LES ILLUMINATIONS
les illuminations
sommaire
table des matières
après le déluge
enfance, i
enfances, ii
enfance, iii
enfance, iv
enfance, v
conte
parade
antique
being beauteous
vies, i
vies, ii
vies, iii
départ
royauté
a une raison
matinée d'ivresse
phrases
ouvriers
les ponts
ville
ornières
villes
vagabonds
villes: l'acropole officielle...
veillées
mystique
aube
fleurs
nocturne vulgaire
marine
fête d'hiver
angoisse
métropolitain
barbare
solde
fairy
guerre
jeunesse
promontoire
scènes
soir historique
bottom
h
mouvement
dévotion
démocratie
génie
après le déluge
aussitôt après que l'idée du déluge se fut rassise,
un lièvre s'arrêta dans les sainfoins et les clochettes mouvantes
et dit sa prière à l'arc-en-ciel à travers la toile
de l'araignée.
oh les pierres précieuses qui se cachaient, - les fleurs qui regardaient
déjà.
dans la grande rue sale les étals se dressèrent, et l'on tira
les barques vers la mer étagée là-haut comme sur les
gravures.
le sang coula, chez barbe-bleue, - aux abattoirs, - dans les cirques, où
le sceau de dieu blêmit les fenêtres. le sang et le lait coulèrent.
les castors bâtirent. les "mazagrans" fumèrent dans
les estaminets.
dans la grande maison de vitres encore ruisselante les enfants en deuil
regardèrent les merveilleuses images.
une porte claqua, et sur la place du hameau, l'enfant tourna ses bras, compris
des girouettes et des coqs des clochers de partout, sous l'éclatante
giboulée. madame*** établit un piano dans les alpes. la messe
et les premières communions se célébrèrent aux
cent mille autels de la cathédrale.
les caravanes partirent. et le splendide hôtel fut bâti dans
le chaos de glaces et de nuit du pôle.
depuis lors, la lune entendit les chacals piaulant par les déserts
de thym, - et les églogues en sabots grognant dans le verger. puis,
dans la futaie violette, bourgeonnante, eucharis me dit que c'était
le printemps.
- sourds, étang, - ecume, roule sur le pont, et par-dessus les bois
; - draps noirs et orgues, - éclairs et tonnerre, - montez et roulez
; - eaux et tristesses, montez et relevez les déluges.
car depuis qu'ils se sont dissipés, - oh les pierres précieuses
s'enfouissant, et les fleurs ouvertes ! - c'est un ennui ! et la reine,
la sorcière qui allume sa braise dans le pot de terre, ne voudra
jamais nous raconter ce qu'elle sait, et que nous ignorons.
table des matières
enfance, i
cette idole, yeux noirs et crin jaune, sans parents ni cour, plus noble
que la fable, mexicaine et flamande ; son domaine, azur et verdure insolents,
court sur des plages nommées, par des vagues sans vaisseaux, de noms
férocement grecs, slaves, celtiques.
a la lisière de la forêt - les fleurs de rêve tintent,
éclatent, éclairent, - la fille à lèvre d'orange,
les genoux croisés dans le clair déluge qui sourd des prés,
nudité qu'ombrent, traversent et habillent les arcs-en-ciel, la flore,
la mer.
dames qui tournoient sur les terrasses voisines de la mer ; enfantes et
géantes, superbes, noires dans la mousse vert-de-gris, bijoux debout
sur le sol gras des bosquets et des jardinets dégelés - jeunes
mères et grandes soeurs aux regards pleins de pèlerinages,
sultanes, princesses de démarche et de costume tyranniques, petites
étrangères et personnes doucement malheureuses.
quel ennui, l'heure du "cher corps" et "cher coeur".
table des matières
enfance, ii
c'est elle, la petite morte, derrière les rosiers. - la jeune maman
trépassée descend le perron. - la calèche du cousin
crie sur le sable. - le petit frère - (il est aux indes) là,
devant le couchant, sur le pré d'oeillets. - les vieux qu'on a enterrés
tout droits dans le remparts aux giroflées.
l'essaim des feuilles d'or entoure la maison du général. ils
sont dans le midi. - on suit la route rouge pour arriver à l'auberge
vide. le château est à vendre ; les persiennes sont détachées.
- le curé aura emporté la clef de l'église. - autour
du parc, les loges des gardes sont inhabitées. les palissades sont
si hautes qu'on ne voit que les cimes bruissantes. d'ailleurs il n'y a rien
à voir là-dedans.
les prés remontent aux hameaux sans coqs, sans enclumes. l'écluse
est levée. o les calvaires et les moulins du désert, les îles
et les meules.
des fleurs magiques bourdonnaient. les talus le berçaient. des bêtes
d'une élégance fabuleuse circulaient. les nuées s'amassaient
sur la haute mer faite d'une éternité de chaudes larmes.
table des matières
enfance, iii
au bois il y a un oiseau, son chant vous arrête et vous fait rougir.
il y a une horloge qui ne sonne pas.
il y a une fondrière avec un nid de bêtes blanches.
il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte.
il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis, ou qui descend
le sentier en courant, enrubannée.
il y a une troupe de petits comédiens en costumes, aperçus
sur la route à travers la lisière du bois.
il y a enfin, quand l'on a faim et soif, quelqu'un qui vous chasse.
table des matières
enfance, iv
je suis le saint, en prière sur la terrasse, - comme les bêtes
pacifiques paissent jusqu'à la mer de palestine.
je suis le savant au fauteuil sombre. les branches et la pluie se jettent
à la croisée de la bibliothèque.
je suis le piéton de la grand'route par les bois nains ; la rumeur
des écluses couvre mes pas. je vois longtemps la mélancolique
lessive d'or du couchant.
je serais bien l'enfant abandonné sur la jetée partie à
la haute mer, le petit valet, suivant l'allée dont le front touche
le ciel.
les sentiers sont âpres. les monticules se couvrent de genêts.
l'air est immobile. que les oiseaux et les sources sont loin ! ce ne peut
être que la fin du monde, en avançant.
table des matières
enfance, v
qu'on me loue enfin ce tombeau, blanchi à la chaux avec les lignes
du ciment en relief - très loin sous terre.
je m'accoude à la table, la lampe éclaire très vivement
ces journaux que je suis idiot de relire, ces livres sans intérêt.
a une distance énorme au-dessus de mon salon souterrain, les maisons
s'implantent, les brumes s'assemblent. la boue est rouge ou noire. ville
monstrueuse, nuit sans fin !
moins haut, sont des égouts. aux côtés, rien que l'épaisseur
du globe. peut-être les gouffres d'azur, des puits de feu. c'est peut-être
sur ces plans que se rencontrent lunes et comètes, mers et fables.
aux heures d'amertume je m'imagine des boules de saphir, de métal.
je suis maître du silence. pourquoi une apparence de soupirail blêmirait-elle
au coin de la voûte ?
table des matières
conte
un prince était vexé de ne s'être employé jamais
qu'à la perfection des générosités vulgaires.
il prévoyait d'étonnantes révolutions de l'amour, et
soupçonnait ses femmes de pouvoir mieux que cette complaisance agrémentée
de ciel et de luxe. il voulait voir la vérité, l'heure du
désir et de la satisfaction essentiels. que ce fût ou non une
aberration de piété, il voulut. il possédait au moins
un assez large pouvoir humain.
toutes les femmes qui l'avaient connu furent assassinées. quel saccage
du jardin de la beauté ! sous le sabre, elles le bénirent.
il n'en commanda point de nouvelles. - les femmes réapparurent.
il tua tous ceux qui le suivaient, après la chasse ou les libations.
