Lepčre Noël habite-t-il encore dans le Jura ?

lepère noël habite-t-il encore dans le jura ? grève, manifs, blocages dans les facs: envoyez vos photos… • vos photos • adressez-nous vos témoignages, photos et vidéos à vosimages@liberation.fr, avec titre, légende et nom d'auteur.    sur libération.fr sur le web avec edition digitale (pdf) archives libé sur libĂ©mobile   lepère noĂ«l habite-t-il encore dans le jura ? le groupe smoby, deuxième fabricant europĂ©en de jouets, cherche un repreneur. etat des lieux Ă  lavans- lès-saint-claude, berceau de ce groupe rachetĂ© il y a peu par l’amĂ©ricain mga et aujourd’hui en règlement judiciaire. catherine maussion quotidien : vendredi 2 novembre 2007 la french touch (une cuisine ultrabranchĂ©e) ou le bubble go balade (un tricycle sophistiquĂ© berchet) : ces deux icĂ´nes de fabrication smoby seront fidèles au rendez-vous sous le sapin. cette annĂ©e encore, une bonne proportion de jouets garnissant la hotte du père noĂ«l vient du jura. ou, tout au moins, est conçue, sinon fabriquĂ©e, dans les vallĂ©es du haut jura. jusqu’à quand ? alors que le froid rode au-dehors, dans l’atelier tout en longueur, au bord de la route qui mène Ă  moirans-en-montagne, l’activitĂ© semble comme engourdie. la bâtisse, peinte d’un bleu vif Ă©clairĂ© de jaune, porte les lettres clairbois. une marque d’honnĂŞte rĂ©putation, mais disparue. elle a Ă©tĂ© avalĂ©e par le groupe smoby. on pousse la porte et on se trouve au cĹ“ur du savoir-faire jurassien : la fabrication de masse de jouets. dans un alignement très approximatif, chacune des presses crache un morceau d’un tricycle. une petite benne rouge pour l’une, un guidon gris pour l’autre, une pĂ©dale pour la suivante. l’atelier semble dĂ©sertĂ©. on devine deux silhouettes Ă  l’œuvre pour tout l’atelier. le dĂ©lĂ©guĂ© syndical local confirme : l’équipe tourne avec un chef et son manĹ“uvre. deux ouvriers lĂ  oĂą les gens du cru en voyaient s’activer, il y a peu, au moins une vingtaine. des presses sont en panne. sur l’une, il faudrait changer la pompe, mais il manque la pièce. nous voici dans l’empire de smoby. une petite entreprise familiale, lancĂ©e dans le jouet dans les annĂ©es 70 et devenue Ă  force de rachats un des plus gros employeurs local du haut jura, et le deuxième spĂ©cialiste europĂ©en du jouet. un Ă  un, smoby rachète ses concurrents : solido-majorette, puis le rival berchet. jure qu’il veut garder les emplois au pays. le prouve – 1 300 emplois en france sur 2 750. fait tout de mĂŞme un dĂ©tour obligĂ© par l’asie. produit aussi en roumanie, en espagne. installe l’image d’un village gaulois de la rĂ©sistance Ă  la concurrence asiatique, dont le chef, jean-christophe breuil, sera mĂŞme dĂ©corĂ©, Ă  l’âge de 35 ans, au cĂ´tĂ© de sa mère dany, par le prĂ©sident de la rĂ©publique jacques chirac du prix de l’audace crĂ©atrice. c’était en mars 2005. depuis, c’est la dĂ©confiture. «jean-christophe breuil a bien travaillĂ© Ă  son propre enrichissement !» a arinthod, groissiat, oyonnax, lavans-lès-saint-claude, sites du groupe smoby distants de quelques dizaines de kilomètres, les accusations reviennent en boucle : «c’est la faute Ă  jean-christophe.» comprendre jean-christophe breuil, patron de smoby jusqu’en avril et la vente de son groupe Ă  l’amĂ©ricain mga. rebaptisĂ© «jean-christophe bratz», en rĂ©fĂ©rence Ă  la poupĂ©e bratz, la crĂ©ature de mga. dans le village, on appelle les breuil «les lyonnais» depuis qu’ils se sont Ă©tablis dans le rhĂ´ne. on fantasme sur le «studio» de