la prune se rappelle : les_collegues

la prune se rappelle : les_collegues la prune se rappelle Ô saisons Ô châteaux, quelle âme est sans défaut ? (si tu sais, fais-moi signe) va, va, va, va vite voirjoondesordonnée junko mehdi bon voisinagedizzie café (lecture) aude fred37 feux follets amande amiante ? derniers weblogs mis à jour laportesansportevoilà ça, c'est fait !les âmes du silenceles âmes du silencechez jo ann v.courti seniorfragments bleusdernières nouvelles de l'hommela guérisseusel'ange de lumière À propos commentaires récents émi sur que l'on comprenne bien que cette note almeria sur un brin de conduite moony sur ... sam sur ... dizzie sur ... geneviève sur ... yelka sur ... abs sur ... alm sur joufflu et bodybuildé alm sur joufflu et bodybuildé catégories a quoi bon ? au secours aucune catégorie sélectionnée blog conseils pratiques demain j'enlève le bas des pneus et des chaînes en voyage faisons le point et restons calme j'm'en fous le boulot le corridor de l'ennui le détail qui tue les collègues moi moi moi nostalghia n'importe quoi et tout le reste projets sam est mégalo et se raconte pour de vrai un jour au taf un jour loin du taf une nuit au taf 31.10.2006 un raté magnifique lorsque j'ai quitté grand hebdo de mes deux, j'avais le coeur nourri d'espoir. gros cheffaillon mammifère m'avait en effet donné le contact d'un de ses amis avec, disait-il, une recommandation très très recommandable. le lendemain même de notre divorce à l'amiable, je filais donc à mon premier rendez-vous avec ce représentant de la grande presse. je me souvenais vaguement l'avoir vu à la télé, il y a longtemps, une de ces soirées déprimantes à regarder delarue de son vivant. un truc sur la protection de la vie privée. l'homme y jouait les porte-parole de cette presse de caniveau, qu'il défendait avec un sens de l'humour vache qui m'avait bien plu. bref, j'étais plutôt satisfait de le rencontrer, même si depuis, il était passé du caniveau au chenil et s'occupait désormais d'un groupe de presse animalière. il n'y a pas de sot métier. mais je ne devais pas tarder à découvrir que celui-ci lui convenait comme un gant. il me reçut à l'heure dite dans ses locaux mirifiques, situés dans une proche banlieue dont je tairais le nom comme le secret le mieux gardé de ce côté ci de l'univers. c'était un coin triste à souhait, mais j'y voyais déjà briller les ors du grand kapital. l'homme sait bien sûr faire bonne impression. mieux que ça, même. c'est un pro. genre communicant parfait : fringues simples, couleurs sombres dénotant l'ambition, mais on sent le répondant (oh le petit logo "j't'ai acheté plus cher que tu vaux" brille dans les coins, le voyez pas ?). ses poches sont truffées d'un appareillage électrique hautement consommateur. un ordi de poche avec téléphone et friteuse. un rasage hâtif élégant, la peau bien bronzée de l'abonné point soleil, les pattes d'oie qui font toujours très bel effet sur les rombières zooophiles. bref, de l'allure, pour celles que ça excite. le grand chef animalier se lance immédiatement dans une diatribe ronflante sur le lancement de son nouvel opus destiné aux riches propriétaiires d'animaux de grand luxe. les pubs pour canigou réussissent à faire tourner la boîte. alors la marotte équidée de quelques oisifs rentiers, ça devrait le faire aussi. donc, on s'extasie, bin obligé, sur ces pages luxueuses, ce grammage lourd de papier tramé en velux, ces photos pleine page d'objets tous plus minuscules les uns que les autres mais qui valent pépette à la bourse des valeurs non humaines. l'homme communicatif me met sur la voie d'un grand projet rédactionnel qu'il mûrit dans sa tête, déjà un avenir irradieux se profile pour moi, qu'il dit, lorsque je lui aurais ramené la matière à cette enquête qu'il veloute dans sa marmite créative, oui, je le vois, je le sens, le rendez-vous est déjà pris, mardi, avec madame unetelle de la connerie, et pourquoi est-ce que vous prenez des notes quand je vous cause ? moi : "ho, bin, c'est juste la déformation professionnelle." soudain, moi aussi je me rêve avec barbe rebelle et ordi pocket. las, mes kickers signées puent de plus belle et ma barbe est plutôt du genre touffeuse (le ciseau n'atteint pas certains endroits, alors je laisse filer). après cette conversation riche en échanges conceptuels de haut vol, on se lève ensemble, soudain impatients de se séparer. au moment de franchir le seuil, il me rappelle que la personne avec qui il a fixé ce rendez-vous, madame jaretelle de la cornemuse, est "très collé monté". il répète plus doucement : "très collet monté"... je sens son regard se déporter du haut en bas de ma jolie personne. mais l'homme est un pro qui ne trahit nul sentiment autre que la cordialité. "au revoir, mon petit sam, et à bientôt." je retourne au métro, m'aperçois que je n'ai plus un cent sur moi et pas de carte de crédit, évidemment, ce serait trop simple. je fouille mes poches et déverse ma monnaie sur le comptoir avec mon plus gentil sourire. le guichetier me tend un ticket tout frais. bon présage, que je me dis, voyage illégal avec la bénédiction de l'autorité. le lendemain, je suis à la fnac, en train d'acheter mon livre qui vient de sortir. eh les gars et les filles, que j'ai envie de dire aux clampins qui font la queue, leur dernier delerm sous le bras, j'm'appelle sam, j'écris des merdes, achetez-les pour m'aider à rester propre et à pas voler. et que mon téléphone immobile sonne soudain. brutal, l'engin, c'est pas dans le sophtic que j'ai fait : modèle labour aux champs. robuste et inusable et inutilisable en temps normal. peut-être que le charme du raté magnifique s'exerce jusqu'ici. ce temps est anormal. car c'est lui, bien sûr, le survivant de la grande presse passé de son vivant dans le monde en furie des représentants en bouffe pour chats. "allô mon petit sam ? je voulais vous dire, le rendez-vous avec madame attention de les mirettes a été annulé. oh non rien de grave, mais non pas de nouvelle date, je vous rappelle très vite." trois semaines après, j'attends encore son coup de fil, mais je m'en fous. le raté magnifique a sans doute bien d'autres chats à fouetter dans ses colonnes pour toutous. 