- tous le suivaient.
il s'amusa à égorger les bêtes de luxe. il fit flamber
les palais. il se ruait sur les gens et les taillait en pièces. -
la foule, les toits d'or, les belles bêtes existaient encore.
peut-on s'extasier dans la destruction, se rajeunir par la
cruauté ! le peuple ne murmura pas. personne n'offrit le concours
de ses vues.
un soir il galopait fièrement. un génie apparut, d'une beauté
ineffable, inavouable même. de sa physionomie et de son maintien ressortait
la promesse d'un amour multiple et complexe ! d'un bonheur indicible, insupportable
même ! le prince et le génie s'anéantirent probablement
dans la santé essentielle. comment n'auraient-ils pas pu en mourir
? ensemble donc ils moururent.
mais ce prince décéda, dans son palais, à un âge
ordinaire. le prince était le génie. le génie était
le prince.
la musique savante manque à notre désir.
table des matières
parade
des drôles très solides. plusieurs ont exploité vos
mondes. sans besoins, et peu pressés de mettre en oeuvre leurs brillantes
facultés et leur expérience de vos consciences. quels hommes
mûrs ! des yeux hébétés à la façon
de la nuit d'été, rouges et noirs, tricolores, d'acier piqué
d'étoiles d'or ; des faciès déformés, plombés,
blêmis, incendiés ; des enrouements folâtres ! la démarche
cruelle des oripeaux ! - il y a quelques jeunes, - comment regarderaient-ils
chérubin ? - pourvus de voix effrayantes et quelques ressources dangereuses.
on les envoie prendre du dos en ville, affublés d'un luxe dégoûtant.
o le plus violent paradis de la grimace enragée ! pas de comparaison
avec vos fakirs et les autres bouffonneries scéniques. dans des costumes
improvisés avec le goût du mauvais rêve ils jouent des
complaintes, des tragédies de malandrins et de demi-dieux spirituels
comme l'histoire ou les religions ne l'ont jamais été. chinois,
hottentos, bohémiens, niais, hyènes, molochs, vieilles démences,
démons sinistres, ils mêlent les tours populaires, maternels,
avec les poses et les tendresses bestiales. ils interpréteraient
des pièces nouvelles et des chansons "bonnes filles". maîtres
jongleurs, ils transforment le lieu et les personnes, et usent de la comédie
magnétique. les yeux flambent, le sang chante, les os s'élargissent,
les larmes et des filets rouges ruissellent. leur raillerie ou leur terreur
dure une minute, ou des mois entiers.
j'ai seul la clef de cette parade sauvage.
table des matières
antique
gracieux fils de pan ! autour de ton front couronné de fleurettes
et de baies tes yeux, des boules précieuses, remuent. tachées
de lies brunes, tes joues se creusent. tes crocs luisent. ta poitrine ressemble
à une cithare, des tintements circulent dans tes bras blonds. ton
coeur bat dans ce ventre où dort le double sexe. promène-toi,
la nuit, en mouvant doucement cette cuisse, cette seconde cuisse et cette
jambe de gauche.
table des matières
being beauteous
devant une neige un etre de beauté de haute taille. des sifflements
de mort et des cercles de musique sourd font monter, s'élargir et
trembler comme un spectre ce corps adoré ; des blessures écarlates
et noires éclatent dans les chairs superbes. les couleurs propres
de la vie se foncent, dansent, et se dégagent autour de la vision,
sur le chantier. et les frissons s'élèvent et grondent, et
la saveur forcenée de ces effets se chargeant avec les sifflements
mortels et les rauques musiques que le monde, loin derrière nous,
lance sur notre mère de beauté, - elle recule, elle se dresse.
oh ! nos os sont revêtus d'un nouveau corps amoureux.
***
o la face cendrée, l'écusson de crin, les bras de cristal
! le canon sur lequel je dois m'abattre à travers la mêlée
des arbres et de l'air léger !
table des matières
vies, i
o les énormes avenues du pays saint, les terrasses du temple ! qu'a-t-on
fait du brahmane qui m'expliqua les proverbes ? d'alors, de là-bas,
je vois encore même les vieilles ! je me souviens des heures d'argent
et de soleil vers les fleuves, la main de la campagne sur mon épaule,
et de nos caresses debout dans les plaines poivrées. - un envol de
pigeons écarlates tonne autour de ma pensée - exilé
ici, j'ai eu une scène où jouer les chefs-d'oeuvre dramatiques
de toutes les littératures. je vous indiquerais les richesses inouïes.
j'observe l'histoire des trésors que vous trouvâtes. je vois
la suite ! ma sagesse est aussi dédaignée que le chaos. qu'est
mon néant, auprès de la stupeur qui vous attend ?
table des matières
vies, ii
je suis un inventeur bien autrement méritant que tous ceux qui m'ont
précédé ; un musicien même, qui ai trouvé
quelque chose comme la clef de l'amour. a présent, gentilhomme d'une
campagne aigre au ciel sobre, j'essaye de m'émouvoir au souvenir
de l'enfance mendiante, de l'apprentissage ou de l'arrivée en sabots,
des polémiques, des cinq ou six veuvages, et quelques noces où
ma forte tête m'empêcha de monter au diapason des camarades.
je ne regrette pas ma vieille part de gaîté divine : l'air
sobre de cette aigre campagne alimente fort activement mon atroce scepticisme.
mais comme ce scepticisme ne peut désormais être mis en oeuvre,
et que d'ailleurs je suis dévoué à un trouble nouveau,
- j'attends de devenir un très méchant fou.
table des matières
vies, iii
dans un grenier où je fus enfermé à douze ans j'ai
connu le monde, j'ai illustré la comédie humaine. dans un
cellier j'ai appris l'histoire. a quelque fête de nuit dans une cité
du nord, j'ai rencontré toutes les femmes des anciens peintres. dans
un vieux passage à paris on m'a enseigné les sciences classiques.
dans une magnifique demeure cernée par l'orient entier j'ai accompli
mon immense oeuvre et passé mon illustre retraite. j'ai brassé
mon sang. mon devoir m'est remis. il ne faut même plus songer à
cela. je suis réellement d'outre-tombe, et pas de commissions.
table des matières
départ
assez vu. la vision s'est rencontrée à tous les airs.
assez eu. rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
assez connu. les arrêts de la vie. - o rumeurs et visions !
départ dans l'affection et le bruit neufs !
table des matières
royauté
un beau matin, chez un peuple fort doux, un homme et une femme superbes
criaient sur la place publique. "mes amis, je veux qu'elle soit reine
!" "je veux être reine !" elle riait et tremblait.
il parlait aux amis de révélation, d'épreuve terminée.
ils se pâmaient l'un contre l'autre.
en effet ils furent rois toute une matinée où les tentures
carminées se relevèrent sur les maisons, et toute l'après-midi,
où ils s'avancèrent du côté des jardins de palmes.
table des matières
a une raison
un coup de ton doigt sur le tambour décharge tous les sons et commence
la nouvelle harmonie.
un pas de toi, c'est la levée des nouveaux hommes et leur en-marche.
ta tête se détourne : le nouvel amour !
ta tête se retourne, - le nouvel amour !
