marine-olivia - sortir du placard
marine-olivia - sortir du placard
sortir du placard :
bilan, lettres et méthodes :
le premier qui dit se trouve toujours sacrifié
d'abord on le tue
puis on s'habitue
on lui coupe la langue on le dit fou à lier
après sans problème
parle le deuxième
le premier qui dit la vérité
il doit être exécuté.
un jeune homme à cheveux longs grimpait le golgotha
la foule sans tête
etait à la fête
pilate a raison de ne pas tirer dans le tas
c'est plus juste en somme
d'abattre un seul homme.
ce jeune homme a dit la vérité
il doit être exécuté.
belles paroles en vérité que celles de guy béart: "le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté !"
car c'est bien de vérité dont il est ici question. il ne fait aucun doute que si les dysphories du genre étaient largement répandues, leur nombre aurait entraîné des recherches sérieuses, une qualité de traitement améliorée et que leur acceptation serait totale. cette "vérité" étant admise, nous n'éprouverions plus cette "honte", cette confusion à la simple idée d'en parler. est-ce que cela est dû au fait que ce trouble est lié au sexe ? sans doute. cela étant, les syndromes de benjamin ne sont heureusement, ou malheureusement, pas si fréquents et il faut donc les classer parmi les maladies orphelines ou, plus généralement, comme une affection minoritaire (plus ou moins visible).
au delà des apparences, rien n'est drôle dans cette histoire, rien n'est plaisant; faire fantasmer tous les tordus de la terre et s'indigner ceux qui croient que nous en éprouvons un quelconque plaisir est une malédiction supplémentaire.
imaginons un peu un jeune cadre dynamique, marié, père de deux beaux enfants, apparemment heureux et bien dans sa peau, qui pète un jour les fusibles et qui, du jour au lendemain, annonce à tout le monde qu'il ne supporte plus son sexe actuel qui est en totale contradiction avec son genre psychologique. je simplifie un peu mais ça évoque quand même un cataclysme de type "nucléaire".
quelles vont être les conséquences de sa sortie du placard ? renaissance ou catastrophe ? probablement un incertain mélange des deux...
commençons tout d'abord par le début: je préfère le terme "sortie du placard" à "coming out" car il est non seulement moins "branché ghetto" mais il me fait également penser au film "le placard"; un très bel exercice sur la comédie humaine.
quitter ce "placard" où nous nous cachons de notre mieux est quelque chose que nous sommes toutes amenées à
faire, un jour ou l'autre, car notre véritable identité a besoin d'être connue pour que nous puissions enfin exister. en dehors de considérations philosophiques mettant en scène des anachorètes vivant parfaitement heureux dans leur grotte, les êtres humains n'ont d'existence que par rapport aux autres; c'est le regard que chacun porte sur "l'autre" qui forge une identité. or donc, non seulement, les ts n'acceptent pas leur sexe biologique mais doivent également affronter le poids des mille regards quotidiens qui accentuent encore ce malaise. mais, comment faire remarquer à la boulangère qui vous dit "monsieur" qu'elle se trompe ? c'est effectivement très difficile.
ayant longuement exploré les domaines du secret et de tout ce qui touche à la dissimulation, je dois dire ici que le poids d'un secret ne pèse que sur les épaules de la personne qui le porte. au fil du temps, ce poids se fait plus lourd du simple fait de ne pouvoir être partagé; comme le serait une charge réelle portée sur le dos et dont la masse s'accroîtrait régulièrement. arrive un moment où il est impossible de garder ce secret plus longtemps.
la transidentité fait sans doute partie des choses les plus difficiles à exprimer car elle est environnée de préjugés, de moqueries et de fantasmes. elle est souvent considérée comme une folie alors qu'elle n'est qu'un dysfonctionnement du corps par rapport à l'esprit; ou bien l'inverse. si, selon les personnes, ce dysfonctionnement se manifeste plus ou moins tôt et plus ou moins fortement, il est toujours emprunt d'une épaisse couche de culpabilité. même si on ne sait pas vraiment pourquoi, nous pensons toutes à un moment ou à un autre que "c'est mal". annoncer que l'on ne supporte plus son corps ainsi sexué est considéré comme un véritable drame... et en vérité ça l'est. les parents et les ami(e)s qui sont confrontés à cette annonce peuvent réagir de manière très diverses et parfois surprenantes. le moment du choc passé, des images, des craintes se forment rapidement dans les esprits: "vie gâchée" et "scandale" sont les pensées qui viennent immédiatement à l'esprit chez la plupart de ceux qui, s'ils nous aiment, appréhendent également le "qu'en dira t'on". chez d'autres, j'ai remarqué un grand calme et une réelle compassion; une amie un tantinet bouddhiste me disait que ce n'était pas les nouvelles qui faisaient mal mais que c'était la personne qui écoutait qui se faisait mal à elle-même. nuance ;-)
sortir du placard est un excellent moyen de faire un tri parmi ses ami(e)s, ses copains, ses connaissances et ceux qui vous sont parfaitement étrangers. des changements de catégories seront sans doute à prévoir à la suite de cette révélation.
