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subject
[lmsi] usages et maléfices du thème de l'a isémitisme en france (seconde partie
date
thu, 16 nov 2006 17:08:03 gmt
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usages et malefices du theme de l'antisemitisme en france (2nde partie)
réflexions autour du rapport rufin
http://lmsi.net/article.php3?id_article=586
par joëlle marelli
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dans cette seconde partie, joëlle marelli se penche sur un rapport
consacré à la lutte contre l'antisémitisme, commandé en juin 2004 par le
ministre de l'intérieur dominique de villepin, et rendu public au mois d'octobre
suivant.
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(nota: ce texte peut être lu en ligne avec de nombreux mots en italique omis
par l'envoi en texte brut)
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son auteur, jean-christophe rufin, a remis ledit rapport au mois d'octobre
2004. la page de garde indique que la lettre de mission date du 29 juin
2004. en trois mois et demi donc, l'écrivain, qui reconnaît dans ses
remarques préliminaires qu'il en « savait peu » sur le sujet - louable aveu
dans un monde où l'expertise autoproclamée est la règle - a pu fournir un
texte analysant les phénomènes du racisme et de l'antisémitisme et proposant
des mesures de lutte contre ces fléaux. il est vrai que peu ou aucune de ces
mesures n'ont été retenues par la suite et que l'exercice est donc resté
lettre morte, ce qui d'une certaine manière est heureux tant les présupposés
de rufin, et donc les conséquences qu'il en tire, sont gravement
problématiques à défaut d'être sérieusement problématisés.
si je choisis de m'intéresser à ce texte, c'est qu'il me semble témoigner
avec une bonne dose d'inconscience, non seulement de l'emprise acquise par
la terminologie et les catégories élaborées par pierre-andré taguieff [1],
mais aussi de ce travail de projection par lequel l'antisémitisme est
systématiquement imputé, parmi les français, à ceux qui sont issus de
parents ou de grands-parents originaires du monde arabe - ainsi qu'à ceux
qui défendent ce qu'il est convenu d'appeler « la cause palestinienne ». il
va de soi que l'imputation est alourdie quand par malheur les militants de
la cause palestinienne sont issus de l'immigration postcoloniale.
dominique vidal [2] et michèle sibony [3] ont chacun pour leur part reproché
au rapport rufin, premièrement de chercher à fonder en essence - et en
droit - la distinction entre racisme et antisémitisme et deuxièmement de
légitimer l'amalgame douteux entre antisémitisme, antisionisme et critiques
des politiques israéliennes.
« l'antisémitisme, écrit michèle sibony, commence toujours par distinguer -
exclure - les juifs du corps social en leur conférant des travers ou des
vertus particuliers [...]. dans ce modèle d'affrontement, il semblerait que
les juifs soient placés - instrumentalisés, avec la participation de
certains d'entre eux, mais pas tous, loin de là - en première ligne et
servent de bélier, avant de pouvoir servir de bouc émissaire. »
dominique vidal fait la même analyse : « cette affirmation d'un racisme en
quelque sorte "supérieur" aux autres est - faut-il le souligner ? -
contreproductive. car elle ne peut, évidemment, que renforcer l'antisémitisme
: combien de fois, dans les débats en banlieue, entendons-nous des jeunes
issus de l'immigration se plaindre que les agressions antijuives suscitent
une levée de boucliers de toute la classe politique et médiatique, qui tarde
à se mobiliser lorsque les victimes sont des arabes, des musulmans ou des
noirs ? » le second reproche que font dominique vidal comme michèle sibony à
jean-christophe rufin est d'avoir inventé un concept, l'« antisionisme
radical », qui lui sert à dénoncer comme antisémites tous ceux qui,
intellectuels, militants ou chercheurs, critiquent les politiques d'israël.
j'identifierai pour ma part un certain nombre de lieux communs qui me
paraissent relever de symptômes d'impensé, de glissements dont rufin, compte
tenu de son incompétence avouée, s'est fait l'interprète auprès du ministre
du moment.
--
imputations
---
l'antisémitisme existe, selon jean-christophe rufin, comme « pulsion »,
comme « stratégie », par « importation » ou par « procuration ». cette
division ouvre l'accès aux principaux aspects d'une typologie qui se
rapporte presque entièrement aux populations pauvres, d'abord, et plus
spécifiquement immigrées ou issues de l'immigration postcoloniale. l'antisémitisme
comme « pulsion » est imputé en premier lieu à la « culture de la pauvreté »
:
la culture de la pauvreté fait une place considérable à la violence : celle,
quotidienne, de la vie sur les marges de la société (précarité, déchirements
familiaux, alcool, drogue) et celle de la criminalité qui se loge dans cette
anomie. le malaise identitaire qu'installe la culture de la pauvreté rend
ces populations sensibles aux représentations politiques extrémistes, qui
leur proposent une relecture de leur héritage culturel sur un mode radical,
mégalomane et violent. ainsi selon leur origine et le hasard des rencontres,
l'islamisme radical - dans ses différentes formes - comme les idéologies
néonazies peuvent prospérer sur ce terrain. les pulsions antisémites sont
hélas leur point commun.