"change nos lots, crible les fléaux, à commencer par
le temps", te chantent ces enfants. "elève n'importe où
la substance de nos fortunes et de nos voeux" on t'en prie.
arrivée de toujours, qui t'en iras partout.
table des matières
matinée d'ivresse
o mon bien ! o mon beau ! fanfare atroce où je ne trébuche
point ! chevalet féerique ! hourra pour l'oeuvre inouïe et pour
le corps merveilleux, pour la première fois ! cela commença
sous les rires des enfants, cela finira pas eux. ce poison va rester dans
toutes nos veines même quand, la fanfare tournant, nous serons rendu
à l'ancienne inharmonie. o maintenant, nous si digne de ces
tortures ! rassemblons fervemment cette promesse surhumaine faite à
notre corps et à notre âme créés : cette promesse,
cette
démence ! l'élégance, la science, la violence ! on
nous a promis d'enterrer dans l'ombre l'arbre du bien et du mal, de déporter
les honnêtetés tyranniques, afin que nous amenions notre très
pur amour. cela commença par quelques dégoûts et cela
finit, - ne pouvant nous saisir sur-le-champ de cette éternité,
- cela finit par une débandade de parfums.
rires des enfants, discrétion des esclaves, austérité
des vierges, horreur des figures et des objets d'ici, sacrés soyez-vous
par le souvenir de cette veille. cela commençait par toute la rustrerie,
voici que cela finit par des anges de flamme et de glace.
petite veille d'ivresse, sainte ! quand ce ne serait que pour le masque
dont tu nous as gratifié. nous t'affirmons, méthode ! nous
n'oublions pas que tu as glorifié hier chacun de nos âges.
nous avons foi au poison. nous savons donner notre vie tout entière
tous les jours.
voici le temps des assassins.
table des matières
phrases
quand le monde sera réduit en un seul bois noir pour nos quatre yeux
étonnés, - en une plage pour deux enfants fidèles,
- en une maison musicale pour notre claire sympathie, - je vous trouverai.
qu'il n'y ait ici-bas qu'un vieillard seul, calme et beau, entouré
d'un "luxe inouï", - et je suis à vos genoux.
que j'aie réalisé tous vos souvenirs, - que je sois celle
qui sait vous garrotter, - je vous étoufferai.
***
quand nous somme très forts, - qui recule ? très gais,
qui tombe de ridicule ? quand nous sommes très méchants, que
ferait-on de nous ?
parez-vous, dansez, riez. - je ne pourrai jamais envoyer l'amour par la
fenêtre.
***
- ma camarade, mendiante, enfant monstre ! comme ça t'est égal,
ces malheureuses et ces manoeuvres, et mes embarras. attache-toi à
nous avec ta voix impossible, ta voix ! unique flatteur de ce vil désespoir.
***
une matinée couverte, en juillet. un goût de cendres vole
dans l'air ; - une odeur de bois suant dans l'âtre, - les fleurs rouies,
- le saccage des promenades, - la bruine des canaux par les champs - pourquoi
pas déjà les joujoux et l'encens ?
***
j'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de
fenêtre à fenêtre ; des chaînes d'or d'étoile
à étoile, et je danse.
***
le haut étang fume continuellement. quelle sorcière va
se dresser sur le couchant blanc ? quelles violettes frondaisons vont descendre
?
***
pendant que les fonds publics s'écoulent en fêtes de fraternité,
il sonne une cloche de feu rose dans les nuages.
***
avivant un agréable goût d'encre de chine, une poudre noire
pleut doucement sur ma veillée. - je baisse les feux du lustre, je
me jette sur le lit, et, tourné du côté de l'ombre,
je vous vois, mes filles ! mes reines !
table des matières
ouvriers
o cette chaude matinée de février. le sud inopportun vint
relever nos souvenirs d'indigents absurdes, notre jeune misère.
henrika avait une jupe de coton à carreau blanc et brun, qui a dû
être portée au siècle dernier, un bonnet à rubans,
et un foulard de soie. c'était bien plus triste qu'un deuil. nous
faisions un tour dans la banlieue. le temps était couvert, et ce
vent du sud excitait toutes les vilaines odeurs des jardins ravagés
et des prés desséchés.
cela ne devait pas fatiguer ma femme au même point que moi. dans une
flache laissée par l'inondation du mois précédent à
un sentier assez haut elle me fit remarquer de très petits poissons.
la ville, avec sa fumée et ses bruits de métiers, nous suivait
très loin dans les chemins. o l'autre monde, l'habitation bénie
par le ciel et les ombrages ! le sud me rappelait les misérables
incidents de mon enfance, mes désespoirs d'été, l'horrible
quantité de force et de science que le sort a toujours éloignée
de moi. non ! nous ne passerons pas l'été dans cet avare pays
où nous ne serons jamais que des orphelins fiancés. je veux
que ce bras durci ne traîne plus une chère image.
table des matières
les ponts
des ciels gris de cristal. un bizarre dessin de ponts, ceux-ci droits, ceux-là
bombés, d'autres descendant ou obliquant en angles sur les premiers,
et ces figures se renouvelant dans les autres circuits éclairés
du canal, mais tous tellement longs et légers que les rives chargées
de dômes s'abaissent et s'amoindrissent. quelques-uns de ces ponts
sont encore chargés de masures. d'autres soutiennent des mâts,
des signaux, de frêles parapets. des accords mineurs se croisent,
et filent, des cordes montent des berges. on distingue une veste rouge,
peut-être d'autres costumes et des instruments de musique. sont-ce
des airs populaires, des bouts de concerts seigneuriaux, des restants d'hymnes
publics ? l'eau est grise et bleue, large comme un bras de mer. - un rayon
blanc, tombant du haut du ciel, anéantit cette comédie.