17:00 publié dans les collègues | lien permanent | commentaires (0) | trackbacks (0) | envoyer cette note 19.07.2006 le nom du fils j'aime bien collègue toujours sympa. c'est lui qui partage mon bureau. il ne fait jamais la moindre réflexion sur ma débauche d'inactivité. ne jette jamais un coup d'oeil sur mon écran invariablement ouvert sur bloguesupermignon. ne me dénonce jamais à la direction. il me serre la main tous les matins avec la précision d'un métronome. le reste de la journée, il bosse, un casque sur les oreilles. ses goûts musicaux le portent vers benababar et miseaussec. pas trop ma tasse de thé, mais bon. il est grand, maigre, une tête d'oiseau précocement déplumé sur un cou de poulet. pas moche, mais pas top non plus. disons que si vous fantasmez comme moi sur les porteurs d'eau musculeux délivrant leur missiles par packs de 25, vous serez déçu(e)s. cela dit, collègue toujours sympa possède malgré tout une paire d'impressionnantes balloches. on les devine sous son pantalon de tergal clair aux fesses un peu plates. il en faut pour résister depuis de si longues années à la pression infernale de miss l*l*s frigida et gros chef mammifère. tout le monde n'a pas ma chance : tandis que j'agonis la copie des autres, planant loin au-dessus des contraintes du bouclage dans les hautes sphères du pointillisme journalistique, lui s'occupe d'apppeler des pigistes, de leur commander des papiers, de les commenter, des les défendre, et surtout de changer de directives au dernier moment, selon les caprices des susdits chefaillounets chéris. pourtant, il ne se départit jamais de son bon sourire. il est toujours propre, correctement vêtu, ne subit pas la déréliction progressive de l'apparence qui devient comme une seconde nature pour ma pomme mangée de barbe claire. bref, il bosse. l'autre indice de la présence de solides roustons sous cette apparence frêle, c'est que collègue toujours sympa est l'heureux papa d'un fiston de l'âge de ma fille adorée (2 ans et demi, scorpionne comme papa). je vous vois venir : vous allez dire que je me vante par la bande de posséder moi aussi d'inégalables roubignolles. pff, vous êtes mesquin(e)s... c'est quand même pas bien difficile d'oeuvrer pour sa progéniture. non, ce qui fait la couillure de l'homme, c'est l'apres : le quotidien, les courses, les couches, la douche, et la résistance absolue aux caprices du temps, du métro, des chefaillounnets, des tickets restau. bref, la responsabilité (la capacité de répondre - ou le droit ?) pour ça aussi d'ailleurs, je suis un grand chef indien sévèrement burné. mais c'est un aparté. je vous parlais de collègue toujours sympa. donc l'homme au physique d'éternel lycéen prépubère, mais drôlement couillu pour avoir le courage d'affronter la vie telle qu'elle se présente, possède un rejeton. comme ça nous fait au moins un point commun, il me demande régulièrement des nouvelles de ma minuscule à moi. et c'est là que ça me pose un problème. parce que collègue toujours sympa possède en plus de toutes ces énormes qualités une mémoire sans défaut. il se souvient parfaitement du nom de ma nistonne. il s'en est toujours souvenu. dès mon premier jour ici (pffff, cinq mois bientôt), il se souvenait de son nom comme si on s'était quitté la veille (on s'est rencontrés pour la première fois il y a deux ans tout de même). et moi, évidemment, ça doit être la clope ça, je suis absolument incapable de me rappeler le prénom de son mouflet. je lui ai déjà demandé plein de fois. mais maintenant, je ne peux plus, ça frise l'impolitesse. alors quoi ? peut-être que je devrais essayer des stratégies de contournement ? demander à quelqu'un d'autre ? lui tendre des perches ? genre, au fait, c'est quand la fête de ton gamin ? où, il est né quand ton mouflet ? tu veux qu'on les marie ensemble quand ils auront l'âge ? a force, il finira bien par le lâcher, ce sacré nom du fils. que je n'aie plus à me montrer évasif de crainte de commettre un impair. ce serait vraiment dommage pour la seule personne à l'attitude si vraiment parfaitement normale de cette mare aux grenouilles.     16:40 publié dans les collègues | lien permanent | commentaires (8) | trackbacks (0) | envoyer cette note 15.05.2006 le vélo dans le guidon peu d'hommes osent aujourd'hui arborer une moustache en guidon de vélo. lui n'a pas de ces timidités. le guidon de vélo assume parfaitement sa filiation à landru, badinguet, le tenancier du café en bas, voire victor hugo, avant que ce dernier ne décide de laisser pousser la flammèche poivre et sel qui a fait sa gloire auprès de ses petits-enfants. sa place stratosphérique dans l'organigramme le met, il est vrai, Ã  peu près à l'abri de toutes les ironies sur ses choix en matière d'esthétique. nul ne songerait à lui contester son droit à goûts de chiottes en matière de costards marrons, pochettes verdâtres, chemises saumons. et bien sûr, énorme moustache élégamment disposée en mouchoir de poche sous son nez de gascon, devant une bouche qu'on imagine lippue et légèrement violacée, au vu de sa complexion naturellement poreuse. le guidon de vélo est en effet l'homme de la situation, la carte qu'on espère au jeu de la bataille pour réduire son adversaire en anchoïade