plus tard, je ne veux pas être exclue. je veux me sentir membre de la société. je veux agir dans la société. l'injustice, ça existe toujours. l'égalité, c'est pas encore ça. par exemple, les femmes font le ménage et restent à la maison et les hommes vont à l'extérieur pour ramener de l'argent. cet après-midi, avec le club, on a invité un résistant de saint-ouen. on a soigné l'accueil : banderoles, affiches, photos, goûter. il connaît ma grand-mère. il m'a dit que pendant la guerre la meilleure amie de ma grand-mère a brutalement disparu. lui, il était dans un groupe parallèle à celui de guy môquet. il voulait combattre le racisme, l’anti-démocratie, l'antisémitisme, l'anti-communisme. il ne voulait pas d'une conception trop étroite de la vie. de l'autre côté des frontières, on brûlait des livres. le fascisme, c'est pas une rigolade. il ne voulait pas qu'on lui imposât (ça se voit que je révise mon brevet) des idées, une manière de vivre. dès 1940, les jeunes ont commencé à résister. ses paroles résonnent encore dans ma tête : « au début, il y a l 'allant. mais dans le combat, les choses ne sont pas héroïques. il fallait garder le secret absolu, couper avec ses relations. un ami tombe, un autre doit prendre sa place. la douleur, il fallait la garder en soi. »  ii a chanté : « ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place4 » ii y a des phrases terribles dans cette chanson. il a mené une activité de sabotage contre un mouvement de jeunesse pétainiste : avec ses potes résistants, ils ont mis le feu dans les sous-sols. leurs responsables n'ont pas apprécié : le risque était grand, s'ils avaient été arrêtés. il travaillait à alsthom. les ouvriers à cette époque étaient considérés comme des soldats. il a parlé du sabotage du matériel destiné aux allemands. les techniciens donnaient des conseils aux ouvriers pour indiquer les points sensibles. les ouvriers mettaient une giclée d'acide dans les moteurs des machines pour les arrêter, cassaient des soudures, des réservoirs d'air comprimé, oubliaient des pièces dans les transfos, faisaient tomber des pièces dans les bobinages. demain, je vais voir grand-mere. the vibe is right, and thé ladies gettin wild on the dancefloor. « petit nain ! - grande perche, asperge ! - sale maigrichonne ! - sale cornichon ! » allée rené rioux, là où habite ma grand-mère, là où les grands et les petits passent leur temps à se chamailler pour avoir la place pour jouer au foot. pour l'instant, ils jouent aux injures. c'est des spécialistes. « catin, sale boudin noire ! - travelot ! - tête de singe ! - mangeur de riz ! - mangeur de porc ! » un ballon atterrit sur une terrasse. « putain !... voilà votre ballon ! ... » le ballon revient crevé. « pédale ! » le jeu des injures reprend : « enculé, tête de fion, tête de bite, sorcière, gamin, ton daron, ta darone, sale feuj...» « juive de merde, putain de communiste, cochonne de juive »... Ça devait être les injures à la mode à l'époque. pour les juifs, la vie devenait de plus en plus dure... la peur... les yeux qui épiaient... impossible d'aller travailler, de sortir... l'arrestation, au bout c'était la mort...   ***   « tu as raison. les survivants hésitent à en parler. on n'a plus idée de la misère, du désespoir... le froid, la faim, la saleté... plus de savons, des puces innombrables... de nombreux livres étaient devenus rares. le grand succès du moment était le bouquin américain autant en emporte le vent... l'avancée allemande... les bombardements sur les dépôts de pétrole au bord de la seine... la ville était couverte d'un épais nuage... on était noirci par les fumées portées par le vent... c'était impressionnant... je me souviens d'un bombardement sur le vieux saint-ouen, sur les docks. j'habitais rue voltaire et j'étais dans la cave... je me suis retrouvée sur le toit... et les hivers... maman détricotait les pulls usagés pour en faire de nouveau... même si j'avais très faim, je laissais à maman le soin de s'occuper du ravitaillement... maman était aussi violemment pour la résistance que moi. elle s'était mise d'accord avec les marchands de saint-denis. chaque semaine, à pied, elle transportait les produits invendus, récupérés du marché, de saint-denis au vieux saint-ouen. elle pouvait se faire arrêter... moi, d'autres problèmes m'accaparaient... - les femmes faisaient quoi dans la résistance ? - l'état de la france en juin 1940 était inimaginable. il n'y avait plus d'hommes. ce sont les femmes qui ont commencé la résistance, ... et quelques hommes aussi... les femmes ne votaient pas. la plupart n'avaient pas de compte en banque et n'avaient pas de métier. et pourtant, nous ne nous sommes pas du tout senties incapables de faire de la résistance. les réseaux de résistance envoyaient des messagers que l'on appelait des courriers. beaucoup de femmes ont pris la responsabilité d'être des boîtes aux lettres. c'était un très gros risque. les femmes étaient souvent agents de liaison. il fallait faire passer les informations entre