jean-christophe, crĂ©ditĂ© de 400 m2, place bellecour, Ă  lyon. certains lui en veulent d’avoir surtout fait grossir son propre patrimoine. car sa fortune Ă©clabousse. «ah, il a bien travaillĂ© Ă  son propre enrichissement !» lance un Ă©lu du ce au sortir d’une rĂ©union, Ă©voquant, entre autres, les sociĂ©tĂ©s civiles immobilières constituĂ©es par la famille pour percevoir des loyers. «peut-ĂŞtre qu’il n’a rien fait d’illĂ©gal, poursuit le dĂ©lĂ©guĂ©. il n’empĂŞche, c’est sacrĂ©ment immoral !» la justice s’intĂ©resse aux nĹ“uds des sociĂ©tĂ©s constituĂ©es par jean-christophe breuil pour se dĂ©velopper Ă  l’international. l’ex-patron est sous le coup d’une enquĂŞte de la brigade financière. elle examine un drĂ´le de montage de structures emboĂ®tĂ©es les unes dans les autres, sises Ă  hongkong, aux caraĂŻbes ou sur l’île de man. jean-christophe breuil, fluet dans son costume sombre, la voix tendue, s’en est expliquĂ© rĂ©cemment devant la presse, invoquant la nĂ©cessitĂ© : «dans la chine des annĂ©es 90, il fallait passer par des intermĂ©diaires. carrefour fonctionne aussi comme cela.» et il se dit victime d’une «campagne de manipulation», smoby faisant l’objet, dit-il, de «convoitises sur les plans national et international». mais il refusera d’en dire plus. ce jour-lĂ  se tient au siège de smoby un comitĂ© central d’entreprise. le groupe est en redressement judiciaire depuis dĂ©but octobre. jean-pierre millet, le prĂ©sident du tribunal de commerce, a dĂ©cidĂ© «d’ouvrir le jeu», invitant des repreneurs Ă  se manifester. il a jugĂ© que l’amĂ©ricain mga n’avait pas tenu toutes ses promesses, dont celle de rĂ©injecter suffisamment d’argent pour assurer la production des jouets pour noĂ«l. selon un proche du dossier, la firme aurait surtout dĂ©couvert, au lendemain de son rachat, un smoby plus mal en point qu’annoncĂ©. a lavans-lès-saint-claude, berceau des breuil et de smoby, ou dans le village voisin, moirans-en-montagne, chacun raconte l’histoire Ă  sa façon. rodrigue, retraitĂ©, a passĂ© trente-deux ans «chez les breuil». il se souvient du grand-père jean breuil, cordonnier, qui s’est associĂ© Ă  son beau-frère Ă  la tĂŞte d’une petite fabrique de pipes. ensemble, ils ont dĂ©cidĂ© de confectionner des embouts. «quand je suis arrivĂ©, il y avait dĂ©jĂ  sept ou huit presses, se souvient rodrigue. ils avaient commencĂ© les jouets.» les deux beaux-frères se partagent une maison bâtie de l’autre cĂ´tĂ© de la route, dans le virage Ă  la sortie de lavans-lès-saint-claude. juste en face du siège de smoby, une construction anguleuse façon lego. la gĂ©nĂ©ration suivante Ă©difie chacune la sienne, sur la mĂŞme parcelle. du terrain, on a vue sur le cimetière oĂą reposent l’aĂŻeul et son fils jean-pierre, dĂ©cĂ©dĂ© prĂ©maturĂ©ment. pour rodrigue, le tort du petit-fils, jean-christophe, est d’avoir hĂ©ritĂ© trop tĂ´t. coupable d’avoir succĂ©dĂ© Ă  son père, Ă  24 ans, Ă  la tĂŞte de l’entreprise familiale. illĂ©gitime depuis le jour oĂą il a pris les rĂŞnes, Ă©paulĂ© par sa mère dany. on disait alors le «gamin breuil», et on raillait sa jeunesse dorĂ©e, son goĂ»t des voitures puissantes. rodrigue en est persuadĂ© : «tant que le grand-père Ă©tait lĂ , jean-christophe, il faisait pas ce qu’il voulait !» car l’aĂŻeul dĂ©cède en 2003, l’annĂ©e qui marque l’accĂ©lĂ©ration des emplettes des breuil dans les vallĂ©es du jura. smoby a dĂ©jĂ  avalĂ© ecoiffier. il s’empare de solido-majorette, le spĂ©cialiste de la voiture miniature. a oyonnax, Ă  trente kilomètres, jean-louis berchet, de la mĂŞme