d'une part, la vulnérabilité accrue des « populations » paupérisées n'est
pas vue dans sa dimension sociale, mais avant tout dans sa dimension
idéologique et « culturelle ». il s'agit plus spécifiquement d'une
vulnérabilité de leur propre pensée et conduite, qui fait en somme des «
pauvres » des enfants incapables de distinguer le bien du mal et de
comprendre qu'ils se font du mal en faisant le mal. les violences qu'ils
font à autrui et celles qu'ils se font à eux-mêmes, c'est tout un. c'est
ainsi qu'au moment même où sont écrites ces pages, on se met en devoir de
remontrer aux jeunes incendiaires des banlieues que brûler des écoles
maternelles et des équipements sportifs, c'est ouvrer contre soi, contre les
derniers filins qui rattachent les « territoires perdus de la république » à
la république une et indivisible. il est apparemment hors de question de
considérer que les ruines calcinées des écoles et des terrains de sport
pourraient avoir une signification politique.
d'autre part, c'est une fois de plus l'origine qui explique tout : si les
« pauvres » sont d'« origine » arabe, ou musulmane, ou maghrébine, alors ils
seront la proie de l'islamisme radical et de l'antisémitisme qui en découle
nécessairement, à en croire rufin, quelques islamologues et aussi quelques
islamistes, il faut bien l'admettre. s'ils sont d'« origine » française (ou
chrétienne ou blanche, que sait-on) alors ce sont les « idéologies
néonazies » qui en feront leur affaire.
pas d'échappatoire : l'antisémitisme s'empare des pauvres comme la misère du
monde. quid de tous ceux qui sont pauvres et non antisémites ? pauvres et
juifs ? pauvres, musulmans et amis des juifs ? riches et antisémites, qu'ils
soient d'ailleurs chrétiens, musulmans ou même juifs, puisque c'est
paraît-il à la mode ? riches, arabes et non antisémites ? riches, juifs et
anti-arabes, ou enfin pauvres, juifs et ni antisémites ni anti-arabes, pour
ne prendre qu'un fragment de la combinatoire rendue possible par la
co-présence de ces quelques termes ? l'absurdité est patente, mais elle ne
rebute pas rufin abordant les rives de la sociologie amusante.
il y a plus grave. une sous-catégorie de ce qu'il appelle « antisémitisme
par pulsion » est par lui définie comme « antisémitisme d'importation » et
nous éclaire sur ceux parmi les pauvres qu'il convient surtout de garder à l'oil
: « s'ajoutent à cela, les effets insidieux de ce que l'on pourrait appeler
un antisémitisme d'importation, notamment chez des jeunes issus de familles
originaires de pays où l'antisémitisme est culturellement banalisé. »
la périphrase est transparente : c'est des terres d'islam qu'a été importé l'antisémitisme
des « jeunes de banlieue » autrement appelés « issus de l'immigration
arabo-musulmane » ou autre « immigrés de nième génération ». le rapporteur
montre ici une remarquable ignorance de son sujet. il est vrai qu'il a des
excuses. un lieu commun veut en effet que les juifs, dans le monde musulman,
aient été exposés à l'humiliation, aux exactions et pour tout dire à l'«
antisémitisme » et nombreux sont, notamment en france, les auteurs qui
relaient de telles approximations en arguant du statut particulier réservé,
en terre d'islam, aux peuples du livre (juifs et chrétiens) sous le nom de
dhimmitude. ce lieu commun fournit la base à un certain nombre des écrits
sur lesquels s'appuie rufin, écrits qui se caractérisent par une approche
partiale et peu rigoureuse au point de vue historique et intellectuel. il n'est
pas possible de développer ici une étude sur l'ancien statut des dhimmis en
terre d'islam. je me contenterai de citer rapidement un érudit sur cette
question :
deux thèses s'affrontent. la première fait de la dhimmitude la marque et la
trace de l'humiliation des tributaires tandis que la seconde montre la
traduction sur le terrain des agencements dyadiques. si stillman fait
ressortir la contrariété et le conflit, rosen resitue la complémentarité
souvent harmonieuse entre juifs et musulmans. il n'y a pas lieu de trancher,
car chaque thèse recouvre partiellement un pan de la réalité et s'applique
selon que l'on se trouve en blad el makhzen ou en blad el siba [4].