table des matières
ville
je suis un éphémère et point trop mécontent
citoyen d'une métropole crue moderne parce que tout goût connu
a été éludé dans les ameublements et l'extérieur
des maisons aussi bien que dans le plan de la ville. ici vous ne signaleriez
les traces d'aucun monument de superstition. la morale et la langue sont
réduites à leur plus simple expression, enfin ! ces millions
de gens qui n'ont pas besoin de se connaître amènent si pareillement
l'éducation, le métier et la vieillesse, que ce cours de vie
doit être plusieurs fois moins long que ce qu'une statistique folle
trouve pour les peuples du continent. aussi comme, de ma fenêtre,
je vois des spectres nouveaux roulant à travers l'épaisse
et éternelle fumée de charbon, - notre ombre des bois, notre
nuit d'été ! - des erinnyes nouvelles, devant mon cottage
qui est ma patrie et tout mon coeur puisque tout ici ressemble à
ceci, - la mort sans pleurs, notre active fille et servante, et un amour
désespéré, et un joli crime piaulant dans la boue de
la rue.
table des matières
ornières
a droite l'aube d'été éveille les feuilles et les vapeurs
et les bruits de ce coin du parc, et les talus de gauche tiennent dans leur
ombre violette les mille rapides ornières de la route humide. défilé
de féeries. en effet : des chars chargés d'animaux de bois
doré, de mâts et de toiles bariolées, au grand galop
de vingt chevaux de cirque tachetés, et les enfants et les hommes
sur leurs bêtes les plus étonnantes ; - vingt véhicules,
bossés, pavoisés et fleuris comme des carrosses anciens ou
de contes, pleins d'enfants attifés pour une pastorale suburbaine.
même des cercueils sous leur dais de nuit dressant les panaches d'ébène,
filant au trot des grandes juments bleues et noires.
table des matières
villes
ce sont des villes ! c'est un peuple pour qui se sont montés ces
alleghanys et ces libans de rêve ! des chalets de cristal et de bois
qui se meuvent sur des rails et des poulies invisibles. les vieux cratères
ceints de colosses et de palmiers de cuivre rugissent mélodieusement
dans les feux. des fêtes amoureuses sonnent sur les canaux pendus
derrière les chalets. la chasse des carillons crie dans les gorges.
des corporations de chanteurs géants accourent dans des vêtements
et des oriflammes éclatants comme la lumière des cimes. sur
les plates-formes au milieu des gouffres les rolands sonnent leur bravoure.
sur les passerelles de l'abîme et les toits des auberges l'ardeur
du ciel pavoise les mâts. l'écroulement des apothéoses
rejoint les champs des hauteurs où les centauresses séraphiques
évoluent parmi les avalanches. au-dessus du niveau des plus hautes
crêtes une mer troublée par la naissance éternelle de
vénus, chargée de flottes orphéoniques et de la rumeur
des perles et des conques précieuses, - la mer s'assombrit parfois
avec des éclats mortels. sur les versants des moissons de fleurs
grandes comme nos armes et nos coupes, mugissent. des cortèges de
mabs en robes rousses, opalines, montent des ravines. là-haut, les
pieds dans la cascade et les ronces, les cerfs tettent diane. les bacchantes
des banlieues sanglotent et la lune brûle et hurle. vénus entre
dans les cavernes des forgerons et des ermites. des groupes de beffrois
chantent les idées des peuples. des châteaux bâtis en
os sort la musique inconnue. toutes les légendes évoluent
et les élans se ruent dans les bourgs. le paradis des orages s'effondre.
les sauvages dansent sans cesse la fête de la nuit. et une heure je
suis descendu dans le mouvement d'un boulevard de bagdad où des compagnies
ont chanté la joie du travail nouveau, sous une brise épaisse,
circulant sans pouvoir éluder les fabuleux fantômes des monts
où l'on a dû se retrouver.
quels bons bras, quelle belle heure me rendront cette région d'où
viennent mes sommeils et mes moindres mouvements ?
table des matières
vagabonds
pitoyable frère ! que d'atroces veillées je lui dus ! "je
ne me saisissais pas fervemment de cette entreprise. je m'étais joué
de son infirmité. par ma faute nous retournerions en exil, en esclavage."
il me supposait un guignon et une innocence très bizarres, et il
ajoutait des raisons inquiétantes.
je répondais en ricanant à ce satanique docteur, et finissais
par gagner la fenêtre. je créais, par delà la campagne
traversée par des bandes de musique rare, les fantômes du futur
luxe nocturne.
après cette distraction vaguement hygiénique, je m'étendais
sur une paillasse. et, presque chaque nuit, aussitôt endormi, le pauvre
frère se levait, la bouche pourrie, les yeux arrachés, - tel
qu'il se rêvait ! - et me tirait dans la salle en hurlant son songe
de chagrin idiot.
j'avais en effet, en toute sincérité d'esprit, pris l'engagement
de le rendre à son état primitif de fils du soleil, - et nous
errions, nourris du vin des cavernes et du biscuit de la route, moi pressé
de trouver le lieu et la formule.
table des matières
villes: l'acropole officielle...
l'acropole officielle outre les conceptions de la barbarie moderne les plus
colossales. impossible d'exprimer le jour mat produit par le ciel immuablement
gris, l'éclat impérial des bâtisses, et la neige éternelle
du sol. on a reproduit dans un goût d'énormité singulier
toutes les merveilles classiques de l'architecture. j'assiste à des
expositions de peinture dans les locaux vingt fois plus vastes qu'hampton-court.
quelle peinture ! un nabuchodonosor norwégien a fait construire les
escaliers des ministères ; les subalternes que j'ai pu voir sont
déjà plus fiers que des brahmas et j'ai tremblé à
l'aspect de colosses des gardiens et officiers de constructions. par le
groupement des bâtiments en squares, cours et terrasses fermées,
on a évincé les clochers. les parcs représentent la
nature primitive travaillée par un art superbe. le haut quartier
a des parties inexplicables : un bras de mer, sans bateaux, roule sa nappe
de grésil bleu entre des quais chargés de candélabres
géants. un pont court conduit à une poterne immédiatement
sous le dôme de la sainte-chapelle. ce dôme est une armature
d'acier artistique de quinze mille pieds de diamètre environ.
sur quelques points des passerelles de cuivre, des plates-formes, des escaliers
qui contournent les halles et les piliers, j'ai cru pouvoir juger la profondeur
de la ville ! c'est le prodige dont je n'ai pu me rendre compte : quels
sont les niveaux des autres quartiers sur ou sous l'acropole ? pour l'étranger
de notre temps la reconnaissance est impossible. le quartier commerçant
est un circus d'un seul style, avec galeries à arcades. on ne voit
pas de boutiques. mais la neige de la chaussée est écrasée
; quelques nababs aussi rares que les promeneurs d'un matin de dimanche
à londres, se dirigent vers une diligence de diamants. quelques divans
de velours rouge : on sert des boissons polaires dont le prix varie de huit
cents à huit mille roupies. a l'idée de chercher des théâtres
sur ce circus, je me réponds que les boutiques doivent contenir des
drames assez sombres. je pense qu'il y a une police, mais la loi doit être
tellement étrange, que je renonce à me faire une idée
des aventuriers d'ici.
le faubourg aussi élégant qu'une belle rue de paris est favorisé
d'un air de lumière. l'élément démocratique
compte quelque cent âmes. là encore les maisons ne se suivent
pas ; le faubourg se perd bizarrement dans la campagne, le "comté"
qui remplit l'occident éternel des forêts et des plantations
prodigieuses où les gentilshommes sauvages chassent leurs chroniques
sous la lumière qu'on a créée.
table des matières
veillées
i
c'est le repos éclairé, ni fièvre ni langueur, sur
le lit ou sur le pré.
c'est l'ami ni ardent ni faible. l'ami.
c'est l'aimée ni tourmentante ni tourmentée. l'aimée.
l'air et le monde point cherchés. la vie.