rémoulade, la leda atomica de la victoire du management éclairé sur la bêtise innée des salariés de base. sorti de la manche de la méga direction générale à la suite d'un long affrontement interne à la redaktion de grand hebdo, il a su, de fait, transformer une victoire en triomphe sans prendre le moindre coup. la mission s'annonçait pourtant difficile. a la suite de rumeurs - infondées, Ã©videmment, bande de naïfs - de remaniements du journal, de dépoussiérage d'une formule qui ne marchait plus, voire de délocalisation en thaïlande et de licenciements en série, les journaleux se mirent en grève. chose rare dans la presse, où le chômisme volontaire accompagne plutôt la nomination d'un liquidateur judiciaire, comme une sorte de chant du cygne crépusculaire. ici, on en était encore qu'à la rumeur. mais les journaleux, rassis du mépris en lequel ils s'estiment depuis trop longtemps tenus par miss gros l*l*s et ses affidés, Ã©taient bien décidés à prendre les devants. au bout d'un mois de dialogue et de permanence au café en bas, ils finirent par se rendre à l'évidence : la méga direction ne cèderait pas d'un pouce sur rien, nan nan nan. ils découvrirent à leurs dépens le goût des cristaux de sable sec dans l'opercule inférieur de leur personne morale. magnanime dans sa victoire sans conditions, la méga direction estima cependant de son devoir de les aider à cicatriser, tout en ruminant intramuros le ressassement de ses rumeurs rémanentes de projets de délocalisation en thaïlande. telle fut la difficile mission confiée au guidon de vélo, homme de la situation et atout maître, espace intermédiaire entre le marteau et l'enclume. infirmier des orifices enflammés de nos malheureux grévistes, ils se répandit en douceurs politiques, bouchonnant les organes rougis de notes de service alanguies, cautérisant leurs plaies à vif d'apaisantes diatribes, de plan d'évolution en planning décisionnel et programmation stratégique. il convia son universel troupeau à de lénifiantes agapes, organisa d'alléchantes présentations sur powerpoint, mit au point d'envoûtants séminaires de communication interne, destinés à rétablir un dialogue absolument indispensable à la réussite de l'autre partie de sa mission : éteindre l'incendie de la méfiance pour mieux lubrifier le passage de la rumeur à la réalité. le bulbe au commandes de ce guidon-là brille par son exquise diplomatie et son sens de l'effacement devant les idées d'autrui. c'est bien le moins lorsque votre employeur vous impose la délicate mission de lécher là où ça fait mal. il écrit ainsi dans son projet pour demain qu'après d'intenses consultations de l'ensemble des salariés sur l'avenir de grand hebdo, la décision sera confiée à lui-même et miss gros l*l*s et chef clown. comme ça, chacun aura son mot à dire. mais eux seuls auront le droit de ne rien entendre. ainsi, tout bouge mais rien ne change, ce qui est merveilleux. mon arrivée au sein de grand hebdo devait être bénie de ce grand homme. il était prévu une rencontre, purement formelle, certes, mais si importante pour moi : en effet, le guidon de vélo tient à connaître personnellement chacun de ses collaborateurs. le moindre moustique entrant par les conduits d'aération a droit à sa considération. pensez donc, alors, un réanimateur de prose défaillante, censé apporter sa pierre au rayonnement de grand hebdo pour les quelques mois qui lui reste à se survivre à lui-même avant sa renaissance de phénix ! je ne me formalisai donc point de ne point le rencontrer le jour-même de mon atterrissage dans ces locaux moquettés de gris des pieds à la tête. sans doute sera-ce pour plus tard, me dis-je, confiant, l'homme étant plongé dans d'intenses réflexions prospectives engageant l'avenir de tous. les premiers mois, je ne fis pas le rapprochement entre l'individu sympathique à l'imposante bagatelle moustachue qui venait chaque soir me serrer la main poliment et l'homme de la situation dont j'avais appris les exploits par radio moquette et lu les brillants pastiches sur le réseau de mon disque très dur. idées peu claires ou distance excessive de lui à moi ? on m'avait parlé du sauveur comme d'un homme rigide, muni de principes catholico-protestant solides, fondateur d'une famille nombreuse qu'il élevait à la sueur de son front. ce n'est que petit à petit que le guidon de vélo s'est imposé à moi comme le trait d'union indispensable entre le portrait de ce guide suprême et celui du discret besogneux qui me saluait de sa molle paume chaque soir, sans jamais se présenter. je croyais qu'il s'agissait de l'un de ces syndicalistes fouineurs en tournée quotidienne. il fallait y voir le souci constant d'un général pour le dernier de ses croisés. un souci discret dont on m'a rapporté la dernière saillie. c'est chef des aktus toujours sur la brèche qui me l'a dit. en conférence avec guidon de vélo un soir de bouclage, ce dernier lui demanda doucement : "mais qui donc est ce jeune homme si sérieux, constamment penché sur l'écran de son ordinateur ? et que fait-il donc parmi nous ?" je me sens honoré d'avoir suscité cette question dans un esprit si occupé par ailleurs. la mue du projet Ã  la réalité est en marche, à l'allure d'un vélocipède emballé. mais le guidon est tenu de main de maître. 