gĂ©nĂ©ration que le père de jean-christophe et son rival dans le jouet, met de mĂŞme la main sur des concurrents : clairbois, favre, charton. jusqu’à la chute finale. berchet, Ă  bout de souffle, se donne aux breuil au printemps 2005. pour smoby, c’est, dit-on, «l’achat de trop». de fait, au lendemain de son emplette, le groupe se retrouve avec 270 millions de dettes pour un chiffre d’affaires de 350 millions d’euros en 2006. et, totalement asphyxiĂ©, se livre Ă  son tour – 52 % du capital cĂ©dĂ© pour 1 euro – Ă  plus gros que lui, l’amĂ©ricain mga. «il y a quelques annĂ©es, on était au smic, mais on touchait des primes» chez berchet, on est particulièrement virulent contre jean-christophe breuil : «moi, je l’ai vu une fois, au pot de noĂ«l 2005», raconte delphine, chez berchet depuis onze ans. sa copine, assistante de gestion de flux, ajoute : «quand on a fermĂ© le site de chatelin, il n’est mĂŞme pas venu.» en comparaison, leur ex-patron, jean-louis berchet, retirĂ© dans son bureau du siège social depuis la vente Ă  son rival smoby, est parĂ©, lui, de toutes les qualitĂ©s : «c’est quelqu’un d’ici [d’oyonnax, ndlr], quelqu’un de bien.» il s’agit aussi, dans ce coin du jura, de querelles entre deux vallĂ©es. chez berchet, on assure que smoby, depuis le rachat, est en train de couler berchet : «cela fait deux ans qu’on nous laisse mariner.» cĂ´tĂ© smoby, en revanche, on pointe en berchet une «firme vieillotte et dont l’outil de travail n’a jamais Ă©tĂ© modernisé». aujourd’hui, tout le monde est suspendu Ă  l’issue du redressement judiciaire. l’éclatement du groupe smoby, dĂ©jĂ  morcelĂ© en une multitude de sites et quelques activitĂ©s pĂ©riphĂ©riques, est une vraie menace. et la consanguinitĂ© des affaires dans ce coin du jura complique un peu plus la donne. le prĂ©sident du tribunal de commerce est aussi le patron d’une entreprise sise Ă  moirans-en-montagne, haut lieu de la production de smoby. et il est candidat Ă  la reprise d’une des filiales du groupe, smoby engineering, et aussi de mob, toutes deux installĂ©es sur la commune, Ă  deux pas de sa propre usine. il a Ă©tĂ© priĂ© par le procureur de retirer son offre. «il paraĂ®t qu’on a Ă©tĂ© beaucoup aidĂ©s» le dĂ©lĂ©guĂ© cgt s’apprĂŞte Ă  prendre son service de nuit chez smoby engineering. il dit ne pas comprendre, comment cette usine, flambant neuve, dĂ©diĂ©e au rotomoulage – le moulage de grosses pièces par rotation –, peut dĂ©jĂ  ĂŞtre en faillite. «il paraĂ®t qu’on a Ă©tĂ© beaucoup aidĂ©s pour la dĂ©marrer.» de fait, la communautĂ© de communes et son prĂ©sident, le maire de moirans-en-montagne, sont de grands pourvoyeurs de subventions tout dĂ©vouĂ©s Ă  l’essor du jouet. tout particulièrement Ă  smoby, le fleuron local. «ce qui nous met dedans aujourd’hui, ajoute le dĂ©lĂ©guĂ©, c’est le bail.» dans son rapport au tribunal, me jeannerot, le mandataire en charge du dossier smoby, pointe lui aussi ce loyer exorbitant : près de 400 000 euros, pour un chiffre d’affaires Ă  peine dix fois supĂ©rieur, que doit la filiale smoby engineering Ă  sa maison mère, le groupe smoby. pendant ce temps, les salaires, eux, sont au point mort : «il y a quelques annĂ©es encore, on reconnaissait que nos boulots Ă©taient durs. on Ă©tait au smic, mais on touchait des primes», rappelle le dĂ©lĂ©guĂ© cgt. mais ces dernières ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es dans le salaire, et le «smic nous a rattrapĂ©s». dans l’atelier voisin, hamid, 47 ans, marocain, fabrique des tricycles. auparavant, il travaillait chez