les groupes. il y avait des choses à déposer et des choses à prendre. a cause du machisme, on ne se méfiait pas des femmes... - grand-mère, pourquoi t'es-tu engagée ? tu étais très jeune, encore une adolescente ? comment as-tu fait pour surmonter ta peur ? - c'était une question de vie ou de mort... la chose qui m'a mise hors de moi, c'est la clause de l'armistice qui disait que l'on devait restituer aux allemands tous les réfugiés qui étaient venus en france. j'ai considéré cela comme le comble de l'abjection. des gens qui ont demandé asile... on se bat... on ne les livre pas... je ne pouvais pas accepter cela... je ne savais pas comment faire mais je ne pouvais pas l'accepter... je ne pouvais pas supporter... c'était épouvantable. on ne peut pas se laisser étrangler sans rien dire et sans rien faire... on ne trouve pas du premier coup... il faut trouver des occasions... on ne sait pas ce que l'on peut faire d'utile... on n'a pas l'habitude... j'avais besoin de matérialiser tout de suite... Ça m'énervait de voir ces croix gammées... - c'est à ce moment que tu as rencontré germaine ? - ... je ne trouvais personne pour s'engager avec moi. jusqu'au jour où je l'ai rencontrée au coin de la rue bachelet et de la rue des rosiers... le monde s'est ouvert... elle n'avait jamais peur. elle portait un regard curieux sur tout ce qu'il y avait autour d'elle. elle faisait partie d'un réseau d'une vingtaine de jeunes. nous étions par groupe de trois. elle seule connaissait le responsable d'un autre triangle. on comptait l'une sur l'autre. elle disait " quand tu comprends quelque chose, tu peux lutter ". au début, nous avons improvisé. nous n'étions pas des spécialistes. nous collions nos papillons " liberté pour le peuple ", que nous fabriquions nous-mêmes, près des queues, sur les portes, les becs de gaz. en principe, les gens ramassaient les tracts. c'était pas possible de les donner à la main. on inscrivait sur les murs le v avec de la craie. - pourquoi as-tu perdu le contact avec germaine ? - parce qu'ils n'étaient pas tous à nuremberg, les responsables ! il y en a qui se prélassent quelque part, en amérique du sud, qui ne seront jamais inquiétés ! ... elle a eu le «pépin »... elle est tombée dans une souricière... j'ai été retardée... je n'étais pas avec elle... je ne l'ai jamais revue... elle a été arrêtée par la police française... ses interrogatoires ont duré cinq jours et cinq nuits... on l'a frappée... ce qui a dû être le plus dur c'est le manque de sommeil, la faim et la soif... un an d'incarcération et puis le départ pour ravensbrûck dans un wagon à bestiaux... ravensbrûck, lieu d'expérimentation médicale... le travail forcé pour alimenter la machine de guerre nazie... les femmes ss, les cris, les chiens... elle y est morte de faim, de maladie, d'épuisement... après son arrestation, j'ai été suivie. a la maison, les allemands ont fouillé partout. dans les armoires, les piles de linge, le lit. ils sont montés sur la table de la salle à manger, pour fouiller dans le lustre. il n'y avait rien. ils ont laissé la trace de leurs clous de godasses sur la table... - et grand-père ? que faisait-il pendant la guerre ? - ton grand-père ne parlait pas beaucoup et il ne parlait jamais de la guerre. » grand-mère s'emporte. « ecoute, ton grand-père et moi, c'est du passé. nous sommes séparés. arrête de m'embêter avec cette histoire. il n'y a rien d'intéressant à savoir. » grand-mère, très en colère, quitte la pièce. sur mon grand-père, il sera impossible de lui arracher quoi que ce soit aujourd'hui. grand-mère réapparaît avec mes sucreries préférées : des loukoums. je me souviens de ma découverte de cette gélatine très sucrée. mes dents de lait s'étaient mises à trembler de façon inquiétante. mais, c'était délicieux. « tout va bien. chaque chose en son temps. je ne t'ai jamais dit que c'est une recette de germaine ? »   ***   nous sommes toutes les deux. maman a tout fait pour créer une ambiance d'intimité : thé à la menthe, makroudhs aux dattes avec de la cannelle, loukoums aux amandes avec de l'eau de rose, selon la recette de germaine. je veux parler d'un sujet brûlant. je veux garder mon calme, ne pas me donner en spectacle. Ça va l'agacer mais elle doit me répondre. nous nous asseyons. maman est sur la défensive. « c'est sympa de m'avoir préparé tout ça... mais il y a plus important pour moi... ce sont mes racines, c'est ma famille... toutes mes amies ont une histoire à raconter... je me sens à l'écart chaque fois que l'on parle des grands-parents... vous ne vous bousculez pas pour nous parler de notre grand-père... - c'est du passé... moi-même, je ne sais pas grand-chose ! je t'ai dit cent fois que ma mère ne parlait jamais de mon père, sauf par allusions, de temps en temps... j'ai essayé de lui poser des questions... elle me disait qu'elle avait déjà assez de soucis comme ça, sans que je vienne en rajouter... - quand grand-père est-il parti ? - quand j'avais dix ans, lorsque je suis revenue de colonies de vacances, ma mère m'a annoncé que mon père était parti loin et qu'il ne reviendrait pas. - que s'est-il passé ? - c'était à un mariage... que j'ai su. j'ai entendu ma mère raconter à sa sœur que son mari, un jour qu'il était complètement bourré, avait aboyé que c'était lui qui avait livré sa meilleure amie à la police française. - je le hais ! le salaud ! mon grand-père est un salaud ! je m'étais imaginé que c'était un héros malgré lui. comment vais-je vivre avec ces oppositions, ces contradictions ? que vais-je dire à mes camarades ? vais-je mentir à mon tour ? » « faites comme chez vous. que diriez-vous d'une bonne tasse de thé chaud ? 