17:00 publié dans les collègues | lien permanent | commentaires (0) | trackbacks (0) | envoyer cette note 05.05.2006 le pyjama il me fait penser à ce petit garçon qui aurait oublié de s'habiller en venant à l'école. on a tous fait ce cauchemar au moins une fois. souvenez-vous... l'entrée juleferryesque de la cour, les copains tout fiers de leurs dernières agathes, la jolie fille de la classe, pimpante en socquettes blanches. et puis soudain, horreur, la conscience de cet oubli essentiel. le sol qui se dérobe. pourvu que personne ne s'en aperçoive ! mais si. les regards pesants, les questions muettes, les sourires moqueurs, la tempête de rires qui enfle... j'ai oublié de m'habiller ! keski t'es arrivé, malheureux, t'étais tellement fatigué, tu t'es levé au pilote automatique, un bol de chocolat, trois mouillettes et t'es parti comme ça, en pyjama... cet escogriffe ensommeillé aux fringues tirebouchonnées mesure bien ses deux mètres. il a le front aussi ridé de plis soucieux que la meilleure caricature de gotlib. les mains comme des paluches, la fatigue et la pâleur du mec qui se couche inévitablement trop tard. et il fait le même travail que moi, mais en mieux. pasqu'en dépit de ma glande notoire, j'écluse la moitié de ce qui s'écrit dans grand hebdo de mes deux. lui se réserve la partie noble. une enquête de trois pages par ci, les pages kultur que personne, à part lui, ne s'aviserait de lire autrement. a moi tout le reste. mais c'est normal. le pyjama est un pro. il a "de la bouteille". son passé professionnel est tout retentissant d'exploits nombreux. il vient de la grande presse. ici, on murmure ces mots avec componction, d'un souffle poli. et en plus, il est 'achement mieux payé que moi, ce qui justifie tout. je le sais de source sûre : j'ai fouillé son bureau dans les moindres recoins. le pyjama n'a plus guère de secrets pour moi, côté pognon. c'est que lorsque je suis arrivé ici, bientôt trois mois, dites, on ne savait où me mettre. a l'occasion de ses vacances, le pyjama m'a donc offert son beau bureau rien qu'à lui pour une semaine tout entière. la planque est bonne : dans le coin en face d'une fenêtre, vue panoramique sur les cités du coin. ecran protégé des regards : on y écrit ce qu'on veut. on peut même jouer au flipper, si nécessaire. moi, ça ne me tente guère. alors que faire ? c'est là que l'atavisme reprend le dessus. j'suis pas journaleux par hasard. j'avoue, je le confesse : ne laissez jamais un tiroir à ma portée. evitez de me confier les clés de votre disque dur. je peux pas m'empêcher, c'est plus fort que moi... j'ai donc soigneusement fouillé tout ce qui était là, offert à ma grande curiosité. la première chose que j'ai dénichée, c'est sa fiche de paie : oh l'enfoiré !!! moi qui n'avais pas encore négocié le prix de vente de mon sang quotidien ! pour le même boulot que moi !!! j'en ai pris de la graine, quand le mammifère marin a essayé, d'emblée, de me décourager de donner le meilleur de moi-même, en me proposant un tarif de stagiaire débutant. "tu chipotes ! rajoute xxxxxx euros sinon c'est nan nan nan et nan" que j'y dis, avec un culot que j'me connaissais point. et l'animal, bonnasse, s'est plié à mon caprice. je l'aime ! le résultat ne me situe qu'à distance respectable encore du pyjama (manque encore 600 euros, raaaaahhhh). mais c'est le minimum, eu égard à son passé prestigieux dans la (chuuuuutt) grande presse. moi, peu m'importe, j'ai atteint le prix visé, minimum garanti pour assumer ma glandouille. la deuxième chose que j'ai trouvée, c'était les lettres à son banquier. là, j'ai songé qu'après tout, il les méritait bien ses 600 euros de mieux que ma pomme, le pyjama. car l'homme rédige un courrier de ministre pour gérer ses découverts multiples. et vazy qu'un de ces enculés de rond de cuir lui exige la somme de 0.25 centimes d'agio pour un découvert de 4000 euros en 1942, un autre 25 000 euros pour un découvert de 0.75 centimes en 1894 etc...  hého ! fopadékoné ! "cher monsieur, vous n'allez pas me faire l'affront de m'emmerder pour cette somme misérable que je vous empaffe tous, vous et tous vos collègues que j'en pense le plus grand bien, veuillez agréer." grand seigneur, le pyjama. non, je caricature, mais c'est bien des moeurs de banquiers, ça, pinailler pour rien. et lui, ça l'occupe de leur répondre. la troisième chose, c'était son inscription à l'anpe, son numéro assedic, le code secret de son dossier interrogeable à distance.... détails passionnants, s'il s'agissait de m. villepin et son complot raté (décidément, aucune classe, ce ministron !) mais moi, là, j'ai arrêté. respect, les gars. moi aussi, l'anpe, l'assedic, le répondeur Ã  la voix mâle qui insiste lourdement "vous êtes toujours à la recherche d'un emploi, mmmmh ? tapez un, sinon tapez deux...", toutes ces choses-là, je connais, trop bien, ma claque, rien à en apprendre. oh déprime mensuelle ! tiens, au fait, il faut que je m'en préoccupe, l'échéance arrive. dans son disque dur, il y avait beaucoup de choses aussi. des projets de magazines inédits, des plans de travail pour faire avancer lesdits projets, des projets de projets et encore des plans de travail sur ses plans sur la comète. rêver, ça nous fait tenir. je vous ai causé des tornades qui perturbent mon micro-climat mental. j'imagine que c'est pareil pour lui. peut-être qu'y s'est mis au blog depuis, j'en sais rien... bon, je glisse. tout ça, donc, m'a donné une idée plutôt intéressante du type. il n'a pas que l'imperméable tirebouchonné. chez lui, le laisser-aller est un art. son cauchemar pyjamesque se poursuit au quotidien. mais il l'assume, finalement. il laisse tout traîner. c'est pas moi qui suis fouille-merde : il savait parfaitement ce qu'il faisait en laissant tout ça derrière lui. il n'a rien à cacher, ça doit être ça. il se fiche de tout. et il palpe dur pour ça. on me l'avait présenté comme un "sale type pas sympa". pas d'accord ! en plus, on peut pas dire qu'il soit emmerdant. j'ai du le croiser trois ou quatre fois en bientôt, eh oui, trois mois bientôt. et encore, même pas dans les couloirs ! un jour que j'allais fumer ma clope dans l'escalier interdit, il