- etait-ce donc ceci ?
- et le rêve fraîchit.
ii
l'éclairage revient à l'arbre de bâtisse. des deux extrémités
de la salle, décors quelconques, des élévations harmoniques
se joignent. la muraille en face du veilleur est une succession psychologique
de coupes de frises, de bandes atmosphériques et d'accidences géologiques.
- rêve intense et rapide de groupes sentimentaux avec des êtres
de tous les caractères parmi toutes les apparences.
iii
les lampes et les tapis de la veillée font le bruit des vagues, la
nuit, le long de la coque et autour du steerage.
la mer de la veillée, telle que les seins d'amélie.
les tapisseries, jusqu'à mi-hauteur, des taillis de dentelle, teinte
d'émeraude, où se jettent les tourterelles de la veillée.
....
la plaque du foyer noir, de réels soleils des grèves : ah
! puits des magies ; seule vue d'aurore, cette fois.
table des matières
mystique
sur la pente du talus les anges tournent leurs robes de laine dans les herbages
d'acier et d'émeraude.
des prés de flammes bondissent jusqu'au sommet du mamelon. a gauche
le terreau de l'arête est piétiné par tous les homicides
et toutes les batailles, et tous les bruits désastreux filent leur
courbe. derrière l'arête de droite la ligne des orients, des
progrès.
et tandis que la bande en haut du tableau est formée de la rumeur
tournante et bondissante des conques des mers et des nuits humaines.
la douceur fleurie des étoiles et du ciel et du reste descend en
face du talus comme un panier, contre notre face, et fait l'abîme
fleurant et bleu là-dessous.
table des matières
aube
j'ai embrassé l'aube d'été.
rien ne bougeait encore au front des palais. l'eau était morte. les
camps d'ombres ne quittaient pas la route du bois. j'ai marché, réveillant
les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent,
et les ailes se levèrent sans bruit.
la première entreprise fut, dans le sentier déjà empli
de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.
je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins
: à la cime argentée je reconnus la déesse.
alors je levai un à un les voiles. dans l'allée, en agitant
les bras. par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq.
a la grand'ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant
comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.
en haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée
avec ses voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps.
l'aube et l'enfant tombèrent au bas du bois.
au réveil il était midi.
table des matières
fleurs
d'un gradin d'or, - parmi les cordons de soie, les gazes grises, les velours
verts et les disques de cristal qui noircissent comme du bronze au soleil,
- je vois la digitale s'ouvrir sur un tapis de filigranes d'argent, d'yeux
et de chevelures.
des pièces d'or jaune semées sur l'agate, des piliers d'acajou
supportant un dôme d'émeraudes, des bouquets de satin blanc
et de fines verges de rubis entourent la rose d'eau.
tels qu'un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la
mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes
roses.
table des matières
nocturne vulgaire
un souffle ouvre des brèches opéradiques dans les cloisons,
- brouille le pivotement des toits rongés, - disperse les limites
des foyers, - éclipse les croisées. - le long de la vigne,
m'étant appuyé du pied à une gargouille, - je suis
descendu dans ce carrosse dont l'époque est assez indiquée
par les glaces convexes, les panneaux bombés et les sophas contournés
- corbillard de mon sommeil, isolé, maison de berger de ma niaiserie,
le véhicule vire sur le gazon de la grande route effacée ;
et dans un défaut en haut de la glace de droite tournoient les blêmes
figures lunaires, feuilles, seins. - un vert et un bleu très foncés
envahissent l'image. dételage aux environs d'une tache de gravier.
- ici, va-t-on siffler pour l'orage, et les sodomes, - et les solymes, -
et les bêtes féroces et les armées, - (postillon et
bêtes de songe reprendront-ils sous les plus suffocantes futaies,
pour m'enfoncer jusqu'aux yeux dans la source de soie).
- et nous envoyer, fouettés à travers les eaux clapotantes
et les boissons répandues, rouler sur l'aboi des dogues...
- un souffle disperse les limites du foyer.
table des matières
marine
les chars d'argent et de cuivre -
les proues d'acier et d'argent -
battent l'écume, -
soulèvent les souches des ronces -
les courants de la lande,
et les ornières immenses du reflux,
filent circulairement vers l'est,
vers les piliers de la forêt, -
vers les fûts de la jetée,
dont l'angle est heurté par des
tourbillons de lumière.
table des matières
fête d'hiver
la cascade sonne derrière les huttes d'opéra-comique. des
girandoles prolongent, dans les vergers et les allées voisins du
méandre, - les verts et les rouges du couchant. nymphes d'horace
coiffées au premier empire, - rondes sibériennes, chinoises
de boucher.
table des matières
angoisse
se peut-il qu'elle me fasse pardonner les ambitions continuellement écrasées,
- qu'une fin aisée répare les âges d'indigence, - qu'un
jour de succès nous endorme sur la honte de notre inhabileté
fatale.
( o palmes ! diamant ! - amour, force ! - plus haut que toutes joies et
gloires ! - de toutes façons, partout, - démon, dieu, - jeunesse
de cet être-ci ; moi ! )
que des accidents de féerie scientifique et des mouvements de fraternité
sociale soient chéris comme restitution progressive de la franchises
première ?...
mais la vampire qui nous rend gentils commande que nous nous amusions avec
ce qu'elle nous laisse, ou qu'autrement nous soyons plus drôles.
rouler aux blessures, par l'air lassant et la mer : aux supplices, par le
silence des eaux et de l'air meurtriers ; aux tortures qui rient, dans leur
silence atrocement houleux.
table des matières
métropolitain
du détroit d'indigo aux mers d'ossian, sur le sable rose et orange
qu'a lavé le ciel vineux viennent de monter et de se croiser des
boulevards de cristal habités incontinent par de jeunes famille pauvres
qui s'alimentent chez les fruitiers. rien de riche. - la ville !
du désert de bitume fuient droit en déroute avec les nappes
de brumes échelonnées en bandes affreuses au ciel qui se recourbe,
se recule et descend, formé de la plus sinistre fumée noire
qui puisse faire l'océan en deuil, les casques, les roues, les barques,
les croupes. - la bataille !