mais comment, dira-t-on, vous savez pourtant que « juif » était dans le
monde arabe - est encore sous l'avatar linguistique « feuj » aujourd'hui
dans nos régions - une insulte sans qu'il soit même nécessaire d'y adjoindre
un adjectif pour l'avilir. À lui seul, « juif » est une marque de mépris, un
crachat dans la direction de celui que l'on méprise, pour son avarice, sa
duplicité ou sa mollesse. c'est vrai, nombreux sont les témoignages
attestant de ce fait : « juif » est souvent manié comme une insulte dans la
langue arabe. nombreux sont les antiracistes issus du monde arabe qui
témoignent de leur malaise à se rappeler la mère ou l'oncle qui maudissait l'épicier
juif ou disait de tel personnage que ce n'était qu'un « juif », qu'il
appartînt ou non à la communauté des juifs du lieu et de préférence d'ailleurs
s'il ne lui appartenait pas.
emmanuel brenner cite les propos du chanteur majid cherfi du groupe zebda :
« quand j'étais petit, on n'aimait pas les juifs. mes parents étaient
antisémites comme on l'est au maghreb. le mot "juif" en berbère, c'est une
insulte. ce n'était pas une question de palestine, de politique, c'était
comme ça. on n'aimait pas les juifs, sauf ceux que l'on connaissait [5]. »
nul doute que brenner tienne pour une confirmation de sa certitude ce propos
dont la franchise et la candeur ouvre pourtant de tout autres horizons pour
la pensée. « mes parents étaient antisémites comme on l'est au maghreb. »
précisément : comme on l'est au maghreb, c'est-à-dire : pas comme on l'est,
ou comme on l'était, en europe. comme on l'est au maghreb, c'est-à-dire :
« on n'aimait pas les juifs, sauf ceux que l'on connaissait. » il n'est pas
question de dire qu'un tel « antisémitisme » (ou plutôt antijudaïsme) est ou
était « innocent », et que seul l'antisémitisme européen est ou était une
offense, et parfois une menace réelle.
quelques remarques s'imposent toutefois. la première découle de la citation
qui précède : là où il existait, l'antijudaïsme dont parle cherfi cité par
brenner était abstrait, général, il s'arrêtait à la porte des juifs réels
avec lesquels on vivait. la seconde découle de toute lecture attentive des
ouvrages sérieux sur ces questions : cet antijudaïsme n'a acquis les
caractéristiques propres à l'antisémitisme - c'est-à-dire d'une haine tout à
la fois viscérale, totalisante et fondée sur des représentations
fantasmatiques - qu'assez récemment dans le monde musulman, à travers une
appropriation des ressorts de l'antisémitisme moderne européen et
particulièrement soviétique, comme l'a montré poliakov [6]. l'antisémitisme,
parfois doublé de négationnisme, qui est aujourd'hui à l'ouvre dans certains
discours produits par des appareils d'État du monde musulman, existe en
somme dans des pays d'où les juifs sont désormais pratiquement absents. il
est tout simplement abusif et faux de faire remonter cet antisémitisme à une
« culture immémoriale » arabe ou tout aussi bien musulmane, tout comme il
est faux de rabattre l'antijudaïsme autrefois associé au statut des dhimmis
(juifs et chrétiens, rappelons-le) sur l'antisémitisme « à l'européenne ».
À l'époque moderne, les partages politiques ne sont plus systématiquement
calqués sur les clivages religieux [7]. le mouvement de sécularisation n'est
pas propre au monde occidental (voir le cas de l'irak) quoiqu'en pense la
doxa orientaliste moderne. il ne fait pas de doute que la colonisation a
joué un rôle dans les transformations qui ont pu affecter la situation des
juifs dans le monde arabe. le décret crémieux qui ouvrit en 1871 le droit à
la citoyenneté française pour les juifs d'algérie a donné lieu à des
réponses variées de la part de ces derniers, et les attitudes pro ou
antijuives ont souvent été liées à ces réponses. josé aboulker, l'un des
chefs de la résistance algérienne, résume en ces termes le comportement des
algériens musulmans de constantine pendant la période de vichy : « avec les
juifs ils ont été parfaits. non seulement ils ont refusé la propagande et
les actes antijuifs auxquels les allemands et vichy les poussaient, mais ils
n'ont pas cédé à la tentation des bénéfices. alors que les pieds-noirs se
disputaient les biens juifs, pas un arabe n'en a acheté. la consigne en fut
donnée dans les mosquées : les juifs sont dans le malheur, ils sont nos
frères [8]. »
après le débarquement allié à alger, il ne fallut pas moins d'un an pour
obtenir le rétablissement du décret crémieux, le 20 octobre 1943. l'argument
de la susceptibilité des musulmans d'algérie, maintes fois invoqué par les
autorités françaises pour justifier leur peu d'empressement à répondre à la
demande d'une partie des juifs, fut récusé dans les termes les plus clairs
par les musulmans mêmes [9]. « en fait, écrit michel abitbol, l'"épouvantail"
musulman devint de moins en moins convaincant, au fil des semaines [10]. »
la raison en était simple : « [...] rares étaient - contrairement à l'époque
d'avant-guerre - les nationalistes musulmans qui voyaient dans l'octroi de
la citoyenneté française une marque véritable d'émancipation politique ou un
idéal à atteindre. peu, en fait, se souciaient - dans un sens ou dans l'autre
- du sort du décret crémieux » [11].