quand on a la gorge nouée et quand son petit vélo cérébral s'emballe à l'idée de "confesser" - au sens très commun du terme - son grand secret, il n'y a rien de pire que de ne pas trouver de moyen satisfaisant. "lettre" ou "tête-à-tête" ? mmm, la première est un peu lâche et puis il faut quand même trouver le courage de la donner; l'avantage est qu'elle permet de mieux structurer sa pensée en passant de longues heures devant son ordinateur, à réfléchir sur ce qu'il convient de dire et sur ce qu'il faut cacher... car il est rare, de peur de blesser ou de choquer davantage, que toute cette énorme vérité enfouie au fond du puits sorte en un seul morceau.
le tête-à-tête est plus franc mais nécessite un énorme courage; et il en faudra encore bien plus pour passer au travers de toutes les étapes qui suivront. pour ma part, j'utilise habituellement cette méthode car elle permet de mieux adapter son discours par rapport à la personne. une lettre du type "maman, papa... je suis une ts" peut être une bombe nucléaire dans une famille alors qu'il est toujours possible de modérer son propos et de rassurer de vive voix.
je me souviens des premières fois où j'ai commencé à ouvrir la bouche pour laisser sortir cette vérité sous pression. c'était affreux ! je tremblais, j'avais la gorge sèche, je bégayais, je sentais mon coeur battre la chamade et je retenais, mal, mes larmes.
les médecins, qui en voient de bien plus sévères que ça dans l'exercice de leur métier, furent les premiers à bénéficier de cette vérité... puis vint le tour de ma maman.
plus les personnes à qui on en parle sont proches et plus c'est difficile... alors une maman...
j'ai longuement tourné autour du pot, donnant des indices, parlant prudemment de "dysphorie", de malaise, de syndrome de benjamin et d'autres termes qui ne lui disaient rien du tout; bien qu'elle ait longtemps travaillé dans le domaine médical. et puis, plus le temps passait plus je réalisais que ce silence me tuait tout simplement; ma pudeur mal placée et mon impossibilité d'aligner quelques mots pour lui dire "maman, il faut que je te parle de quelque chose de grave. je ne vais pas bien et je suis en train de péter les plombs à cause de ça. j'ai toujours eu le sentiment qu'il y avait eu une erreur me concernant et, aujourd'hui, je ne supporte plus cette identité masculine. tu pensais avoir mis un garçon au monde, ce n'est malheureusement pas le cas et je vais devoir entamer une transition pour réparer cette erreur" me condamnaient à sombrer dans un gouffre obscur et sans fond.
je n'ai bien évidemment pas procédé ainsi car, malgré le côté "clair et concis" de la méthode, c'était quand même très effrayant pour une personne qui était tranquillement en train de lire son journal ou de faire un peu de cuisine. et pourtant, il a bien fallu que "ça sorte". a force de pleurnicher, de donner des "indices" de plus en plus précis, de dire par exemple: "c'est quelque chose qui te fait sourire chez les autres mais que tu n'aimerais peut-être pas avoir chez toi" (en référence à une émission avec amanda lear qui avait été récemment diffusée), elle a fini par me demander avec un soupçon d'inquiétude:
-
tu veux te transformer en fille ?
ouf ! là, à cet instant précis, j'ai senti l'énorme pression accumulée descendre très rapidement. je l'ai regardé en souriant et n'ai plus rien dit pendant quelques interminables secondes. maintenant qu'elle savait, il allait falloir parler, longtemps, expliquer inlassablement et surtout rassurer celle qui m'avait mise un jour au monde et qui était, aujourd'hui, si inquiète pour moi.
tout ce cheminement dans l'acceptation ne pouvait se faire en un jour ou en une semaine et, si elle a maintenant réalisé qu'il ne s'agit ni d'une plaisanterie, ni d'un caprice mais d'un réel problème aux multiples causes, il y eut des moments difficiles.
un jour, alors que nous étions en voiture et que nous avions une discussion un peu vive sur un sujet probablement sans importance, elle s'emporta et me dit:
- quand on fait des choses comme celle que tu es en train de faire, on a rien à dire !
choquée, je me suis arrêtée sur le bord de la route. je pensais que tout était clair entre nous mais je venais de réaliser qu'elle n'avait pas encore accepté la situation. j'ai répondu.