était là, affalé en travers sur les marches, dépiautant soigneusement son filtre avant de ficher le mégot au coin tombant de sa bouche, moue perpétuellement écoeurée. on aspire-expire en silence quelques minutes. je m'aperçois qu'il porte des pantoufles sur ses grosses chaussettes blanches de tennisman. comme à la maison, quoi ! il s'étire façon vieux chat, me dit, "oh putaing, ce soir, les vacances. le sénégal." se lève et retourne derrière son écran bien planqué. il y a quelques jours, j'aperçois devant moi sur l'autoroute du boulevard la voile fasseyante de son imper crème. bien fringué, genre luxe même, le pyjama a le répondant pour ça. mais tout est toujours de travers dans cet univers de mauvais réveil. j'me laisse porter par mon pas alerte jusqu'à sa hauteur. j'essaie, maladroitement, d'engager la converse : "alors, pas trop de taf ?" je sais, dans le contexte, c'est une question vraiment très très conne. peu importe, j'ai rien compris à sa réponse. il marmonne. il grommelle, lâche des trucs vaguement dépités, ronchon, mal atterris. ou alors, c'est qu'il veut pas me connaître.   23:07 publié dans les collègues | lien permanent | commentaires (4) | trackbacks (0) | envoyer cette note 28.04.2006 l'homme descend du singe elle parle fort, très fort. elle braille, à vrai dire, comme si sa voix échappait à tout contrôle. blonde, un physique d'allumette anorexique. elle gesticule beaucoup. affiche une gouaille qui traduit sans ambigiûté son origine petite bourgeoise. se déplace à grands pas dans les couloirs feutrés de la redaktion. elle est sans doute l'un des rares éléments en mouvement dans cet aquarium d'êtres pensants, donc statiques. son rôle, c'est celui de la grande professionnelle. c'est ce qui la conserve, le travail, et une discipline de fer au service de la plus juste des causes : l'épilation. son corps, que je n'ai pas le moindre regret de n'avoir jamais aperçu en entier, doit être parfaitement glabre pour qu'elle s'y sente bien. la pilosité nuit à son état de nerfs. la lisseur de sa peau est ce qui la rend humaine. elle y a beaucoup réfléchi. son argument massue pour la défense de la crème dépilatoire tient en une phrase : l'homme descend du singe. elle, non. et elle lutte pour maintenir son avantage dans cette course contre l'animalité. elle s'en donne les moyens, avec ses séances d'arrachage intégral des poils et son maillot aussi impeccable l'été que hiver. le singe en elle, s'il survit encore, et sait-on jamais, à constater l'obstination de ces poils à repousser sans cesse, n'a aucune chance de prendre le dessus. elle le chasse à la pince à épiler, le poursuit dans ses derniers retranchements, le traque au rasoir philips et à la loupe miroir. hallali sur la fourrure ! non au singe ! vous ne le saviez donc pas ? c'est le prix à payer pour devenir plus qu'animal. et mieux que ça, même. pour être jeune et belle et professionnelle à jamais, comme la poupée barbie de la publicité narta d'autrefois, celle qui se levait aux aurores à paris, se saupoudrait d'un nuage de déo, s'envolait au caire pour l'interview d'un patron de supérette internationale et revenait le soir pour un repas aux chandelles avec son chéri, un mâle aryen tout autant qu'elle débarrassé de ces obscénités hormonales. c'est fou comme certains rêves se réalisent.   21:35 publié dans les collègues | lien permanent | commentaires (10) | trackbacks (0) | envoyer cette note 27.04.2006 j'me traîne... ... depuis ce matin. une chape de plomb sur les vertèbres, de l'eau entre les oreilles, les sentiments qui battent la tambouille avec mes doutes. non, j'vais pas vous parler aujourd'hui de securite, de candidature, de jobs lointains dans ile de rêve dont je n'ai pas le droit de dire que c'est au soleil, keskon en a à foutre, je regarde ce mur en face de moi, gris, orné de fines aspérités en polystyrène déprimé. tiens, ça me fait penser... tout à l'heure, le clown, le vraiment big chief of the redaktion, le supérieur stratosphérique de miss gros l*l*s, est venu me voir : "tout va bien ? dimoi, ça t'embête pas trop d'être face à un mur ?" c'est quoi ça, une connerie, une image, une provocation ? ou simplement la constatation d'une curiosité géographique due à l'aménagement contre nature de cet immeuble ? faible sourire de - serviteur. "oh non, le mur me dérange pas. devant il y a un écran et il s'y passe plein de choses", que j'y ai répondu, poliment. en fait, il s'y passe surtout que je m'y répands en jérémiades sur blogsupermignon. le boulot s'entasse, mais au moins demain j'aurai l'impression d'avoir quelque chose à faire. toute une stratégie. le clown n'a jamais rien à dire, mais ça ne l'empêche pas d'ouvrir sa gueule. c'est une loi du métier : globalement, les journaleux n'ont pas de couilles, leur plus grand plaisir réside dans leur versatilité, et le volume de mots dont ils s'entourent. normal quand le summum du professionnalisme consiste à écrire tout et son contraire du jour au lendemain avec la même force de persuasion qu'un missile atomique intercontinental lancé sur la face de rat de ces enculés de chinetoques, demain ces frimeurs du trou du cul du fond de leur race d'iraniens et pourquoi pas les bretons tant que vous y êtes, précurseurs du mouvement communautariste dont on voit si joliment les ravages dans l'esprit des commentateurs de commentateurs. le clown a une autre particularité. outre le néant de son cv, cet ex-éditorialiste d'un défunt et oublié journal pro européen, aussi gris et terne que sa propre fantaisie d'animalcule le rend, lui, presque drôle dans le regard de ses collaborateurs les moins décillés (moi par exemple - je sais, je fais des phrases 'achement compliquées, mais c'est pour