il est instructif de lire ou de relire de telles pages à notre époque, où il
est sans cesse question de ces antagonismes, dont une part importante est
fantasmée et magnifiée par la classe politique et médiatique française, avec
l'appui d'une fraction militante de la classe intellectuelle officielle.
--
l'hypothèse terroriste
--
« l'implication de l'extrême droite dans les actes antisémites est en baisse
régulière depuis une dizaine d'années sauf exception géographique. »
toutefois, comme le dit rufin, « cette évolution ne doit pas pour autant
inciter à l'optimisme », tant elle paraît s'expliquer davantage par des
raisons d'opportunité politique que par une inflexion idéologique plus
profonde, ou un « aggiornamento » à l'italienne. là encore, le problème
découle de la distinction initiale entre racisme et antisémitisme : le fait
que le front national, entre autres partis d'extrême droite, « concentre
prioritairement ses attaques sur l'immigration » ne peut en rien nous
rassurer sur une éventuelle mutation idéologique. on sait qu'un certain
nombre de ceux qui, en france, se font aujourd'hui les plus ardents
défenseurs des thèses les plus radicales sur l'antisémitisme arabo-musulman
comme des politiques les plus folles d'israël sont en réalité des transfuges
de l'extrémisme de droite, comme alexandre del valle ou guy millières. en
fait de stratégie, il s'agit surtout pour l'extrême droite de se servir des
uns contre les autres, ou pour le dire en des termes plus élégants, de
projeter leur haine des uns et des autres en haine des uns pour les autres,
en contribuant à attiser le feu. ceux qui s'érigent en avocats de la
république en danger ont peu à gagner à suivre dans cette direction les «
prêcheurs de haine », pour retourner à son envoyeur l'expression par
laquelle taguieff désigne tout ensemble les antiracistes et les antisémites,
brouillant autant que faire se peut (et c'est sans doute son objectif) les
pistes qui devraient permettre une pensée de la communauté politique.
« l'exception française » dont parle rufin n'a donc rien dont on puisse se
flatter. mais c'est le second aspect de cette sous-définition de l'antisémitisme
comme stratégie qui choque le plus. rufin postule en effet un « continuum
antidémocratique » entre petite délinquance et terrorisme religieux. malgré
une précaution rhétorique qui a tout de la dénégation. [12], il illustre par
le parcours des jeunes français arrêtés en afghanistan son affirmation qu'«
on sait cependant qu'il est possible de passer de l'un à l'autre ». il est
incontestable que de n'importe quoi on peut passer à n'importe quoi.
postuler la nécessité de tel type d'enchaînement est une absurdité logique
qui témoigne d'un préjugé choquant, si on le confronte à la posture d'objectivité
de l'auteur du rapport.
tout délinquant issu de l'immigration est avant tout « travaillé par des
forces qui tentent de l'endoctriner » et derrière le délinquant, ce sont ces
forces qui doivent intéresser le législateur. « il s'agit donc de surveiller
et de réprimer les forces qui tentent d'organiser une criminalité de grande
envergure, à soubassement politique et religieux dont le contenu est d'abord
essentiellement négatif : opposition aux valeurs démocratiques, à la laïcité
et aux droits de l'homme. l'antisémitisme se situe dans ce continuum
antidémocratique. » le continuum antidémocratique lie ainsi la délinquance à
l'antisémitisme et l'antisémitisme à la « bataille d'europe » [13] . il y a
là une vision apocalyptique qui semble justifier par avance toutes les
mesures, aussi « antidémocratiques » soient-elles, qui seront prises à l'encontre
des conduites de rébellion, interprétées selon une grille de lecture
excluant leur détermination en termes de subjectivation politique [14].