- c'est toi qui fais quelque chose de mal en ce moment. depuis quelques jours, j'ai remarqué que tu m'as dit à plusieurs reprises que j'étais fou et j'ai l'impression que tu m'en veux. a chaque fois que tu me dis ça, tu me fais du mal et je n'ai vraiment pas besoin de ça. je ne peux rien y faire,je suis comme ça. je ne te reproche pas ton cancer, alors pourquoi me dis-tu ça ? j'ai besoin de ton soutien pas de tes reproches.
il m'a fallu une demi-heure pour cesser de pleurer devant ce que je considérais comme un drame auquel venait se rajouter un profond sentiment d'injustice. pas très pratique quand on est en route pour faire des courses...
aujourd'hui, les choses semblent se normaliser et ma maman a réalisé que je suis toujours son enfant; à la fois le même et pourtant un peu différent. j'ai remarqué que nous parlons de tout plus ouvertement et que nos rapports semblent s'en être renforcés.
il faut du temps pour nous accepter nous-mêmes, alors soyons aussi patientes avec nos proches et laissons-leur également le temps de comprendre et d'accepter cet inhabituel comportement humain.
a l'évocation de ces événements, j'espère qu'il sera possible à celui ou à celle qui est étranger à ce problème de mesurer le désarroi que l'on peut ressentir face à cet étrange trouble. sortir de cette prison du corps, de l'esprit et de la parole est un combat acharné fait de quelques victoires souriantes et de nombreuses défaites pleines d'amertume. récupérer notre véritable identité, celle de notre genre psychologique, est à ce prix.
a quel moment faut-il parler ?
la réponse qui vient immédiatement à l'esprit est "quand le moment est venu"; c'est le plus souvent une affaire d"'instinct". qui plus est, il ne peut y avoir de règle précise car tout dépend des personnes et de leur entourage. ce peut-être très rapidement, lorsqu'on ne supporte plus ce mensonge permanent qui consiste à jouer un rôle qui n'est pas le sien et où l'on sent son équilibre menacé. ce peut-être également plus tard, lorsque les modifications corporelles commenceront à provoquer des interrogations et des commentaires.
les facteurs de décision sont multiples: psychisme, âge, situation familiale, économique... les personnes majeures pourront commencer par consulter un psy compétent (ce qui n'est pas si facile à trouver) avant d'en parler à leur famille, à leurs proches; quant à celles et ceux qui sont encore mineur(e)s, elles/ils n'auront guère d'autre choix que d'en parler à leurs parents ou à un adulte en qui elles/ils ont entièrement confiance (ami(e), parrain, marraine, prof...); ce qui est souvent plus facile à faire que d'affronter le regard d'un père ou d'une mère.
la question se pose aussi de savoir s'il est nécessaire d'en parler avant le début du parcours et, plus particulièrement avant le début du traitement hormonal.
après tout, à quoi bon se lancer dans le grand bain avant d'avoir enfilé son maillot ? rien n'est encore une fois obligatoire mais il ne faut en aucun cas que les personnes concernées puissent penser que leur enfant ou leur ami(e) proche leur ment. il en est de même en ce qui concerne les "confessions" tardives"; alors que le traitement est déjà commencé. si l'un(e) de vos ami(e)s vous regarde et vous trouve "changé(e)", il faudra saisir la perche tendue et parler car cette "occasion" ne se reproduira peut-être plus. ce sont des moments imprévisibles auxquels il faut pourtant se préparer. la confiance et le soutien que nécessite la transition nous commandent, non de le crier sur les toits, mais de se confier aux personnes que nous aimons ou avec lesquelles nous travaillons; et cela en début de transition.
s'habiller avec bon goût et discrétion est une chose, mais planifier une transition en cachette (en se disant "je referai surface quand tout sera terminé") est une totale utopie; c'est le meilleur moyen pour s'isoler et définitivement perdre ses ami(e)s.
toutefois, avant de parler, d'ouvrir son coeur et de révéler ce secret qui pèse tant, il faut prendre le temps de faire le "tri"; de se connaître soi-même, de savoir ce que l'on a à dire et de s'y préparer comme à un examen. ce syndrome de benjamin est très perturbant d'un point de vue psychique, émotionnel et physique. mettre préalablement ses idées en "ordre" est indispensable pour pouvoir espérer obtenir un accueil bienveillant.
les lettres:
si les lettres peuvent être assimilées à des missiles, cela ne signifie pas qu'elles ne
sont d'aucune utilité et qu'elles ne doivent pas être utilisées. la plus belle lettre que j'ai pu faire a été celle qui était destinée à un ami, michel, qui réside à bruxelles. je ne concevais pas que mon meilleur ami puisse ignorer ce qui se passait; c'était une question d'honnêteté. sa réponse, m'assurant de son amitié indéfectible, a été comme un baume sur mon coeur... bien que j'ai eu très peur en l'attendant.
vous pouvez la télécharger et l'utiliser en la modifiant pour créer la votre.
- lettre à michel ( fichier word ).
- réponse de michel ( fichier word ).
gardez toujours à l'esprit que faire part de votre dysphorie à quelqu'un c'est perdre le contrôle de cette information. différentes stratégies peuvent être mises en place en fonction des buts recherchés, mais, une fois lancée, la nouvelle ne pourra que se répandre. c'est une décision qu'il faut prendre... mais pas n'importe comment.
d'autres lettres viendront s'ajouter à cette très courte liste et j'essaierai de récupérer et de traduire celles qui se trouvent sur des sites anglophones. si vous en avez à partager (merci de retirer toutes les informations personnelles), vous pouvez me les envoyer par mail à l'adresse suivante: marine-olivia@wanadoo.fr
a suivre... :
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