masquer le vide sidérant de mon esprit en cette fin d'aprème languissante) a l'inestimable chance de posséder une ascendance nobiliaire. l'un de ses lointains ancêtres cul-terreux ayant gagné une particule à la grande loterie de la naissance, notre clown local a donc pour principal sujet de fierté... d'exhiber le patronyme de son grand-père, premier de la famille inscrit au who's who. eh oui, le journaliste versatile et pompeux possède aussi une belle âme d'enfant... certains nous gavent avec la grosseur de leur puce informatique. lui, c'est "la gloire de mon grand-père" qui lui tient lieu d'exigence dans la vie. imaginez la scène, cet homme souriant de toutes ses dents bien entretenues, sa petite bedaine correctement sanglée dans une chemise impeccable, une légère rougeur sur son visage de rongeur satisfait, déboulant dans votre bureau pour vous expliquer, le plus sérieusement du monde, que les armoiries de sa famille sont inscrites aux monuments historiques et que son grand-papa, qu'il n'a jamais connu, hélas, a intronisé la lignée dans le prestigieux annuaire du tout-gratin mondial. ah boooooon ? mais c'est dreulement inteureussant, ça, meussieu leu clown ! et donc, le voilà qui s'intéresse aussi à mon confort panoramique. a moins qu'il ne me tende la perche pour évoquer l'issue fatale de ce cdd dans six mois et quelques... mais je ne crois pas. l'animalcule n'a pas cette forme d'intelligence là. quant à moi... les toits du huitième étage ne sont pas si loin de cet écran où blogsupermignon m'assaille de ses facéties baladeuses. pour les voir, il me suffit de tourner la tête vers la gauche. que m'importe donc ce mur... bon, pour l'instant, mon collègue installé au pied de la baie vitrée discute avec une personnalité de cette rédaktion dont il faudra que je vous parle un jour, la bien nommée l'homme descend du singe. leurs murmures étouffés par la moquette ("mais keske ça veut dire cette phrase, bordel ? kesk'elle a voulu dire ?" - ce sont là les principales interrogations qui parsèment notre vie débridée de fabricants d'infos à la volée) couvrent les roucoulements des pigeons qui ont élu domicile sous la corniche des toits. ces animaux-là font un drôle de barouf avec leur rut permanent.   21:30 publié dans les collègues | lien permanent | commentaires (1) | trackbacks (0) | envoyer cette note 25.04.2006 le repas des fauves quand elles sont en appétit, les quiches se mettent à brailler. elles commencent au fond du couloir, se déplacent en troupe agglutinante vers la cage des ascenseurs, ramassant leurs collègues au passage. et là, en attendant l'arrivée du monte-charge jusqu'au 8e étage où se terre la rédac, elles mettent sur la table un sujet important : "ouche k'on bouffe c'midi ?" une piaillerie : "ouche ke vous zallé, les yopines ?" "ah ouiche, oucha ?" histoire de se faire les crocs avant les conversations apéritives en détaillant le menu. je sais pas pourquoi, mais ça me coupe l'appétit cette rumeur gloutonne. c'est comme si d'un coup m'enrobait une odeur de frites, de steaks saignants, de sauce au poivre, de confit de canard, d'oeuf mayo, d'andouillette aaaaa. pouah ! keskejé aujourd'hui ? un dégoût me noue l'estomac. je rêve d'île déserte. de fruits frais, d'un verre de bissap, d'un jus de goyave. d'une brise légère sur mon visage hâlé. de vagues bleues moutonnant à l'infini. d'un chapeau de paille sur mes yeux mi-clos. la journée commence. on m'y reprendra à débarquer au bureau à l'heure du repas des fauves. 12:55 publié dans les collègues , un jour au taf | lien permanent | commentaires (0) | trackbacks (0) | envoyer cette note 24.04.2006 miss gros l*l*s je l'ai connue plus jeune. a l'époque, elle portait fièrement son décolleté plongeant. le visage rond, les cheveux crépus et très noirs, les yeux en amande, légèrement exorbités, laissant affleurer une sensibilité un brin troublante et, surtout, ce sillon naissant sous le col en v... il laissait présager la rondeur de ses mamelles, pas de ces poumons élastiques remplis de silicone, non, de jolis pommelots poirés, au museau audacieux, à la truffe couleur brique, eu égard à sa peau mate. bref, n'ayant rien d'autre à faire tandis qu'elle m'expliquait comment, pigiste de retour à la capitale après une année de galère en province, elle allait mal me payer pour un boulot infernal, je laissais glisser mes yeux par cette ouverture-là, nettement plus séduisante que les perspectives d'avenir qu'elle m'offrait, à l'époque comme aujourd'hui, d'ailleurs. les années ayant passé, quelque chose a changé chez miss gros l*l*s. elle a pris du poids dans tous les sens du terme. la gravité aidant, ça se distend côté physique. j'aimais bien le côté mollasson qu'elle avait autrefois, ça lui donnait quelque chose de sensuel (enfin, en comparaison de mes employeurs habituels). je l'imaginais comme une courtisane biblique (le côté feuj), païenne sur ses coussins, qui sent un peu sous les bras, mais c'est encore meilleur, c'est animal, les poils crissent... bref, je m'emballe (n'allez surtout pas croire ce que je raconte. miss gros l*l*s ne m'a jamais inspiré une telle avalanche de fantasmes. c'est juste une illusion d'optique, une private joke. un fantasme de fantasme, pour tromper l'ennui). et aujourd'hui ? adieu donc la sensualité, le mol abandon de la chair souple, le corps dodu, tout prêt à l'alanguissement. c'est devenu flasque, blanchâtre, matronne. la peau est toujours très belle, mate, sans imperfection. mais le décolleté a disparu sous l'uniforme noir de la patronne qu'elle est devenue. au mental, la hippie gentillette, connue pour sa glandouze, ses papotages au café en face ("la crise américaine, t'en penses quoi, toi ?" "oh, ben, euh..."), son