5 - oh oui ! vous m'avez ôté les mots de la bouche6 pouah ! des loukoums ! je les ai en horreur ! - madame lamort ! madame lamort prend le thé avec moi ! » je cours. je me retrouve dans une rue en ruine. partout des gravats. la ville est détruite par des bombardements... les sirènes retentissent... c'est tout noir parce que c'est du carburant qui brûle... des allemands avancent. ils sont toute une rangée avec la mitraillette au poing. en face, sur les toits de l'usine électrique, des résistants avec des brassards ffi... j'aperçois un feu rouge très beau. ce sont les pianos pleyel... j'ai de plus en plus de mal à marcher. je m'assieds pour me reposer. des visages, des voix, des rires, des cris... je suis incapable de réfléchir, j'ai la bouche sèche... « si tu commences par brûler les oiseaux, tu finiras par brûler les gens. 7 » une foule de morts dans mon dos. que me veulent-ils ? nous nous retrouvons dans une salle. au fond, plusieurs dizaines de chaises occupées par des militaires en uniforme. un officier portant un pantalon à large bande rouge entre. des personnes se lèvent immédiatement et font le salut nazi. c'est un tribunal. derrière l'estrade où se trouve le tribunal, un grand drapeau noir à croix gammée est tendu. les accusés sont menottés, les mains derrière le dos. je les reconnais : andré kirschen, marcel bourdarias, karl schoenhaar, alfred cougnon, léon landsoght, simone schloss... j'ai l'attention attirée par une main tendue. des yeux perçants regardent une ravissante jeune fille assise parmi les accusés, germaine... les yeux restent fixés sur la jeune fille. ils la regardent même si attentivement qu'ils ne me remarquent pas... je peux l'observer tout à mon aise... une moustache, une brosse à dents nichée sous le nez*, c'est hitler... je m'approche. moustache noire... barbe pointue... il rigole. il a une forte grande bouche avec de longues dents fort pointues et fort éloignées l'une de l'autre. ses dents apparaissent d'autant plus blanches entre ses lèvres couleur rubis... il est entouré de taches de sang et dans ce sang se mirent des corps de personnes mortes... madame lamort se tient à ses côtés... « suivez-moi, gilbert lesueur. toutes les bonnes histoires finissent avec la mort.9 - je vous suis. - les débuts d'une grande amitié.i0 -  madame, je ne vous décevrai pas. n » -            *** « dis, les allemands quand ils venaient, ils tiraient sur tout ce qui bouge ? ... tu crois que quand il regardait les gens, ils se transformaient en tombes ? - eh ! lili ! nous ne sommes pas dans un épisode d'harry porter. c'est pas parce que nous sommes anxieuses, qu'on doit dire n'importe quoi... - tu crois que c'est la vérité ? tu crois que cela vaut le coup ? - nous devons en avoir le cœur net. allons dans le " parc " de l'impasse germaine. - tu l'appelles " le parc ", toi. moi, je l'appelle " la friche ". quand les temps sont durs / on se dit : "pire que notre histoire n 'existe pas "/et quand l'hiver perdure / on se dit simplement que la chaleur nous reviendra.12» « allô. - monsieur gilbert lesueur ? -oui - connaissiez-vous, germaine ? nous sommes de sa famille. - c'est une plaisanterie ! qui es-tu pour oser me parler sur ce ton ? » je me tais. impossible de parler. je tends le portable à ma sœur. « vous avez entendu ! nous sommes de la famille de germaine. » elle raccroche. notre grand-père est vivant.   cette nouvelle a été rédigée par le club citoyenneté du collège michelet et ses invité(es) : maryam sawane, délayne fedronie, ami sourabie, jennifer demosthenes, fabien perricault, dénia agloune, léa garcia-fernandez, etienne edwin, nabila amzal, marylène occolier, sarah bougrab, laura boukherouba, ouassila oukali, aurore beaupied, tracy salmon, samia bouzoummita remerciements : hélène caubel et anne lalaire (mains d'oeuvres), jean lefort, raymond godard, paul markidès, gaël normand (service des archives), personnel de la bibliothèque lucie aubrac, camarades du club citoyenneténotes :   1 leslie & aminé, sobri (notre destin) 2 usher, yeah 3mr. vegas, pull up 4 paroles : maurice druon, joseph kessel. musique : anna marly, le chant des partisans 5 george tabori, mein kampf (farce), texte français d'armando llamas, actes sud - papiers 6 ibid. 7 ibid. 8 ibid 9 ibid 10 ibid 11 ibid 12 corneille, parce qu 'on vient de loin    

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