le diagnostic de « continuum antidémocratique » commande une injonction
adressée aux « jeunes issus de l'immigration ». pour rompre le continuum,
pour freiner l'irrésistible glissement, ils doivent choisir. cette
injonction-type d'une philosophie du libre arbitre n'accorde aux « jeunes
issus de l'immigration » la liberté théorique du choix que pour leur dicter
les termes d'une alternative simple recopiée par rufin chez gilles kepel
[15] : « soit les jeunes issus de l'immigration font le choix des valeurs
républicaines et "participent pleinement à la vie citoyenne, à travers les
instruments éducatifs et culturels, qui favorisent l'ascension sociale et
accompagnent l'émergence de nouvelles élites", soit ils rejoignent divers
mouvements radicaux qui prêchent la guerre contre l'occident et le rejet de
ses valeurs. » la liberté qui devrait marquer leur appartenance universelle
se retourne ici contre eux puisqu'elle énonce et interprète les deux
possibilités, pas une de plus, qui s'offrent à eux. soit les « jeunes de
banlieue » se conforment à la règle qui les exclut, pour la plupart, tout en
réservant à quelques-uns une « intégration » figurée par le topos de l'ascenseur
social ; soit ils sont rejetés vers les courants qui parachèveront leur
fixation essentielle sous l'espèce de l'intégriste, voire du terroriste. la
voie qui leur demeure interdite est celle de la pensée et de l'action
politiques. et il est vrai que, sans exception aucune, toutes les
initiatives visant à politiser le sentiment d'abandon et de révolte de ces
jeunes ont vu leur potentiel soit désamorcé par digestion institutionnelle,
soit invalidé et discrédité.
mais le plus gênant, au regard du problème de l'anti-sémitisme, est
peut-être le fait que celui-ci soit considéré comme « le baromètre de ces
évolutions », un curseur somme toute bien utile permettant de repérer le
moment où l'on quitte la simple délinquance pour aborder les eaux plus
troubles du terrorisme. jean-christophe rufin ferait bien de songer que
nombreux sont « les juifs » qui n'en demandent pas tant et qu'il leur suffit
de savoir garanti, pour ce qui les concerne du moins, le régime du droit.
--
l'hypothèse palestinienne
--
l'interdit de politique est lesté d'un poids supplémentaire lorsqu'il s'accompagne
de l'interdit corollaire qui pèse sur toute critique des politiques de l'État
d'israël, en particulier quand cette critique est énoncée par des personnes
issues de l'immigration postcoloniale. on peut à la rigueur admettre que le
sentiment d'identification au sort des palestiniens puisse être interrogé
lorsqu'il se fait à l'exclusion de tout autre expression d'empathie avec les
peuples maltraités par l'histoire récente. cet argument est pourtant
curieux, étant mobilisé par des auteurs qui ont fait leur cheval de bataille
de la dénonciation de toute « fascination pour les victimes ». ceux qui se
mobilisent pour le droit des palestiniens sont donc tout à la fois accusés
de choisir le camp des victimes et de ne pas le choisir de manière
suffisamment systématique.
il reste que l'histoire du proche-orient au xxe siècle comporte une
multiplicité de traits qui la rattachent à notre histoire ; et, qu'en outre,
l'identification politique des « jeunes » et des moins jeunes au sort des
palestiniens ne saurait être purement gratuite, ni le simple effet d'un
antisémitisme plus ou moins larvé. que des descendants de colonisés
reconnaissent la colonisation là où ils la voient, qu'ils voient dans cette
colonisation en premier lieu les aspects dont leurs parents leur ont
transmis la souffrance non éteinte, quoi de plus banal. il est de fait que c'est
une identification sélective : pourquoi plutôt les palestiniens que les
tchétchènes ou les musulmans de bosnie, lit-on souvent. il y a là en réalité
deux questions et donc deux réponses.
la première implique de bien vouloir se rappeler les conditions dans
lesquelles a été créé l'État d'israël, le rôle joué dans cette histoire par
la france et la grande-bretagne, grandes puissances de l'époque, dans le
cadre de leur politique coloniale. une mémoire de ces événements s'est
transmise, une mémoire politique, quoi qu'on en pense. la résistance à
admettre qu'un savoir critique puisse s'ancrer dans une telle mémoire, que
ce savoir et cette critique puissent s'interpréter autrement que comme une
obscure volonté de « jeter les juifs d'israël à la mer », porte des dangers
autrements réels que ce fantasme hallucinatoire. aucun fruit positif, ni
pour nous ici, ni pour eux là-bas, ne peut résulter du mimétisme conduisant
à singer l'attitude suicidaire des dirigeants israéliens investis dans la
séparation, dans le bétonnage de cet interdit toute communauté entre israël
et la palestine.