charton, une marque absorbĂ©e par berchet. il y a deux ans, le site de saint-laurent-grandvaux, Ă  quarante kilomètres, a fermĂ©. «on Ă©tait deux cents, et ici, en arrivant, Ă  peine une trentaine.» selon hamid, ceux qui n’ont pas voulu suivre ont tous «retrouvĂ© un boulot». pas forcĂ©ment dans le jouet. et souvent en suisse, toute proche. son collègue, celebi, est turc et intĂ©rimaire. mariĂ© Ă  13 ans, il a six enfants dont le dernier a 15 ans. les ennuis de smoby, il s’en moque un peu : «je suis lĂ  depuis quinze jours et je ne sais pas quand mon contrat s’arrĂŞte.» a 41 ans, il assure qu’il trouvera ailleurs et que, pour lui, «bosser, c’est pas un problème». a propos des breuil, il lâche : «y a des gens qui disent que c’est un escroc.» mais lui n’en pense rien. (1) le groupe smoby a repris majorette en 2003, puis berchet en 2005. c’est le deuxième fabricant europĂ©en de jouets, derrière lego. il emploie 2 750 salariĂ©s, dont 1 300 environ dans le haut jura. son chiffre d’affaires s’est Ă©levĂ© Ă  350 millions d’euros en 2005, avec une perte nette de 26 millions d’euros. liens sponsorisĂ©s xxxyyy enfin des vĂ©ritĂ©s qui commencent Ă  apparaitre. chacun aurait pu penser qu'une sociĂ©tĂ© cotĂ©e en bourse depuis vingt cinq ans prĂ©sentait tous les gages de transparence des comptes. mais c'Ă©... vendredi 02 novembre 2007 - 12:17voir toutes les rĂ©actions expulsion. streets suisse virus vert sombre sida haĂŻti, . lueur d’espoir chicago sur isère une terre gorgĂ©e de poisonconsultez nos articles depuis 1994 liens sponsorisĂ©s l'essentiel du fil infoabonnez-vous new delhi en proie Ă  des hordes de singes sauvages  publicité les articles les plus commentĂ©s etudiants: la contestation se poursuit, les anti-blocage montent au crĂ©neausarkozy sur la mauvaise voiefillon «n'a pas peur» des grèves annoncĂ©esgrève: presque aucun mĂ©tro, Ă  peine un tgv sur dixla coordination nationale Ă©tudiante appelle Ă  un blocage des garessarkozy: «ces rĂ©formes je les mènerai jusqu'au bout»juan carlos Ă  hugo chavez: «pourquoi tu ne te tais pas?»ag houleuses et blocages reconduits dans les universitĂ©s l’ump prĂŞte pour «l’épreuve» sĂ©golène royal «travaille pour ĂŞtre prĂŞte le moment venu» les articles les plus envoyĂ©s y a que la vĂ©ritĂ© qui blesse le mythe d’un pays grĂ©viste des suĂ©doises militent pour le droit d'aller seins nus Ă  la piscine pfizer ou comment rendre fumeurs et mĂ©decins accros au champix fais pas ton nâreux, et viens donc lĂ©cher la payelle senior partage appartement le cameroun asphyxiĂ© après un quart de siècle sous le rĂ©gime de paul biya le sinistre air de l’intĂ©rieur juan carlos Ă  hugo chavez: «pourquoi tu ne te tais pas?»etudiants: la contestation se poursuit, les anti-blocage montent au crĂ©neau   le souffle akin frontières. après «head-on», la nouvelle fiction du surdouĂ© germano-turc dĂ©ploie entre istanbul et hambourg un enivrant chassĂ©-croisĂ© des destins. et aussi...   «en quĂŞte d’une vĂ©ritĂ© originelle»   ridley shoote harlem orchidĂ©e, le bon plant fleur. un temps capricieuse et chère, l’orchidĂ©e est aujourd’hui un best-seller que l’on offre comme on offre une rose. enquĂŞte sur une dĂ©mocratisation en marche. et aussi...   tout l’hiver Ă  poĂŞle   mini en version maxi accueil | libé en pdf | archives | newsletter | emploi | annonces | abonnements | recherche libération : contacts | publicité | index © libération | designed by bt france licence | données personnelles | charte d'édition

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