penchant pour la grass'mat' et le travail en nocturne, bref, cette miss gros l*l*s-là a laissé la place à une sorte de veuve noire, qui terrorise ses subordonnés, s'entoure d'une armée espagnole de "gros bras" (ectoplasmiques ou mammiféreux) qui la protègent des femelles de la rédation (je la comprends, faut dire), pressure ses troupes et multiplie les signaux à leur intention pour bien faire comprendre ce qu'elle pense d'elles et d'eux. je n'ai pas assisté à la transformation en direct. j'en ai eu des témoins. comme quoi, c'était vraiment une grosse salope, cette gonzesse. glaciale, méchante, insultante.... dire qu'elle était tellement cool, et coulante et... ! ouai bon, et alors ? c'est le pouvoir, faut croire. maintenant, elle est puissante. elle en a enculé plus d'un sur son passage (tiens, j'me souviens de cet éditeur faiblard à qui elle a siphonné une bonne moitié de son chiffre d'affaires pour une collection de bouquins qui n'ont jamais vu le jour ! fendard !) mais tout ça, c'est des trucs de boulot. c'est presque normal : arrêtez de critiquer ou de jouer les prudes, hein. faut savoir grimper dans la vie. elle a du talent pour ça, miss gros machins. une femme de réseau. je l'envie pas, je l'admire pas, j'en ai rien à foutre : c'est tant mieux pour elle. les crétins qui râlent dans son dos sont tous grassement payés et ils arrivent au boulot à l'heure qu'ils veulent : est-ce qu'il y a vraiment de quoi se plaindre ? hein ? bon, alors... moi, j'ai jamais eu à souffrir du changement climatique de la veuve noire. je suis satellisé en orbite de miss gros l*l*s, la planète (mam)maire. l'année dernière, j'ai recommencé à travailler pour elle, à distance. on s'appelait de temps en temps. pas de discussions de café sur la crise américaine ou le déclin de la jeunesse ou l'éducation qui n'apprend plus rien (non, ça, c'est pour dans quelques années, encore un effort, miss d*coll*té !) un salaire correct. et puis, cette période s'achevant, miss gros l*l*s m'a proposé ce cdd. ah, j'ai bondi sur l'occase, pour sûr. bon salaire, petit travail etc... j'vous ai déjà donné l'essentiel des détails. mais c'qu'y'a de drôle, c'est que depuis mon arrivée entre ces murs moquettés et ces néons grisâtres, c'est tout juste si ma miss chérie m'a adressé la parole... pour ça, en effet, il faut au moins déjà se voir. et miss chérie nous fuit comme la peste, on dirait, nous, ses modestes collaborateurs. les toiles d'araignée, je le sais maintenant, défient les lois de la physique : le centre y est synonyme d'éloignement. 22:00 publié dans les collègues | lien permanent | commentaires (0) | trackbacks (0) | envoyer cette note 22.04.2006 l'ectoplasme il flotte un brin dans son costume gris. le cheveu rare, la barbe toujours naissante, drue et blanche, de l'allure : élégant sans ostentation, légèrement, abstraitement négligé. surtout, d'une discrétion remarquable. on ne le voit jamais. certains le soupçonnent de disposer de son propre escalier ou ascenseur, dans un coin reculé de l'immeuble. on pourrait aussi l'appeler le passe-muraille. il en a la couleur. a moins que, par mimétisme, il n'ait pris celle de la moquette du bureau. vous allez dire que je manque de mordant par rapport à mes supérieurs, mais celui-là aussi, tout comme le mammifère, je l'aime bien. j'ai l'impression qu'il fait partie de ma vie. peut-être justement en raison de son invisibilité absolue. non, non, pas seulement, j'ai des raisons objectives. d'abord, le type est plus intéressant qu'il n'y paraît. c'est qu'il cultive son mystère. en plus de l'histoire de l'ascenseur particulier, on le soupçonne d'être musulman. les périodes de ramadan, il erre dans les couloirs, le teint plus grisâtre que jamais. rien d'extraordinaire en soi. sauf qu'on se dit : mais qu'est-ce qui a pu pousser un mec a priori intelligent, ex-journaleux d'un grand quotidien national, vers une religion, quelle qu'elle soit ? ca, on le saura pas. mais ce qui n'était qu'un soupçon s'est trouvé confirmé il y a quelques années. en fait, l'ectoplasme m'a été utile en m'offrant spontanément un contact dans un pays d'afrique à une époque où je partais faire le mignon pour france soir, il y a lurette. me voilà débarqué à ville d'afrique dont je tairai le nom Ã  la recherche dudit contact. je tombe sur une sorte de pape local, homme d'influence respecté dans sa communauté, voix grave, physique impressionnant. cinq fois par jour, il déroule son tapis sur la terrasse et hop, prière, avec ou sans les copains. bon, j'lui cause un peu de l'ectoplasme : en fait, je connaissais ni l'un ni l'autre. c'est toujours utile de se rencarder. les deux se sont connus en échangeant leurs épouses respectives. et ils élèvent chacun les enfants qu'elles ont eus avec l'autre. situation complexe, l'un à paris avec l'ex de l'autre, l'autre à ville d'afrique dont je tairai le nom avec les enfants du premier ou un truc comme ça... le pape local a fini par me confirmer que l'ectoplasme était bel et bien converti. mais il s'est refusé à me dire à quelle confrérie il appartenait. pour plus d'iunfos sur les confréries, notamment africaines, consultez donc wikipedia. retour au présent. pourquoi je l'aime bien, l'ectoplasme ? parce que, comme le pape, je crois que celui qui est bon pour moi dans cette vie présente me remercie d'un service que je lui ai rendu dans une antérieure ? pas impossible. moi, le mysticisme, ça m'a toujours attiré. surtout dans ce quotidien dégoulinant d'inutilité matérialiste. boh, après, il y a res raisons plus actuelles. les compliments de l'ectoplasme sur "le fabuleux travail que tu fais pour nous". le fantôme m'a dit ça il y a quelques semaines. je lui rendais une copie griffée sans croire vraiment à ce que j'étais en train de faire là. normal, j'arrivais... j'me dis in petto : comment peut-on affirmer des choses pareilles alors qu'il est quand même bien évident qu'on fout rien de la sainte journée ? c'est pas possible qu'il y croie. oo alors, bon sang, mais c'est bien sûr, c'est qu'il y trouve un intérêt particulier. bref, il l'a dit, je n'ai trouvé la réponse à aucune de mes questions et elles n'ont aucun intérêt sauf celle si : ce type peut-il constituer un allié potentiel dans ma quête contemporaine de la securite et du cdi ? il faudrait pour ça qu'il sorte du mur où il s'est fondu. hé ho, reviens ! j'ai les mêmes à la maison ! 