la seconde réponse s'adresse à un présupposé qui traverse la formulation
plus précise : « pourquoi les musulmans de france ne se mobilisent-ils pas
pour les musulmans de tchétchénie ou de bosnie ? ». précisément parce que
leur combat n'est pas « ethnico-religieux » et parce qu'ils se reconnaissent
moins chez leurs correligionnaires minoritaires au sein du monde slave que
chez ceux dont ils partagent une part de l'héritage culturel, linguistique
et historique. c'est évidemment ce qui fait peur à nos penseurs adeptes du
choc des civilisations. mais à y bien réfléchir, cela devrait plutôt
rassurer ces affolés de la fin du monde, puisque l'identification est
beaucoup moins fondée sur un essentialisme de l'appartenance
ethnico-religieuse que sur une communauté historique. or ils nous
accorderont sans doute que la seconde est infiniment plus plastique que la
première. et qu'il suffirait donc que l'on veuille bien enfin donner aux «
jeunes » ce qu'ils demandent - la reconnaissance de l'appartenance au lieu -
pour qu'ils n'aient plus besoin de chercher à recoller les morceaux de leur
dignité à travers l'image d'un peuple en lutte pour ses droits.
--
projections
--
le bilan que fait rufin de la situation « dans la société française » est
globalement positif :
les juifs sont admirablement intégrés [dans cette société] ; la république a
su sécréter quand il le fallait les anticorps nécessaires pour combattre l'antisémitisme
[...]. cela ne signifie pas pour autant que les préjugés aient disparu. la
nouveauté est que ces préjugés n'ont plus à s'exprimer directement par des
propos, des écrits ou des actes. il suffit de laisser agir les jeunes
irresponsables des banlieues difficiles... ainsi peut-on définir un «
antisémitisme par procuration » [lequel est] le fait de personnes qui ne se
rendront elles-mêmes coupables d'aucune exaction, qui ne manipuleront pas
directement des auteurs de passage à l'acte, ne les inciteront pas
ouvertement à agir mais dont pourtant les opinions, les propos et
quelquefois simplement le silence viendront à l'appui de ces violences
[...]. agir sur cet antisémitisme par procuration est difficile. le
combattre directement, alors qu'il est souvent discret voire muet [16], est
presque impossible.
voici donc un phénomène d'influence particulièrement pernicieux, puisqu'il
est surtout actif quand il est invisible et muet, quand il ne s'exprime
nulle part et qu'on ignore à proprement parler s'il existe ou pas. la seule
preuve de son existence est en somme l'existence de ceux à qui il s'applique,
les « jeunes irresponsables des banlieues difficiles », toujours eux. un
phénomène aussi difficile à circonscrire a de quoi susciter l'inquiétude.
« certes, poursuit l'auteur, le droit permet des recours face à tel ou tel
débordement. » n'y a-t-il pas là matière à se réjouir ? non, car « lorsqu'on
s'écarte des actes de violence ou des diffamations caractérisées, l'approche
juridique risque de ne pas être concluante, faute d'instruments appropriés,
et le bénéfice du doute profite à l'accusé. l'activisme procédurier à l'égard
de tel journaliste, écrivain ou penseur, surtout lorsqu'il est le fait de
juristes appartenant eux-mêmes à la communauté juive, risque de parer cet
antisémitisme par procuration [17] des couleurs flatteuses de la
victimisation ».
on commence à entrevoir que l'ectoplasme « discret, voire muet » n'est pas
pour autant dépourvu de visages ni de noms. ce sont les visages et les noms
de tous ceux qui ont étéviséspardes procédures judiciaires initiées par
diverses officines. que toutes ces actions en justice aient débouché sur des
non-lieux ou des acquittements [18] ne confirme nullement, aux yeux de
rufin, le caractère imaginaire du phénomène incriminé. il est bien plutôt l'occasion
de mettre en cause les instruments légaux. « la seule solution est d'allumer
des contre-feux c'est-à-dire de donner un large écho à des voix qui
désavouent ces actes. » il s'agit donc, par-delà la chose jugée, de
légitimer la rumeur, le « il n'y a pas de fumée sans feu », la calomnie pure
et simple. le rapporteur déplore que les efforts des autorités françaises
pour lutter contre l'antisémitisme ne soient pas relayés dans la société
civile : « où sont les chanteurs, les artistes, qui se mobilisent pourtant
volontiers pour les famines en afrique ? où est la foule de carpentras ?
quand le président de la république parle des justes au chambon sur lignon,
il donne un signal fort aux français juifs mais qui l'entend dans les
banlieues ? que des footballeurs en vue, des chanteurs de rap, des vedettes
de la télévision se mobilisent à l'appui d'une campagne dont le slogan
serait "qui que vous soyez, ne touchez pas aux juifs de france !", la portée
serait tout autre. »
jean-christophe rufin semble ignorer une règle qui veut que les causes
officielles font rarement l'objet de mobilisations populaires spontanées.