lève la tête : ce pont de bois, arqué ; les derniers
potagers de samarie ; ces masques enluminés sous la lanterne fouettée
par la nuit froide ; l'ondine niaise à la robe bruyante, au bas de
la rivière : les crânes lumineux dans les plants de pois -
et les autres fantasmagories - la campagne.
des routes bordées de grilles et de murs, contenant à peine
leurs bosquets, et les atroces fleurs qu'on appellerait coeurs et soeurs,
damas damnant de longueur, - possessions de féeriques aristocraties
ultra-rhénanes, japonaises, guaranies, propres encore à recevoir
la musique des anciens - et il y a des auberges qui pour toujours n'ouvrent
déjà plus - il y a des princesses, et si tu n'es pas trop
accablé, l'étude des astres - le ciel.
le matin où avec elle, vous vous débattîtes parmi les
éclats de neige, les lèvres vertes, les glaces, les drapeaux
noirs et les rayons bleus, et les parfums pourpres du soleil des pôles,
- ta force.
table des matières
barbare
bien après les jours et les saisons, et les êtres et les pays,
le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques
; (elles n'existent pas. )
remis des vieilles fanfares d'héroïsme - qui nous attaquent
encore le coeur et la tête - loin des anciens assassins -
oh ! le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs
arctiques : (elles n'existent pas)
douceurs !
les brasiers, pleuvant aux rafales de givre, - douceurs ! - les feux à
la pluie du vent de diamants jetée par le coeur terrestre éternellement
carbonisé pour nous. - o monde ! -
(loin des vieilles retraites et des vieilles flammes, qu'on entend, qu'on
sent,)
les brasiers et les écumes. la musique, virement des gouffres et
choc des glaçons aux astres.
o douceurs, ô monde, ô musique ! et là, les formes, les
sueurs, les chevelures et les yeux, flottant. et les larmes blanches, bouillantes,
- ô douceurs ! - et la voix féminine arrivée au fond
des volcans et des grottes arctiques.
le pavillon...
table des matières
solde
a vendre ce que les juifs n'ont pas vendu, ce que noblesse ni crime n'ont
goûté, ce qu'ignorent l'amour maudit et la probité infernale
des masses : ce que le temps ni la science n'ont pas à reconnaître
:
les voix reconstituées ; l'éveil fraternel de toutes les énergies
chorales et orchestrales et leurs applications instantanées ; l'occasion,
unique, de dégager nos sens !
a vendre les corps sans prix, hors de toute race, de tout monde, de tout
sexe, de toute descendance ! les richesses jaillissant à chaque démarche
! solde de diamants sans contrôle !
a vendre l'anarchie pour les masses ; la satisfaction irrépressible
pour les amateurs supérieurs ; la mort atroce pour les fidèles
et les amants !
a vendre les habitations et les migrations, sports, féeries et comforts
parfaits, et le bruit, le mouvement et l'avenir qu'ils font !
a vendre les applications de calcul et les sauts d'harmonie inouïs.
les trouvailles et les termes non soupçonnés, possession immédiate,
elan insensé et infini aux splendeurs invisibles, aux délices
insensibles, - et ses secrets affolants pour chaque vice - et sa gaîté
effrayante pour la foule -
a vendre les corps, les voix, l'immense opulence inquestionable, ce qu'on
ne vendra jamais. les vendeurs ne sont pas à bout de solde ! les
voyageurs n'ont pas à rendre leur commission de si
tôt !
table des matières
fairy
pour hélène se conjurèrent les sèves ornamentales
dans les ombres vierges et les clartés impassibles dans le silence
astral. l'ardeur de l'été fut confiée à des
oiseaux muets et l'indolence requise à une barque de deuils sans
prix par des anses d'amours morts et de parfums affaissés.
- après le moment de l'air des bûcheronnes à la rumeur
du torrent sous la ruine des bois, de la sonnerie des bestiaux à
l'écho des vals, et des cris des steppes. -
pour l'enfance d'hélène frissonnèrent les fourrures
et les ombres - et le sein des pauvres, et les légendes du ciel.
et ses yeux et sa danse supérieurs encore aux éclats précieux,
aux influences froides, au plaisir du décor et de l'heure uniques.
table des matières
guerre
enfant, certains ciels ont affiné mon optique : tous les caractères
nuancèrent ma physionomie. les phénomènes s'émurent.
- a présent, l'inflexion éternelle des moments et l'infini
des mathématiques me chassent par ce monde où je subis tous
les succès civils, respecté de l'enfance étrange et
des affections énormes. - je songe à une guerre de droit ou
de force, de logique bien imprévue.
c'est aussi simple qu'une phrase musicale.
table des matières
jeunesse
i
dimanche
les calculs de côté, l'inévitable descente du ciel et
la visite des souvenirs et la séance des rythmes occupent la demeure,
la tête et le monde de l'esprit.
- un cheval détale sur le turf suburbain, et le long des cultures
et des boisements, percé par la peste carbonique. une misérable
femme de drame, quelque part dans le monde, soupire après des abandons
improbables. les desperadoes languissent après l'orage, l'ivresse
et les blessures. de petits enfants étouffent des malédictions
le long des rivières. -
reprenons l'étude au bruit de l'oeuvre dévorante qui se rassemble
et remonte dans les masses.
ii
sonnet
homme de constitution ordinaire, la chair
n'était-elle pas un fruit pendu dans le verger ; - ô
journées enfantes ! - le corps un trésor à prodiguer
; - ô
aimer, le péril ou la force de psyché ? la terre
avait des versants fertiles en princes et en artistes
et la descendance et la race vous poussaient aux
crimes et aux deuils : le monde votre fortune et votre
péril. mais à présent, ce labeur comblé, - toi,
tes calculs,
- toi, tes impatiences - ne sont plus que votre danse et
votre voix, non fixées et point forcées, quoique d'un double
événement d'invention et de succès + une raison,
- en l'humanité fraternelle et discrète par l'univers,
sans images ; - la force et le droit réfléchissent la
danse et la voix à présent seulement appréciées.
iii
vingt ans
les voix instructives exilées... l'ingénuité physique
amèrement rassise... - adagio - ah! l'égoïsme infini
de l'adolescence, l'optimisme studieux : que le monde était plein
de fleurs cet
été ! les airs et les formes mourant... - un choeur, pour
calmer l'impuissance et l'absence ! un choeur de verres, de mélodies
nocturnes... en effet les nerfs vont vite chasser.
iv
tu es encore à la tentation d'antoine. l'ébat du zèle
écourté, les tics d'orgueil puéril, l'affaissement
et l'effroi.
mais tu te mettras à ce travail : toutes les possibilités
harmoniques et architecturales s'émouvront autour de ton siège.
des êtres parfaits, imprévus, s'offriront à tes expériences.