22:00 publié dans les collègues | lien permanent | commentaires (0) | trackbacks (0) | envoyer cette note 21.04.2006 le mammifère marin je l'aime bien. c'est mon supérieur direct, avec l'ectoplasme. a eux deux, ils font un peu vieux couple, genre "carotte et bâton", sauf qu'ils ne font pas peur à grand monde. le mammifère, c'est le côté utérin, maternel. gentil, rondouillard, la main douce et le geste enveloppant. pour le physique, c'est pareil, tout rond, la soixantaine, le cheveu argenté, dru et court, auréolant la tonsure. les grosses lunettes en cul de bouteille, rondes. le sourire, un peu abîmé par l'abus de clopes, qui s'arrondit vers le haut tandis que la tête penche dans une expression mi apitoyée, mi tendre-amusé, quand il demande "et comment ça va ce matin" ? c'est un mec hyper attentionné, faut dire. "tout va bien ? t'as pas trop la pression ?" vous en connaissez beaucoup, vous, des supérieurs hiérarchiques qui se préoccupent de vos états d'âme ? vu que j'en glande globalement pas une rame, j'suis toujours un brin gêné de lui répondre. "le rythme est bon, je crois" - oui, c'est ça, je crois, j'en suis pas trop sûr, je garde des munitions de réserve, on ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve. son autre grande phrase, c'est "lisser". on lisse tout : surtout ne pas "plonger les mains dans le cambouis" avec lui. mais se contenter d'un "lissage". c'est chic, ça nous donne des airs de charpentiers ou d'équarrisseurs. et pourtant, ce mec, j'l'aime bien. une fois on a été bouffer ensemble. c'était peu après l'accroc avec louis quatorze et sa perruque hommasse. ah, il s'agissait sans doute de "lisser" un peu la façon trop abrupte dont je prenais mon job à pleines mains... donc on se retrouve dans un petit resto du coin et c'est parti, "une fillette, max, tu nous remets-ça". le mammifère n'a rien compris à la tendance bio-écolo-sain de corps et d'esprit. va pas s'emmerder avec ça, à son âge. clope sur clope, chopine sur chopine et encore une louche de cette excellente daube marinée, un délice, tu m'en diras des nouvelles. "tu vois, cette table, c'est une des meilleures du coin, j'y viens même quand je bosse pas". sentencieux, le nez au fond du verre. distiller des conseils de prudence de cette façon, ça impose du respect. c'est un bon journaliste, le gars. on le sent, il aime parler, il adore faire parler et il ne manque jamais d'une remarque ou d'une anecdote marrante pour relancer la machine. on a papoté deux ou trois plombes, foutu 100 euros en l'air aux frais de la nounou entreprise, et on est rentré au taf complètement paf. l'après-midi, j'ai suivi ses conseils. me suis foutu les pieds sous le bureau, la panse pleine. j'ai ouvert un texte, j'ai fait oh! et hop, je l'ai refermé, apposé ma griffe et lâché en vol plané dans la banette destinée aux maquettistes. j'ai eu l'impression que j'avais progressé : apprendre à en faire très peu, c'est la base de mon job actuel. c'est vrai, je suis hyper sincère ! c'est de l'art absolu de changer radicalement quelque chose en manipulant le moins possible les zigouigouis d'un texte. seul un débutant intégral pique des crises de nerfs et se laisse déborder en voulant imposer sa marque au moindre paragraphe qui lui passe sous les yeux. un professionnel éreinté, rompu à tous les coups bas, se contentera d'une virgule, d'une phrase au début, d'un synonyme... et ça marche : des fois, le miracle s'accomplit. pitain, j'ai fait oh! et toc : le texte a miraculeusement changé sous mes yeux ! c'est de la magie. il suffit parfois de regarder le texte assez longtemps pour l'aliéner complètement sans avoir d'autre contact avec lui que visuel. voyez, faut que j'révise mon opinion. en fait, je suis carrément mal payé pour vivre un tel niveau d'expérience mentale. c'est donc au mammifère que j'ai eu la politesse de m'adresser pour savoir si, oui, quand, et comment, mon magnifique cdd se transformerait-il un jour en boulevard vers la retraite (à peine 20 ans à tirer encore, faut s'y préparer, ne pas louper la sortie etc). sourire en coin et tête penchée, voix doucereuse, doigt épais pointé vers le mur ouest de son bureau en enfilade (où il passe environ un tiers de son temps à jouer au flipper - mais il n'est pas souvent dans son bureau à vrai dire) : "elle (miss gros l*l*s) fera son casting en mai-juin. je te promets d'essayer de faire avancer les choses." ce gars-là m'a mis dans sa poche. dès le début. il met tout le monde dans sa poche. tout le monde l'aime. on sait qu'il est pas fiable : quand il faut, il trahit sans difficulté, forcément, question de pesanteur, il penche toujours dans le sens de la pente, du vent et des humeurs de miss gros l*l*s... mais ça n'empêche pas. ses poches débordent. il est bourré de bonnes intentions. on l'aime. je fonds. je voudrais tant qu'il m'aime ! oh pitain, il est temps d'aller bouffer. seul... bouh ! 12:50 publié dans les collègues | lien permanent | commentaires (0) | trackbacks (0) | envoyer cette note  

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