les raisons qui font que les juifs, en france, sont protégés par les
institutions sont connues, découlant d'un passé dont les séquelles sont
encore vivaces dans la mémoire commune. il est possible que cette situation
ne dure pas toujours. s'il se produisait un revirement et que les français
juifs, mais aussi les juifs étrangers vivant sur le sol français, ne
bénéficient plus d'une telle protection, il conviendrait alors d'élaborer
collectivement des stratégies de lutte politique pour exiger le retour de l'égalité
devant la loi. mais aujourd'hui, si l'antisémitisme n'a pas disparu, les
moyens légaux le prévoient et le répriment avec une efficacité relativement
satisfaisante - bien supérieure en tout cas à ce qui prévaut pour les autres
conduites racistes - et surtout, il est beaucoup plus rarement le fait des
institutions ou des représentants du peuple que le racisme anti-arabe,
antinoir ou antimusulman. c'est énorme et en cela réside la seule et unique
raison qui pourrait, si l'on y tenait absolument, justifier une distinction.
après avoir reproché à la société civile son inertie, aux chanteurs, aux
artistes et aux footballeurs leur absence d'initiative pour soutenir et
répercuter « dans les banlieues » les efforts du président de la république,
jean-chrisophe rufin tempère :
l'idée n'est pas, précisons-le bien, de culpabiliser les français, en leur
reprochant leur antisémitisme supposé. après tout, l'ancienneté de ces
préjugés fait que tout le monde peut en avoir, de près ou de loin, subi l'influence.
c'est ce que françoise giroud appelait « le petit fond d'antisémitisme que
chacun trouve dans son berceau ». la question principale vient après : que
fait-on de cet héritage empoisonné ? ce dont il faut convaincre les
français, c'est que l'antisémitisme est l'ennemi commun des juifs et de la
république.
au sens littéral, on ne trouve habituellement dans les berceaux que des
choses assez charmantes, peluches, doudous, hochets. au sens figuré, il peut
éventuellement s'agir de quelque chose de plus pernicieux, voire de
carrément maléfique, comme d'un « héritage empoisonné ». ce curieux
diagnostic pose deux difficultés majeures. pour la première, je gage que
ceux, nombreux, parmi les français, qui n'ont pas trouvé cette chose,
héritage ou doudou, dans leur berceau, sauront hausser les épaules devant
une attribution collective aussi irréfléchie. que françoise giroud et
éventuellement jean-christophe rufin parlent pour eux, diront-ils, nous ne
sommes pas concernés. la seconde a des conséquences plus graves : de quels
« français » s'agit-il ? « l'idée », pas davantage qu'elle n'est de «
culpabiliser les français », ne peut être de remettre en question l'antisémitisme
supposé des « français issus de l'immigration » et en tout cas pas des «
jeunes des banlieues ».
l'antisémitisme de ces derniers, qui selon toute apparence ne sont donc pas
inclus dans la catégorie « français », est donc d'une autre nature. on l'a
vu, il est pulsion, importation, stratégie. il dépend donc de quelque chose
comme une susceptibilité particulière au viscéral, comme une malléabilité
spécifique, comme une incapacité à se soustraire à l'héritage par l'usage du
discernement qui rend accessible aux arguments de la raison, réservée aux
seuls « français ».
mais les « jeunes des banlieues » nés en france ont trouvé dans leur berceau
bien autre chose que l'antisémitisme essentiel et indéracinable qu'on leur
prête et contre lequel on prétend lutter par imputation systématique. ils
ont trouvé le poids de l'histoire : celle de leur pays d'origine et celle du
pays qui persiste à leur dénier l'inclusion et l'égalité de traitement. dans
la première (l'histoire de leur pays d'origine), il y avait des juifs et d'autres
non-égaux « protégés » [19].
or s'il va de soi qu'un statut de protection suppose nécessairement un degré
d'exposition, l'inverse n'est pas vrai. en france, par exemple, les juifs
furent, un temps, très exposés et fort peu protégés. ils bénéficient aujourd'hui
d'un statut non écrit de protection qui les expose parce qu'il ne bénéficie
pas au même degré aux autres minorités de ce pays. la question du retour de
la « bête immonde » se pose alors dans d'autres termes. l'« intégration »
vantée des juifs - pour autant que ce terme soit absolument adéquat, dans la
positivité univoque qui lui est attribuée et qui est érigée en modèle [20]-
est elle-même exposée à plus d'un titre, et en particulier au titre de l'instrumentalisation
dont fait l'objet leur protection. les conséquences, en termes de nouvelle
vulnérabilité, ne sont pas négligeables. la crainte et le ressentiment sont
des affects humains. ceux qui croient tirer parti de leur manipulation
devraient relire l'histoire du xxe siècle et méditer ses leçons. il n'y a
pas de politique heureuse à tirer de telles opérations.
post-scriptum
ce texte est extrait du livre collectif dirigé par nacira guénif-souilamas :
la république mise à nu par son immigration, que nous recommandons. il est
paru aux éditions la fabrique au printemps 2006.