dans tes environs affluera rêveusement la curiosité d'anciennes
foules et de luxes oisifs. ta mémoire et tes sens ne seront que la
nourriture de ton impulsion créatrice. quant au monde, quand tu sortiras,
que sera-t-il devenu ? en tout cas, rien des apparences actuelles.
table des matières
promontoire
l'aube d'or et la soirée frissonnante trouvent notre brick en large
en face de cette villa et de ses dépendances, qui forment un promontoire
aussi étendu que l'epire et le péloponnèse, ou que
la grande île du japon, ou que l'arabie ! des fanums qu'éclaire
la rentrée des théories, d'immenses vues de la défense
des côtes modernes ; des dunes illustrées de chaudes fleurs
et de bacchanales ; de grands canaux de carthage et des embankments d'une
venise louche ; de molles éruptions d'etnas et des crevasses de fleurs
et d'eaux des glaciers ; des lavoirs entourés de peupliers d'allemagne
; des talus de parcs singuliers pendant des têtes d'arbre du japon
; les façades circulaires des "royal" ou des "grand"
de scarbro ou de brooklyn ; et leurs railways flanquent, creusent, surplombent
les dispositions de cet hôtel, choisies dans l'histoire des plus élégantes
et des plus colossales constructions de l'italie, de l'amérique et
de l'asie, dont les fenêtres et les terrasses à présent
pleines d'éclairages, de boissons et de brises riches, sont ouvertes
à l'esprit des voyageurs et des nobles - qui permettent, aux heures
du jour, à toutes les tarentelles des côtes, - et même
aux ritournelles des vallées illustres de l'art, de décorer
merveilleusement les façades du palais-promontoire.
table des matières
scènes
l'ancienne comédie poursuit ses accords et divise ses idylles :
des boulevards de tréteaux.
un long pier en bois d'un bout à l'autre d'un champ rocailleux où
la foule barbare évolue sous les arbres dépouillés.
dans des corridors de gaze noire suivant le pas des promeneurs aux lanternes
et aux feuilles.
des oiseaux de mystères s'abattent sur un ponton de maçonnerie
mû par l'archipel couvert des embarcations des spectateurs.
des scène lyriques accompagnées de flûte et de tambour
s'inclinent dans des réduits ménagés sous les plafonds,
autour des salons de clubs modernes ou des salles de l'orient ancien.
la féerie manoeuvre au sommet d'un amphithéâtre couronné
par les taillis, - ou s'agite et module pour les béotiens, dans l'ombre
des futaies mouvantes sur l'arête des cultures.
l'opéra-comique se divise sur une scène à l'arête
d'intersection de dix cloisons dressées de la galerie aux feux.
table des matières
soir historique
en quelque soir, par exemple, que se trouve le touriste naïf, retiré
de nos horreurs économiques, la main d'un maître anime le clavecin
des prés ; on joue aux cartes au fond de l'étang, miroir évocateur
des reines et des mignonnes, on a les saintes, les voiles, et les fils d'harmonie,
et les chromatismes légendaires, sur le couchant.
il frissonne au passage des chasses et des hordes. la comédie goûte
sur les tréteaux de gazon. et l'embarras des pauvres et des faibles
sur ces plans stupides !
a sa vision esclave, - l'allemagne s'échafaude vers des lunes ; les
déserts tartares s'éclairent - les révoltes anciennes
grouillent dans le centre du céleste empire ; par les escaliers et
les fauteuils de rois, un petit monde blême et plat, afrique et occidents,
va s'édifier. puis un ballet de mers et de nuits connues, une chimie
sans valeur, et des mélodies impossibles.
la même magie bourgeoise à tous les points où la malle
nous déposera ! le plus élémentaire physicien sent
qu'il n'est plus possible de se soumettre à cette atmosphère
personnelle, brume de remords physiques, dont la constatation est déjà
une affliction.
non ! - le moment de l'étuve, des mers enlevées, des embrasements
souterrains, de la planète emportée, et des exterminations
conséquentes, certitudes si peu malignement indiquées dans
la bible et par les nornes et qu'il sera donné à l'être
sérieux de surveiller. - cependant ce ne sera point un effet de légende
!
table des matières
bottom
la réalité étant trop épineuse pour mon grand
caractère, - je me trouvai néanmoins chez ma dame, en gros
oiseau gris bleu s'essorant vers les moulures du plafond et traînant
l'aile dans les ombres de la soirée.
je fus, au pied du baldaquin supportant ses bijoux adorés et ses
chefs-d'oeuvre physiques, un gros ours aux gencives violettes et au poil
chenu de chagrin, les yeux aux cristaux et aux argents des consoles.
tout se fait ombre et aquarium ardent.
au matin, - aube de juin batailleuse, - je courus aux champs, âne,
claironnant et brandissant mon grief, jusqu'à ce que les sabines
de la banlieue vinrent se jeter à mon poitrail.
table des matières
h
toutes les monstruosités violent les gestes atroces d'hortense. sa
solitude est la mécanique érotique, sa lassitude, la dynamique
amoureuse. sous la surveillance d'une enfance elle a été,
à des époques nombreuses, l'ardente hygiène des races.
sa porte est ouverte à la misère. là, la moralité
des êtres actuels se décorpore en sa passion ou en son action.
- o terrible frisson des amours novices, sur le sol sanglant et par l'hydrogène
clarteux ! trouvez hortense.
table des matières
mouvement
le mouvement de lacet sur la berge des chutes du fleuve,
le gouffre à l'étambot,
la célérité de la rampe,
l'énorme passade du courant
mènent par les lumières inouïes
et la nouveauté chimique
les voyageurs entourés des trombes du val
et du strom.
ce sont les conquérants du monde
cherchant la fortune chimique personnelle ;
le sport et le comfort voyagent avec eux ;
ils emmènent l'éducation
des races, des classes et des bêtes, sur ce vaisseau
repos et vertige
a la lumière diluvienne,
aux terribles soirs d'étude.
car de la causerie parmi les appareils, - le sang, les fleurs, le feu, les
bijoux -
des comptes agités à ce bord fuyard,
- on voit, roulant comme une digue au-delà de la route hydraulique
motrice,
monstrueux, s'éclairant sans fin, - leur stock d'études ;
-
eux chassés dans l'extase harmonique,
et l'héroïsme de la découverte.
aux accidents atmosphériques les plus surprenants
un couple de jeunesse s'isole sur l'arche,
- est-ce ancienne sauvagerie qu'on pardonne ? -
et chante et se poste.
table des matières
dévotion
a ma soeur louise vanaen de voringhem : - sa cornette bleue tournée
à la mer du nord. - pour les naufragés.
a ma soeur léonie aubois d'ashby. baou. - l'herbe d'été
bourdonnante et puante. - pour la fièvre des mères et des
enfants.
a lulu, - démon - qui a conservé un goût pour les oratoires
du temps des amies et de son éducation incomplète. pour les
hommes ! a madame***.
a l'adolescent que je fus. a ce saint vieillard, ermitage ou mission.
a l'esprit des pauvres. et à un très haut clergé.
aussi bien à tout culte en telle place de culte mémoriale
et parmi tels événements qu'il faille se rendre, suivant les
aspirations du moment ou bien notre propre vice sérieux.
ce soir à circeto des hautes glaces, grasse comme le poisson, et
enluminée comme les dix mois de la nuit rouge, - (son coeur ambre
et spunk), - pour ma seule prière muette comme ces régions
de nuit et précédant des bravoures plus violentes que ce chaos
polaire.
a tout prix et avec tous les airs, même dans les voyages métaphysiques.