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notes :
[1] pierre-andré taguieff est bien sûr loin d'être le seul auteur à s'intéresser
particulièrement à ce thème et à en donner un traitement aussi tendancieux
que séduisant, pour une partie du moins de son lectorat. il me paraît
cependant emblématique, à la fois par le caractère systématique et acharné
de sa pensée, ainsi que par la place qu'il occupe, à mi-chemin entre les
hallucinations d'un alexandre del valle et l'inquiétude pétrie de préjugés d'un
emmanuel brenner. taguieff instaure une démarche qui a toutes les apparences
de la rigueur scientifique et conceptuelle - rhétorique chatoyante,
intimidantes bibliographies et épaisseur des volumes. il suffit cependant de
s'attarder quelque peu sur ses ouvrages pour se rendre compte de la
simplicité de ses thèses, sans rapport avec l'abondance des moyens déployés.
[2] « contre le racisme et l'antisémitisme. quand jean-christophe rufin
prône le délit d'opinion », site du monde diplomatique.
[3] michèle sibony (vice-présidente de l'union juive française pour la
paix), « rapport rufin, le monde à l'envers », novembre 2004. texte
disponible sur www.france-palestine.org/article753.html.
[4] mikhaël elbaz, « l'exil et la demeure. la rediasporisation des juifs
marocains », in nicole s. serfaty et joseph tedghi (éds.), présence juive au
maghreb. hommage à haïm zafrani, éditions bouchène, 2004, p. 111. blad el
mahzen et blad el siba sont des notions socio-politiques qui renvoient à la
situation marocaine, la première désignant les zones où prévalait l'autorité
du sultan et la seconde les zones périphériques délaissées par le pouvoir
central, où régnait une relative anomie.
[5] emmanuel brenner, les territoires perdus de la république.
antisémitisme, racisme et sexisme en milieu scolaire, paris, mille et une
nuits, 2002 p. 14.
[6] voir léon poliakov, de l'antisionisme à l'antisémitisme, paris,
calmann-lévy, 1969.
[7] je parle ici de clivage religieux et non ethnique car, pour autant même
qu'elle puisse être invoquée en quelque lieu que ce soit, cette notion ne
vaut pas, de mon point de vue, dans le monde arabe. les juifs du monde arabe
étaient des juifs arabes.
[8] entretien avec jean laloum, 13 janvier 1986, cité par paul leslie,
disponible sur www.sefarad.org/publication/lm/028/leslie.html.
[9] m. abitbol, les juifs d'afrique du nord sous vichy, paris, maisonneuve &
larose, 1983, pp. 171-172.
[10] id.
[11] id.
[12] « il ne faut évidemment pas mettre sur le même plan des insultes ou des
agressions mineures et les attentats-suicides de grande envergure qui se
multiplient sous l'impulsion de mouvements islamistes radicaux. » (p. 24.)
[13] gilles kepel, fitna. guerre au cour de l'islam, paris, gallimard, 2004.
[14] voir jacques rancière, aux bords du politique, paris, la fabrique, 1998
; la mésentente, paris, galilée, 1995 ; la haine de la démocratie, paris, la
fabrique, 2005.
[15] gilles kepel, op. cit.
[16] je souligne.
[17] je souligne.
[18] à l'exception récente et scandaleuse de celle intentée contre edgar
morin.
[19] c'est le sens du mot « dhimmi ». À proprement parler, les non-égaux
protégés étaient tous ceux qui ne portaient pas d'armes : juifs et
chrétiens, mais aussi femmes, fils et d'autres catégories minoritaires.
communication personnelle de la philosophe nadia tazi, auteure avec fethi
benslama de la virilité en islam, la tour d'aigues, l'aube, 2004.
[20] certaines recherches récentes mettent en évidence une parenté entre le
débat qui fait rage aujourd'hui sur la possibilité ou l'impossibilité d'intégrer
des minorités postcoloniales, notamment en france, et celui qui prévalait à
l'époque de l'émancipation des juifs. voir esther benbassa, la république
face à ses minorités : les juifs hier, les musulmans aujourd'hui, paris,
mille et une nuits, 2004 ; ronald schechter, obstinate hebrews :
representations of jews in france, 1715-1815, berkeley-los angeles,
university of california press, 2003. voir aussi les nombreux travaux de
jonathan hess sur le débat dohm-michaelis au xviiie siècle en allemagne et
ceux de l'historien israélien amnon raz-krakotzkin sur les notions d'exil et
de « retour à l'histoire » et sur la rediasporisation des juifs. un texte d'amnon
raz-krakotzkin en français sur ces notions est à paraître dans la revue de l'autre
côté ; un livre est en préparation aux éditions la fabrique.
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