- mais plus alors.
table des matières
démocratie
"le drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le
tambour.
"aux centres nous alimenterons la plus cynique prostitution. nous massacrerons
les révoltes logiques.
"aux pays poivrés et détrempés ! - au service
des plus monstrueuses exploitations industrielles ou militaires.
"au revoir ici, n'importe où. conscrits du bon vouloir, nous
aurons la philosophie féroce ; ignorants pour la science, roués
pour le confort ; la crevaison pour le monde qui va. c'est la vraie marche.
en avant, route !"
table des matières
génie
il est l'affection et le présent puisqu'il a fait la maison ouverte
à l'hiver écumeux et à la rumeur de l'été,
lui qui a purifié les boissons et les aliments, lui qui est le charme
des lieux fuyants et le délice surhumain des stations. il est l'affection
et l'avenir, la force et l'amour que nous, debout dans les rages et les
ennuis, nous voyons passer dans le ciel de tempête et les drapeaux
d'extase.
il est l'amour, mesure parfaite et réinventée, raison merveilleuses
et imprévue, et l'éternité : machine aimée des
qualités fatales. nous avons tous eu l'épouvante de sa concession
et de la nôtre : ô jouissance de notre santé, élan
de nos facultés, affection égoïste et passion pour lui,
lui qui nous aime pour sa vie infinie...
et nous nous le rappelons et il voyage... et si l'adoration s'en va, sonne,
sa promesse sonne : "arrière ces superstitions, ces anciens
corps, ces ménages et ces âges. c'est cette époque-ci
qui a sombré !"
il ne s'en ira pas, il ne redescendra pas d'un ciel, il n'accomplira pas
la rédemption des colères de femmes et des gaîtés
des hommes et de tout ce pêché : car c'est fait, lui étant,
et étant aimé.
o ses souffles, ses têtes, ses courses ; la terrible célérité
de la perfection des formes et de l'action.
o fécondité de l'esprit et immensité de l'univers !
son corps ! le dégagement rêvé, le brisement de la grâce
croisée de violence nouvelle !
sa vue, sa vue ! tous les agenouillages anciens et les peines relevés
à sa suite.
son jour ! l'abolition de toutes souffrances sonores et mouvantes dans la
musique plus intense.
son pas ! les migrations plus énormes que les anciennes invasions.
o lui et nous ! l'orgueil plus bienveillant que les charités perdues.
o monde ! et le chant clair des malheurs nouveaux !
il nous a connus tous et nous a tous aimés. sachons, cette nuit d'hiver,
de cap en cap, du pôle tumultueux au château, de la foule à
la plage, de regards en regards, forces et sentiments las, le héler
et le voir, et le renvoyer, et sous les marées et au haut des déserts
de neige, suivre ses vues, ses souffles, son corps, son jour.
table des matières
Acceuil
suivante
LES ILLUMINATIONS Illuminations - Arléa Les Illuminations de Noël Photo: TIF - Illuminations Photo: TIF - Illuminations Tarbes. 26 000 € pour les illuminations Montauban. Les illuminations seront couleurs ambre et fuchsia Vente Illuminations de Noël - Vivement Noël - Willemse France ILLUMINATIONS (A. Rimbaud) - Encyclopédie Universalis Paris illuminations La prestation d’illuminations D Date limite conseillée : octobre N "Cahier technique : Comment réussir les illuminations de ... Illuminations, An International Magazine of Contemporary Writing Illuminations walsall-lights.com: Walsall's Spectacular Illuminations 2007 Illuminations (festival) - Wikipedia, the free encyclopedia Illuminations (poems) - Wikipedia, the free encyclopedia Hubert Thézé PYROTECHNIE - illuminations - sfx Poèmes: une saison en enfer ; illuminations - Résultats Google Recherche de Livres Metro - Les illuminations des Champs-Elysées seront économes en ... ILLUMINATIONS <I>Illuminations (A.Q.)</I>. SONOLUX Sonorisation - Eclairage - Illuminations Illuminations Amazon.com: Illuminations: Essays and Reflections: Books: Walter ... Amazon.fr : Illuminations: Musique: Carlos Santana & Alice Coltrane Amazon.fr : Rimbaud : Poésies - Une saison en enfer ... Les illuminations de la Tour Eiffel Visit Blackpool.com - Home Visit Blackpool.com - Blackpool Illuminations Illuminations Lighting Solutions Illuminations de Noël OFFICE DE TOURISME - VILLE DE LAVAL Caen.maville.com - Illuminations : décoration indispensable ou ... [[ FLASH ILLUMINATIONS - Flash MX, Swift 3D, one kick-ass Designer ... MonPuteaux.com (Puteaux 92800): Les illuminations de Noël 2007 à ... MonPuteaux.com (Puteaux 92800): Illuminations de Noël ... Lyon fête le 8 décembre : 4 jours de fééries - Lyon et Rhône Alpes ... UNIGE - Unité d'arménien - Exposition "Illuminations d'Arménie ... Grasse.maville.com - Grasse - Illuminations de Noël : féerie ou ... METZ Congrès : Metz for illuminations Illuminations photographiques : Illuminando vidas - Mozambique ... acrimed Les illuminations de quelques penseurs eBay.be: ILLUMINATIONS DE NOEL jeux de lumieres (120ampoules ... Culture.fr: Illuminations Menton.maville.com - Menton : Les Champs Elysées copient nos ... illuminations d'Arménie - Expositions temporaires - Musée ... "un week-end au Château de Chenonceau" - Arbres et illuminations Bienvenue à Parishotels.com: Illuminations Bienvenue à Parishotels.com: Croisière Et Illuminations Illuminations Falgas Illuminations - concepteur lumière sonorisation Midi ... Illuminations de noel SIG : Illuminations - SIG Lumière Virtual Blackpool: Blackpool Illuminations Illuminations polaires à Laval / À la une / API / IPEV - Année ... Illuminations de Lyon en vidéo : L’événement à ne pas manquer Brest ouVert - Concours d’illuminations de Noël : gaspillage et ... :// Mohamed Kacimi - Beyrouth-Illuminations Illuminations, Sollers, Philippe, Gallimard - Livres en français ... Seth Adam Whidden - De la lettre a l'esprit: pour lire ...